Aveugle de naissance, ce musicien est natif de Ngozi. Il a évolué à Gitega où il a été aux côtés des fondateurs du groupe de malvoyants, Peace & Love. Son public considère déjà que sa carrière est prometteuse. Sa musique est d’inspiration traditionnelle.
<doc6005|left>A 28 ans, Fabrice Sentamba reste peu connu. Pourtant, ses chansons mélodieuses sont appréciées, sa voix de velours rappelle celle de Vianney du groupe Peace & Love. A Ngozi, cet artiste se révèle comme une nouvelle étoile montante dans le monde de la musique burundaise.
Son tube, {Haramera}-(Ma terre est fertile), enregistré à Ngozi dans le studio ’’Holly Melody’’ cartonne dans les provinces du nord. Dans cette chanson, le musicien fait preuve d’une composition méticuleuse et profonde. Une nouvelle star est en train de voir le jour.
« Je m’inspire de notre culture dans mes compositions. La tradition burundaise est le seul terrain sur lequel les artistes burundais restent imbattables », explique Sentamba. Pour lui, le reste n’est qu’imitation vulgaire, singerie.
Au delà de la musique, une histoire
Selon lui, on ne peut pas se permettre de chanter … juste pour chanter. Haramera, par exemple, est une histoire d’un refugié qui désire ardemment regagner sa terre natale et qui se dit : « Iwacu haramera » (chez nous, la terre est fertile).
Des fois, la compréhension du message intégral du chanteur exige de rassembler les pièces du puzzle en écoutant d’autres morceaux. La chanson, Hobe (mot affectueux accompagnant les accolades) parle de quelqu’un qui retrouve les siens après plusieurs années de séparation. Donc, une suite de Haramera.
Son ascension …
Un scenario à la Peace and Love. Fabrice Sentamba, benjamin d’une famille de huit enfants, est mal voyant depuis sa naissance en 1984. Il souffre de la cataracte et devra attendre ses cinq ans, l’âge où il commence sa première année primaire, pour être opéré. Mais sa faible vision se va de mal en pis.
En troisième année, il est transféré à l’école artisanale des malvoyants : Ecole Rumuri de Gitega. Son histoire commence. Il y rencontre Bosco et Vianney qui formeront plus tard le groupe Peace & Love. Ils apprennent ensemble à jouer de la musique : « Pendant la recréation, les autres jouaient au foot, et nous, nous prenions les guitares », se rappelle Sentamba. Des shows sont organisés dans la plupart des écoles secondaires de Gitega.
En 2004, Sentamba sort son premier single, Ese Uburundi bwokwogorora (Si le Burundi pouvait s’en sortir). Cette chanson lui permet de remonter d’être remarqué. En 2005, il rentre à Ngozi, au même moment Bosco et Vianney de Peace & Love, encore balbutiant, regagnent Ruyigi où ils sont accueillis par la maison Shalom de Maggy Barankitse.
Fabrice Sentamba n’aura pas la chance d’être sponsorisé et lancé par cette dame au grand cœur comme ses amis. « Je viens de passer des années sans manager, sans appui pour mon travail. S’il n’y avait pas ce studio pour lequel je travaille et qui m’aide en retour dans mes productions, j’aurais déjà arrêté de chanter, faute de moyens », déplore-t-il.
D’après lui, les médias n’arrangent pas non plus les choses : « Plusieurs radios possèdent mes chansons mais elles ne les diffusent que rarement et je reste méconnu. Leur travail, c’est aussi de promouvoir de nouveaux talents », rappelle-t-il.
Fabrice Sentamba est à sa sixième production. Un featuring avec le groupe Peace & Love est en préparation. Et de conclure : « Mon objectif est de conquérir, au moins, la sous région ».