L’Institut National pour l’Environnement et la Conservation de la Nature (INECN) se bat en justice avec Mateso Abdallah, un commerçant de la commune Giteranyi. La cause : l’exploitation et la commercialisation du bois de santal.
« Nous avons déjà introduit, le 9 juillet, une plainte auprès du parquet de Kirundo contre Mateso Abdallah pour exploitation et commercialisation illégale de l’osyris lanceolata (bois du santal) », signale Muhamed Feruzi, le directeur général de l’INECN. M. Mateso a distribué de l’argent parmi la population, qui s’est alors mise à déterrer les souches du santal à un rythme qui a échappé à tout contrôle, accuse l’INECN.
Même si des commerçants disent avoir des stocks de souches du santal, aucun d’eux n’est en possession d’une autorisation d’exploitation et de commercialisation. Par conséquent, tous leurs stocks sont des saisies qui doivent être vendues à « Franklin Investment LLC », une société qui est basée en Californie aux Etats-Unis, selon toujours l’INECN.
M. Feruzi cite une convention internationale et une liste de lois burundaises – la plus ancienne date de l’époque coloniale, la plus récente ayant été signée en juin 2014 – que le commerçant aurait enfreintes.
Mateso crie à l’aliénation de ses biens
« Nous avons été les premiers à aller en justice. Nous avons attaqué, devant la Cour administrative, la décision du ministre de l’Environnement, qui déclare que mes 158 tonnes de souches rassemblées sur le terrain de Ryagihana sont des saisies », affirme Mateso Abdallah.
Il retrace l’origine de l’exploitation illégale du santal. Selon lui, l’INECN savait depuis le début de 2012 que des quantités de santal s’exportaient vers la Tanzanie et vers l’Ouganda, comme en témoignent plus de 80 tonnes saisies depuis cette année.
Il indique aussi que vers la fin de 2013, pour mettre fin à l’exploitation et à la commercialisation illégale de cette espèce, la société Franklin Investment, en collaboration avec l’INECN, a organisé un atelier de sensibilisation à l’endroit de la population, des forces de l’ordre et de l’administration. Ce que ne nie pas M.Feruzi. Ce dernier précise, par ailleurs, qu’au terme de cet atelier, des communiqués ont été lus dans les églises et des affiches posées à la douane pour sensibiliser la population sur l’importance et la protection de cette espèce.
L’Etat burundais et Franklin Investment indexés par M. Mateso
« C’est depuis lors que toute la population a compris que le santal est une aubaine. Conséquence : tout le monde s’est précipité pour déssoucher cette essence dans sa propriété, ne fût-ce que pour éviter que des bandits ne s’en emparent », martèle M. Mateso. Un habitant de Kirundo confirme que pendant la nuit, des bandits armés écumaient les propriétés des populatations à la recherche de ce nouveau produit rare.
C’est à ce moment que ce commerçant a demandé une autorisation d’exploitation de ce bois. Comme elle traînait, il a demandé une autorisation de pouvoir faire la collecte des souches de santal éparpillées dans la population. Publiquement, il a eu le soutien d’Issa Ngendakumana, ministre de la Bonne Gouvernance de l’époque. M. Mateso a alors commencé à acheter du bois de santal et a constitué des stocks.
Depuis le 24 janvier 2014, ces stocks ont été rassemblés au terrain de Ryagihana en commune Bugabira sous la supervision de l’INECN, de la police et de l’administration.
Me Fabien Segatwa, avocat de M. Mateso, s’écrie : « Si la collecte s’est faite au su et au vu de ceux qui pouvaient l’empêcher et qui ne l’ont pas fait, ces derniers ne peuvent qu’invoquer leur propre turpitude ». Selon lui, son client devrait donc avoir le permis d’exportation de ses biens, puisqu’étant dans la légalité.
Feruzi azobabwira ko igiti gisa n’ikindi aho naho ntasubiyemwo ivyo yavuze igihe imiryango y’abarundi yahekurwa.