Un homme est décédé en pleine nuit dans la forêt de Mpinga lors d’une opération illégale de coupe forestière. Ntahokagiye Bahebura a été tué par la chute d’un arbre alors qu’il travaillait la nuit.
<doc5046|left>Depuis plusieurs mois, des personnes exploitent la forêt de la commune Murwi d’une façon anarchique. La population accuse l’administration d’être passive. Cette dernière assure que des mandats d’arrêt ont déjà été émis.
La forêt de Mpinga en zone Bukiransazi de la commune Murwi est menacée. Des personnes non encore identifiées coupent les arbres pendant la nuit. Comme Iwacu l’a constaté, cette vaste étendue, estimée à 520 hectares est située sur 4 collines, en l’occurrence Kibindi, Mihembero, Mpinga et Nyamariba. Une barrière est érigée à l’entrée. Pourtant, elle n’est pas gardée. Des routes un peu étroites ont été aménagées. « Elles permettent aux camions de marque FUSO d’y arriver pour transporter le bois », révèle H.G., un habitant de cette localité. A première vue, on remarque plusieurs arbres, apparemment bien entretenus. Leur feuillage empêche de voir l’ensemble de la forêt. Le milieu est tranquille. Le ciel est nuageux. On a l’impression qu’il va pleuvoir. Il fait froid. Des cris d’oiseaux se font entendre.
Pourtant, une fois rendu à l’intérieur de cette forêt, c’est la catastrophe. Plusieurs arbres sont par terre. Certains sont même coupés en petits morceaux et sont couverts d’herbes sauvages pour les cacher. Des sources proches de ce milieu précisent que l’exploitation de la forêt de Mpinga a commencé vers juin de cette année. « Nous avons vu des camions pendant la journée qui transportent du bois », témoigne M.E. de la colline Nyamariba. Pour lui, ces véhicules suivaient l’itinéraire de la 4ème avenue à Buhayira en commune Murwi et à Bukinanyana.
Un travail qui s’effectue la nuit
D.E. de la colline Kibindi affirme que ces exploitants irréguliers, par crainte d’être surpris, ont changé de stratégie : « Ils ont commencé à travailler la nuit. Les véhicules se dirigeaient dans la forêt vers 18 heures pour retourner vers 2 heures du matin.» Il aura fallu un mort pour que cette opération clandestine soit dévoilée. La population affirme que ce père de quatre enfants, originaire de la colline Gasheke est mort sur le champ.
<doc5047|right>Les paysans qui coupent ces arbres indiquent être au service de leurs patrons pour gagner un peu d’argent. Même s’ils ne révèlent pas la vraie identité de leurs chefs, ils parlent d’un certain Eric et Rupfu (ce mot signifie la mort en kirundi), responsables de cette exploitation. D’après les mêmes sources, des troncs d’arbres sont débités en planches et d’autres sont vendus dans différents lycées à système d’internat et dans les prisons. La population accuse les forces de l’ordre et l’administration de travailler de mèche avec ces gens puisqu’ils ne sont pas arrêtés. « La position policière est installée à peine à 200 mètres de la forêt, depuis deux ans, mais les policiers ne s’acquittent pas de leur mission», s’insurge un quinquagénaire. Jérémie Minani, chef de secteur Mpinga, confirme les propos de la population.
Le phénomène sera éradiqué
Jérôme Ntibibogora, commissaire provincial de police à Cibitoke, indique avoir transmis un rapport à qui de droit. Il précise que les forces de l’ordre sont en train de chercher toutes les personnes soupçonnées d’exploiter cette forêt. Néanmoins, il révèle que certaines d’entre elles ont des papiers signés par l’administrateur de Murwi.
Rose Ndihoreye, administrateur de Murwi, explique avoir appris tardivement l’exploitation illégale de la forêt de Mpinga. Elle reconnaît avoir apposé sa signature sur certains papiers parce qu’ils étaient délivrés par le ministère de l’Environnement. L’administrateur Ndihoreye affirme avoir donné l’ordre de ne plus exploiter cette forêt. Par ailleurs, elle signale que des mandats d’arrêt pour Eric et Rupfu ont été émis par le procureur de la République à Cibitoke.
Félix Ngendabanyikwa, directeur national des forêts, trouve anormal que des gens se mettent à détruire la forêt et restent libres. Pourtant, il se veut confiant : « Puisque l’administrateur a affirmé que des mandats ont été émis, j’espère que tous les suspects seront traduits devant la justice ». Félix Ngendabanyikwa promet de mener des investigations auprès des agronomes qui contrôlent cette forêt de Mpinga. Iwacu a contacté le ministre de l’Environnement sans succès.
La forêt de Mpinga a été plantée en 1985. C’était grâce au financement de la banque mondiale. Elle a une superficie d’environ 520 hectares.