24 jeunes ont comparu ce 30 mai au Tribunal de Grande Instance de Bujumbura, pour rébellion. Ils ont été arrêtés le 28 mai dans la commune urbaine de Ngagara, le jour où la police a chassé Justin Nyakabeto de sa maison sur injonction de la CNTB.
Grâce à l’Aprodh, une dizaine d’avocats assistent ces jeunes, détenus au BSR. Me Armel Niyongere, président de l’ACAT, est également parmi les défenseurs. L’âge des inculpés varie entre 25 et 30 ans. Un seul semble être plus âgé, et il a été arrêté, selon un des avocats, dans le quartier 9 à Ngagara, loin du domicile de Nyakabeto. Dans la salle d’audience du TGI, seuls les journalistes et les avocats sont admis. Une trentaine de policiers veillent.
Ces jeunes sont accusés de rébellion, pour avoir lancé des pierres sur les policiers. « Ce sont les seuls moyens dont nous disposions pour nous défendre, vu l’urgence et la gravité du moment », aurait déclaré un des ces jeunes, originaire du quartier 6 à un Officier de police qui l’interrogeait. Mais ce jeune homme souffre de déficience mentale. Depuis le matin, son père est dans la salle d’audience, avec le dossier médical de son fils.
Arrivés vers 8h, en provenance du Bureau spécial de recherche, où ils sont détenus depuis leur arrestation, les prévenus sont écoutés par leurs avocats à l’arrière de la salle d’audience. Au devant, la chambre criminelle siège, les débats sont parfois interrompus par l’appel au silence du juge président. Vers, 11h, Me Armel Niyongere, président de l’Acat, et les autres avocats rassemblent les jeunes, avec une même consigne : ne faire aucune déclaration à la barre. En effet, ces avocats veulent invoquer un vice de forme car leurs clients ont été interrogés en violation des articles 10 et 76 du nouveau code de procédure pénale. « Les prévenus ont droit à une assistance judiciaire avant d’être interrogés, et ils doivent en être informés. Cela n’a pas été le cas, ce qui remet en cause les procès verbaux des interrogatoires», indique Me Niyongere. Les conseils des jeunes arrêtés veulent ainsi avoir plus de temps pour préparer une défense solide, alors que le tribunal voulait adopter une procédure de flagrance. « Et ce n’est certainement pas pour relâcher les prévenus », enchaîne un autre avocat.
Contre ces arguments, le ministère public oppose qu’il s’agit d’un cas de flagrance, qui ne nécessite pas de mandat d’arrêt ni d’audition des inculpés. Cependant, le tribunal, sans accorder de libération aux détenus comme l’a demandé la défense, accordera une remise d’audience pour ce 4 juin.