Ce dimanche 14 juillet 2024, les finales de l’Euro et de la Copa America ont captivé l’attention de millions de fans de football à travers le monde, y compris le Burundi. Si le ballon rond apporte souvent joie et passion, il peut aussi entraîner des comportements destructeurs chez certaines personnes : les paris. Trois jeunes gens ont accepté de témoigner.
A première vue, c’est juste pour s’amuser entre copains mais les paris sportifs deviennent vite une véritable habitude et mènent droit à l’addiction pour certains jeunes avec des conséquences financières et psychologiques graves. Trois jeunes, Chris, James et Cédric racontent leur descente aux enfers. Un récit bouleversant sur leur dépendance aux paris sportifs.
Chris, un passionné de football, a vu sa vie basculer à cause des paris sportifs. « 1xbet est devenu comme une drogue pour moi. Tout l’argent que je gagne, je le mise pour tenter de gagner plus. Malheureusement, je gagne peu et je perds beaucoup. L’année dernière, j’ai perdu plus de 300.000 FBU dans les paris sportifs, d’autres misent des millions. À chaque fois que je perdais à cause d’un seul match, je revenais le lendemain en me disant que cette fois-ci, ça serait la bonne, mais c’était toujours la même chose. » Selon ce jeune homme, les pertes répétées ont engendré un cercle vicieux et c’était difficile de s’en sortir.
Pour James, les paris sportifs ont transformé sa passion pour le football en une source constante de stress. « Je fais des paris sportifs depuis plus de trois ans. Avant, j’éprouvais du plaisir en regardant du football, mais quand j’ai commencé à parier, je suis toujours en alerte. Un jour, j’ai failli faire une crise cardiaque quand j’ai perdu 5 millions de FBU à cause de la défaite du FC Barcelone. C’était un ticket de 20 matchs et seule Barcelone a perdu. J’ai passé plus de trois jours dans un état de démence. En fait, dans ma tête, cet argent était déjà à moi, donc le perdre m’a brisé le cœur ».
James ajoute qu’il n’arrive pas à se débarrasser de cette habitude, à s’extirper de cette addiction : « Quand je perds, je suis fâché et furieux, mais à chaque fois, je me dis que la prochaine fois je gagnerai, mais c’est toujours le contraire, j’accumule des échecs et c’est de l’argent perdu ».
Cédric, un jeune débrouillard passionné de football, se trouve dans une situation désespérée à cause de son addiction aux paris sportifs. « Depuis le début de cet Euro et de la Copa America, j’ai déjà perdu plus de 10.000 FBU. La dernière fois, c’était l’Allemagne contre l’Espagne et le Brésil contre l’Uruguay qui ont bousillé mon ticket. J’étais à deux doigts de gagner trois millions et je n’y peux rien. À chaque fois, je me dis que je vais abandonner, mais il suffit que je regarde les matchs et je replonge et je fais un pari ».
Cédric raconte également une anecdote poignante : « Un jour, j’ai demandé à un ami de m’avancer 800.000 FBU pour faire un pari. C’était un match de Manchester City contre Manchester United, j’ai misé sur City et ils ont perdu. Franchement, je suis toujours endetté et je n’arrive pas à faire des économies ».
Les témoignages de Chris, James et Cédric mettent en lumière une problématique croissante liée aux paris sportifs. La quête de gains rapides pousse ces jeunes à prendre des risques financiers considérables, souvent au détriment de leur bien-être mental et de leur stabilité.
Une mère de famille qui se dit au bord de la dépression a accepté de témoigner. « Je ne sais pas ce que je compte faire de mon fils, il devenu accro aux paris sportifs, il n’y a que ces jeux qui sont dans sa tête, il a abandonné l’école, il passe tout son temps dans des petites salles pour regarder les matchs et parier ».
Quand, il gagne un peu d’argent, raconte cette mère désespérée, la somme est misée en totalité. « Je crois qu’il risque de commencer à commettre de petits vols pour avoir l’argent à parier. Il ne m’écoute même plus. Tous les espoirs que j’avais placé en lui, se sont volatilisés ».
Lors du conseil des ministres du 26 juin 2024, la ministre du Commerce, de l’Industrie, du Transport et du Tourisme a présenté un projet de décret régissant les jeux de hasard, les loteries et les concours de pronostics au Burundi.
Cette initiative gouvernementale représente un pas crucial vers la régulation et le contrôle des jeux de hasard au Burundi. Sur terrain, les opérateurs dans l’industrie des jeux du hasard profitent encore du manque de rigueur dans ce secteur, une tâche confiée à la Lona, la Loterie nationale au Burundi, un organe de l’Etat chargé de réguler les preneurs de paris ou bookmakers.