L’Arabie saoudite a suspendu, mercredi 4 mars, le petit pèlerinage dans les lieux saints de l’islam pour prévenir la propagation du nouveau coronavirus. Ni les Saoudiens ni les ressortissants d’une terre où la croyance en Dieu est gravée dans le marbre de la loi ne se sont contentés de remettre leur destin entre les mains du Très-Haut face au Coronavirus.
Dimanche 8 mars, le pape François a prononcé, depuis sa bibliothèque, sa traditionnelle prière de l’Angélus, retransmise en direct par vidéo, et non depuis sa fenêtre surplombant la place Saint-Pierre à Rome. Par cette décision, le Vatican a souhaité « éviter les risques de diffusion » du Covid-19.
Quid de l’attitude des dirigeants politiques et leaders religieux du pays des mille et une collines où le Dieu unique en trois personnes figure dans le préambule de la Constitution du 7 juin 2018? La Communauté Islamique du Burundi (COMIBU) s’est fendue d’un communiqué, lundi 16 mars, recommandant aux Burundais de respecter les consignes sanitaires édictées par le ministère de la Santé publique. Son leader a aussi appelé les responsables des mosquées à organiser des prières pour implorer l’intervention d’Allah le Clément, le Miséricordieux.
Quand une croyance religieuse n’entre pas en concurrence avec une connaissance, le ministère de la Santé publique a les coudées franches pour jouer pleinement son rôle de fer de lance dans la prévention contre cette pandémie. Dimanche 15 mars, son titulaire a présidé une réunion d’urgence pour la préparation de la riposte contre le Covid-19. Le lendemain, il a dressé l’état des lieux de la prévention contre cette pandémie.
Quand la science se cantonnant dans sa sphère de compétence sape les dogmes d’une des trois religions révélées, elle est superbement ignorée, mise en mode veille. Car elle dérange, oblige à sortir de sa zone de confort où la ‘’certitude du salut’’ ou l’espérance règne en maître. Le judaïsme, le christianisme ou l’islam, le cas échéant, rogne ainsi la circonférence du champ d’action dans lequel est censé opérer l’esprit critique.
La science a établi que l’Homme est apparu dans l’univers à l’issue d’un processus historique beaucoup plus long que sa propre présence sur Terre. Mais la croyance en une création de l’Homme reste indéboulonnable chez les croyants. Elle prétend avoir le dernier mot par la capacité des fidèles à s’investir dans sa défense au point de rendre inaudible tout autre son de cloche. Or, « on mesure un savoir à sa validité et non pas à son origine », nous enseigne le philosophe arabe médiéval Averroès.
L’idée de l’Homme comme résultat d’une évolution est alors réduite à une simple croyance. Et pour cause, cette connaissance, qui s’impose à nous, distille un poison mortel dans le cœur du sacré, faisant voler en éclats deux attributs divins, l’omnipotence et l’omniscience.
« Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus Christ », annonce Galates 3, 28. Face à cette pandémie du Covid-19, il n’y a plus ni chrétiens ni musulmans, il n’y a plus ni athées ni agnostiques, car le bon sens devient la chose la mieux partagée quand l’instinct de survie s’en mêle.
Guibert Mbonimpa