Vendredi 22 novembre 2024

Editorial

Excellence, tic-tac, l’heure tourne

17/06/2022 8

Deux ans déjà ! Les langues, qualifiées à tort ou à raison de mauvaises, vont bientôt se délier pour encenser ou médire. Deux ans, ce n’est pas beaucoup, mais c’est un temps suffisamment long pour analyser, dresser un bilan. Nos ancêtres le disaient : « Ubuza gusha buratagata », « un bon départ conditionne la suite ».

Passons sur les « éternels mécontents, ceux-là qui égrènent toujours leurs chapelets de critiques. Passons aussi sur les « griots » de service et autres courtisans, toujours flatteurs.
Il y a heureusement d’autres citoyens, posés, mais exigeants qui demandent des comptes, et c’est légitime, sur les promesses non encore tenues comme des promesses de campagne faites par des hommes politiques qui ne savent que conjuguer au futur, faire des promesses.

Dans le temps, pour haranguer foules, les ténors du parti-Etat de l’époque qualifiaient la jeunesse de ’’Burundi de demain’’, comme pour leur dire que ce n’est pas encore leur temps, qu’il faut faire preuve de retenue de patience, que leur heure n’a pas encore sonné mais leur force était quand même sollicitée.

Aujourd’hui, il y a ce slogan à la mode : ’’Ejo ni heza’’, ’’Demain sera meilleur’’. C’est encore une fois, une façon habile de faire taire certaines critiques et d’inviter les foules enthousiastes à endurer, à supporter et d’attendre ’’indéfiniment’’ ces ’’lendemains meilleurs’’. Le problème est que ces formules se répètent à chaque grand meeting. Et elles sont encore une fois quand même sollicitées parce qu’elles sont capables, ’’Murashoboye !’’
Hier comme aujourd’hui, il faut donner de l’espoir, donner à rêver, faire rêver, vendre des rêves, des visions, des projections, …

Au cours de ces deux ans, avec aux commandes « l’héritier de ’’Sogo’’ », le « Grand-père de la Nation », il y a eu engagement, l’annonce d’une détermination à amorcer certains changements. Il y a eu quelques percées, soyons justes.
Mais pour certains chantiers, certaines annonces, il y a ce sentiment que les promesses faites butent sur « quelque chose », une sorte de force, de frein, très puissant. Certaines langues parlent du ’’Système’’, une notion difficile à définir tellement elle est large, mouvante, et non écrite.

Saluons le Chef de l’Etat qui a évoqué, il y a quelques semaines l’« Akazu », avec une explication très juste : un entourage proche du chef, jouissant de certains privilèges. Ce n’est pas loin d’une oligarchie.
Et là le peuple et la presse sont pris à témoin comme pour se désolidariser avec les tenants de certaines pratiques peu recommandables comme les détournements, les malversations, la corruption, des emprisonnements, quelques enlèvements voire des assassinats.

Tous ces cas mettent un bémol à tout, écornent certaines actions honorables à saluer comme cette politique d’ouverture, le retrait du Burundi de l’agenda du Conseil de Sécurité, le réchauffement des relations avec les partenaires, (même si les défis sont toujours là), la Communauté internationale, la volonté de renouer des relations avec le voisin du nord, l’assainissement des relations avec les médias, etc. Sur ce dernier point, votre humble serviteur n’aurait pas pu écrire ces quelques lignes, il y a quelque temps…

Forum des lecteurs d'Iwacu

8 réactions
  1. Bellum

    Deux ans déjà mais la réputation reste inchangée. Un talk-show matinal ce vendredi sur la télé kenyane parle du scandale actuel des faux diplômes que présentent les politiciens en vue des prochaines élections du 9 août 2022. Un professeur d’université intervient : « Si le Burundi n’était pas francophone, les politiciens kenyans iraient y chercher les faux diplômes car le pays a une moralité basse ». Je sursaute puis je me réjouis du changement de qualificatif. Avant, chaque citation du Burundi sur la télé kenyane se terminait par « le pays le plus pauvre du monde ». Le pays d’une moralité basse n’est pas mieux mais cela nous change de l’étiquette récurrente du record mondial de pauvreté.
    S’agissant du bilan des 2 ans, je continue à penser que seules des élections libres et justes peuvent sauver la nation et la mettre sur les rails du développement. C’est comme le patriotisme. Le plus grand patriotisme serait d’organiser des élections libres et justes pour prétendre changer le cours de l’histoire. Tout le reste est insignifiant.

    • sakubu

      Aucune garantie que le cours de l’histoire du Burundi sera changé avec ces « soi disantes élections libres et justes » Mais par contre une bonne planification, une bonne gouvernance, un bon management… à tous les niveaux par des hommes et femmes intègres et compétents ‘qu’ils (elles) soient élues ou pas peuvent changer le cours de l’histoire de notre pays.

      • Bellum

        Avec des elections libres et justes, nous aurions deja un pouvoir legitime depuis 2 ans et capable de faire sortir le pays du trou ou il est plonge depuis 15 ans. Les refugies seraient rentres des le lendemain. L’enthousiame aurait envahi la nation avec les investissements qui vont avec. Sans elections libres et justes, les memes reigneront pendant 30 ans encore soit 45 ans de perdus avec une population qui aura entre temps double, 24 millions, sans creation d’emplois, sans education, sans logement decent sans aucun espoir.

      • Stan Siyomana

        @Sakubu
        Ce que vous dites est vrai.
        Bellum revient tout le temps sur ce miracle que peuvent produire des élections libres et transparentes.
        Je m’imagine que grosso modo en 1993, 2005 et 2010 les observateurs internationaux ont déclaré que les élections étaient libres et transparentes et pourtant le pays n’a pas décolé économiquement.
        Moi je crois que les partis politiques (au pouvoir ou pas) au Burundi veulent tout simplement accéder au pouvoir, même s’ils ne savent pas comment développer le pays.
        Moi je ne crois pas que le Burundi se développerait parce que la rébellion de Nzabampema, ou le MSD d’Alexis Sinduhije, ou le CNL d’Agathon Rwasa, ou l’Uprona vient au pouvoir.

    • Gacece

      « Si le Burundi n’était pas francophone, les politiciens kenyans iraient y chercher les faux diplômes car le pays a une moralité basse »

      @Bellum
      Si cette phrase a été réellement prononcée, vous ne devriez pas vous en réjouir parce que c’est une injure contre le Burundi et tous les Burundais. Je doute fort qu’il y ait un politicien burundais qui ait présenté un faux diplôme pour être élu, contrairement à ces politiciens kényans. Et ces faux diplômes présentés par ces politiciens kéanyans ne sont-ils pas de « faux diplômes kenyans, faits par des kenyans »? Lequel des 2 pays a une basse moralité reste subjectif.

  2. Ntakirutimana Pascal

    Mbazumutima restera toujours dans les mémoires des journalistes patriotes.

  3. Ndambi

    Dans cet editorial, que d’amertumes à juste titre.

  4. Péguy Nintunze

    Bonjour Iwacu,
    Je voudrais vous dire que à chaque fois que M. Mbazumutima écrit un éditorial, j’arrête tout ce que j’avais à faire pour le lire d’abord. C’est vraiment du français que je ne vois pas souvent car devenu très très rare. Aussi, ce sont des idées solides.
    Pourrait-il nous faire des éditoriaux 3 fois la semaine au moins?
    Merci
    Péguy

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