Des enseignants de chimie de la classe de 3e année post-fondamentale exerçant dans différentes écoles en maire de Bujumbura ont saisi la commission chargée de l’examen d’Etat édition 2023. Objectif : l’annulation de l’évaluation de la compétence de chimie.
« Cette évaluation a été émaillée d’imperfections notoires notamment dans la formulation des consignes qui prêtent à confusion et la grille de correction erronée », critiquent des enseignants du cours de chimie dans leur correspondance du 18 août 2023 à la commission chargée de l’examen d’Etat éditions 2023.
Épargnant les détails de chimie qui risquent de compliquer la compréhension, Ildefonse Nintunze, enseignant de Chimie au Lycée de la Cepebu, fait savoir que le problème réside dans la deuxième partie de l’examen qui est l’évaluation de la compétence. Selon lui, dans cette partie, l’évaluateur conçoit une situation problème qui incite l’apprenant à trouver des solutions sur base des connaissances apprises en classe. « Pour le dernier examen d’Etat, la situation a été mal conçue », accuse cet enseignant de chimie de la classe de 3e post-fondamentale signataire de la correspondance du 18 août.
Il déplore le fait qu’il n’y ait eu qu’un concepteur de l’examen de chimie alors que d’habitude il y en a au moins deux. Résultat, ajoute notre source, les réponses qu’il a données à ladite situation appelée aussi situation d’intégration sont incorrectes. Il soutient que les réponses proposées par le concepteur n’ont jamais été enseignées en classe. Or, explique Nintunze, les élèves ne pouvaient pas trouver des solutions sur base des connaissances qu’ils n’ont pas acquises en classe. « Vu, les éléments donnés, il n’y avait aucun moyen pour l’élève de les trouver ».
Elèves et enseignants en font les frais
Certains élèves, poursuit Ildefonse Nintunze, ont essayé de se creuser les méninges en vain, donner la bonne réponse étant impossible vu que cette matière n’a pas été étudiée en classe. Si des éléments de réponse n’ont pas été étudiés en classe, il explique que l’on doit les mettre dans un texte de situation. « Mais cela n’a pas été fait ».
Les enseignants qui ont demandé l’annulation de l’évaluation de la compétence de chimie dans l’examen d’Etat édition 2023 rappellent que la situation d’intégration qui pose problème est sur 24 points, ce qui représente 4,8 % de l’épreuve.
Si la situation avait été bien posée, certains élèves avec 45,2 % auraient pu obtenir les 50 % nécessaires pour réussir l’examen d’Etat en donnant la bonne réponse. D’autres ayant raté les 4,8 % peuvent manquer les points nécessaires pour passer des tests donnant accès à des facultés pôles d’excellence, comme la médecine et les statistiques. D’où, exigent les enseignants signataires de la correspondance, il faut annuler l’évaluation de la compétence pour que les élèves ne soient pas victimes. « Que la situation ne soit pas tout simplement cotée », plaident-ils.
Une autre conséquence, signale notre source, est la mauvaise conception de cet examen qui décrédibilise le corps enseignant. « Et le concepteur est sous-estimé à l’école où il dispense le cours de chimie ».
Antoine Manuma, président de l’une des fédérations des syndicats du domaine de l’enseignement, FENASEB, fait savoir que parfois des erreurs sont commises, lors de préparation des examens : « Des cas arrivent où des examens sont choisis sur des matières qui ne sont pas concernées. » Les causes, soutient-il, sont la distraction des concepteurs, ou leur ignorance du programme dans lequel ils sont appelés à choisir l’examen. « De plus, ils peuvent être enseignants sans toutefois avoir des compétences pour choisir les examens nationaux », observe-t-il.
Des solutions possibles
D’après M. Manuma, cette situation déplorable survient le plus souvent quand les concepteurs ne sont pas des enseignants des cours concernés par l’évaluation. En l’occurence, Antoine Manuma indique que ce sont les finalistes de la section de Biologie, Chimie et Sciences de la terre qui en font les frais.
Pour en finir avec de telles erreurs, il demande au ministère de l’Education de choisir des concepteurs d’examens qui ont montré leurs compétences dans les années antérieures. Il lui propose de mettre en place une commission chargée de vérifier la conformité des examens choisis aux normes. « C’est-à-dire des examens adaptés au niveau des élèves et dont la grille de correction correspond aux questions posées », explique-t-il.
Il recommande audit ministère d’éviter le népotisme dans la désignation des concepteurs d’examen d’Etat. Il plaide pour rétablir les élèves victimes des erreurs du concepteur de l’examen d’Etat de chimie édition 2023 dans leurs droits et vérifier si les mêmes erreurs n’auraient pas eu lieu dans d’autres épreuves de l’examen d’Etat.
Contacté mardi 12 septembre, Liboire Ndikumana, porte-parole du ministère de l’Education nationale et de la Recherche scientifique, a signalé que prochainement le ministère s’exprimera sur ce sujet avec des orientations claires.