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Explosion d’un dépôt de munitions à Brazzaville : une leçon pour le Burundi ?

27/03/2012 Commentaires fermés sur Explosion d’un dépôt de munitions à Brazzaville : une leçon pour le Burundi ?

Après l’explosion d’un dépôt de munitions à Brazzaville, certains habitants de Bujumbura proches des camps militaires craignent pour leur sécurité. Le directeur général de l’urbanisme parle d’un projet d’implanter les camps en dehors de la capitale.

Brazzaville, la capitale congolaise, est endeuillée depuis le 4 mars par des explosions meurtrières d’un dépôt des munitions de Mpila, un quartier populaire. Les habitants ont été réveillés par les explosions des obus et autres explosifs militaires. Un court-circuit serait à l’origine de cet incident qui a ravagé toute la capitale, faisant plus de 200 morts et de 2300 blessés. Les cérémonies de funérailles ont eu lieu lundi dernier. Des reporters sur place au Congo Brazzaville affirment que de nombreuses familles sont toujours installées à même le sol et dorment à la belle étoile. Le gouvernement a promis la construction d’un quartier d’habitation moderne de 5 mille maisons en banlieue de Brazzaville, promettant aux rescapés un achèvement rapide des travaux.

Bujumbura, est-elle à l’abri ?

Selon le constat d’Iwacu, des maisons d’habitation sont bâties autour des camps militaires. Dans la plupart des cas, ils sont séparés par quelques mètres seulement. Au sud de la capitale par exemple, quatre camps militaires sont implantés dans les communes Musaga et Kinindo. Ils sont à proximité des maisons d’habitation et des écoles. Le 124ème bataillon d’infanterie, communément appelé camp Muha est proche du quartier Gasekebuye et de la 1ère avenue en commune urbaine de Musaga. La distance entre ce camp et l’école appelée « Global Primary School » est d’environ deux mètres seulement. Le même camp est proche d’une autre école maternelle et primaire appelée « Les Chérubins. » La distance entre l’ISCAM (Institut Supérieur des Cadres Militaires) et le quartier Kinanira 3 est de plus au moins 200 mètres. Le camp « Base » est également proche de ce quartier. Ils sont seulement séparés par les avenues Saga 1 et 2. Le bataillon « para » et le 11ème bataillon blindé sont implantés dans la même localité. Ils sont proches du petit séminaire de Kanyosha et du quartier Kinanira 4. A côté d’eux, plusieurs maisons en matériaux durables sont en cours de construction. Même l’actuel chef d’Etat major général de l’armée habite le même quartier. A l’entrée du 11ème bataillon blindé, il y a une aumônerie pentecôtiste. Les chrétiens s’y rencontrent pour prier. Un centre de santé appelé « Kinanira Health Center » est aussi proche de ce camp. Même la prison centrale Mpimba n’est pas loin du camp base.

Qu’en est-il au nord de la capitale ?

Quelques camps sont aussi localisés à côté des infrastructures sociales et des maisons d’habitations. Le camp « Socarti » est juste à côté de l’Action de Lutte contre la Malaria (ALUMA), d’un centre de santé de Kamenge et de l’école primaire Ave Maria. Le même camp est à presque 100 m du quartier Carama. A côté de ce camp, on observe la construction de 4 bâtiments d’hébergement et des magasins d’armement à Bujumbura.

Le danger est réel.

Les militaires ne sont pas très bavards, surtout quand on leur pose des questions sur tout ce qui touche à la sécurité. Mais en recoupant plusieurs informations, nous avons compris que le camp dit « Base » abrite un véritable arsenal. « Il y a des centaines de bombes » dans certains stocks nous a dit une source sous couvert d’anonymat. Un militaire a voulu tempérer le danger en indiquant que ces munitions et autres bombes « sont enfouis dans le sous-sol » autour du camp. Sauf qu’aucun abri ne peut « résister à une explosion simultanée de 100 ou 150 bombes » a indiqué une autre source. Un militaire nous a confié : « avec une explosion comme celle de Brazza dans le camp Base, ce sont les quartiers Musaga, Gatoke,Kinanira et Gasekebuye qui seraient en grande partie soufflés. »

Le camp Ngagara est proche de la station d’essence dite « chez Bayousouf ». L’université Espoir d’Afrique, le cabaret connu sous le nom de « chez commune », le snack bar La Citadelle, l’école Groupe intercontinental de Bujumbura et le lycée de la dignité entourent le camp Ngagara. Ce même camp prolonge les quartiers 1 et 2 de la commune urbaine de Ngagara. L’ex-camp DCA de Kamenge (Défense Contre Avion) abrite aujourd’hui les bureaux de la première région militaire et l’unité spéciale de protection des institutions. Seule une clôture sépare ce camp du lycée Ngagara, ex-Ecole Normale d’Etat (ENE). Il est également situé à presque 300 mètres de l’Université du lac Tanganyika. Le grand magasin BTC (Burundi Trade Center) et les bureaux de l’Onatel, région ouest, sont aussi proches de ce camp. Le camp Buyenzi n’est pas éloigné de la paroisse Saint Augustin, du commissariat municipal et de l’Agence de régulation de la filière café du Burundi (Arfic). Les habitants proches de ces camps s’inquiètent et estiment qu’ils ne sont pas à l’abri du danger. Ils déplorent l’absence de politique d’urbanisation.

« Les camps seront implantés hors de la capitale »

Jean Bosco Nsabumuremyi, directeur général de l’urbanisme reconnaît qu’il y a eu un problème de planification de la ville depuis longtemps. Pour protéger les habitants de la capitale, il parle d’un programme d’implanter les camps en dehors de la capitale : « Les camps de Musaga seront construits à Gakungwe en commune Kabezi, et ceux de Ngagara à Karama, en commune Mutimbuzi. » Jean Bosco Nsabumuremyi explique que seule la police de proximité restera dans la ville. Le directeur général de l’urbanisme précise que le ministère de Défense s’occupera des financements et celui de l’Environnement trouvera les terrains. Néanmoins, il ne donne pas les délais d’exécution des travaux car « c’est un projet à long terme qui exige trop de moyens ». Iwacu a contacté le porte-parole de l’armée, le chef d’Etat major et le ministre de la Défense et son secrétaire permanent, sans succès.

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