12 ans après l’incendie du marché central de Bujumbura, les travaux de réhabilitation ont été lancés en 2024 par l’entreprise Ubaka Nation. Va-t-elle réussir là où plusieurs sociétés ont échouées? L’Olucome appelle le gouvernement à prendre en main la réhabilitation.
Les travaux de réhabilitation de cet ancien marché central de Bujumbura semblent s’arrêter quelques mois après leur lancement officiel par l’entreprise Ubaka Nation représentée par Fablice Manirakiza, le 16 septembre 2024, une maquette avait même été placardée.
Les engins mécaniques et les quelques employés engagés pour les travaux préliminaires qui se sont activés pendant quelques semaines semblent avoir désertés les lieux. Même les appels lancés pour l’achat des actions afin d’investir dans le projet de réhabilitation de marché se sont tus.
Les travaux de démolition de ce qui restait de cet espace se sont terminés, comme l’explique sous anonymat un agent d’Ubaka Nation. « Seul le contrat pour la conclusion du marché public manque pour nous lancer dans les travaux de reconstruction du marché ».
Un des acheteurs d’actions rencontré explique son espoir dans l’avenir avec ses 3 actions : « Je viens d’investir dans le projet de reconstruction du marché. Je suis actionnaire. J’ai l’espoir que dans le futur, je vais avoir des dividendes car je suis actionnaire ».
L’incident n’a pas laissé de leçon
Ce 27 janvier 2025, lors de la commémoration du 12ᵉ anniversaire de l’incendie du marché central de Bujumbura, Gabriel Rufyiri, le président de l’Observatoire de la lutte contre la corruption et les malversations économiques, Olucome, est revenu sur son énième appel à la réhabilitation de l’ancien marché central de Bujumbura.
« L’incident n’a pas laissé de leçons aux Burundais et plus particulièrement au gouvernement, car il y avait des astuces que ce dernier devait mettre en place pour remédier à ce genre d’incendies en vain. Notamment, la construction des couloirs dans les marchés, la mise en place des extincteurs ainsi que la sensibilisation des occupants pour faire assurer leurs marchandises », appelle Gabriel Rufyiri.
Le président de l’Olucome a fait savoir qu’Ubaka Nation représentée par Fablice Manirakiza n’a pas gagné le marché pour réhabiliter l’ancien marché central de Bujumbura. « Cette société a fait une convention provisoire pour 6 mois avec l’État. Elle n’a pas gagné le marché public. Elle doit d’abord faire une étude de faisabilité, de rentabilité et une étude environnementale et avoir la totalité de l’argent nécessaire ».
Concernant les actions achetées par la population burundaise, Gabriel Rufyiri a fait savoir que l’argent collecté dans ce projet de réhabilitation de l’ancien marché central de Bujumbura est sécurisé. « Cet argent est dans les banques et les intérêts des actions placées dans l’investissement pour la réhabilitation de l’ancien marché central sont là ainsi que les garanties ».
L’Olucome appelle le gouvernement à montrer ce qu’il envisage mettre en place pour assurer la protection des marchés, et à bien suivre le processus de réhabilitation de l’ancien marché central.
« Nous ne voulons pas que Fablice Manirakiza nous explique l’évolution des travaux. Nous voulons que l’État nous partage ces informations, car Fablice est un homme d’affaire. Il y a eu certaines sociétés qui ont demandé de le construire, dont la probable société cino-Afrique et l’association des banques du Burundi, mais en vain. Est-ce qu’Ubaka Nation sera capable ? »
Nous sommes désespérés.
Quelques anciens commerçants du marché central de Bujumbura rencontrés sur le terrain expliquent leurs inquiétudes sur le partage des stands lorsque le marché central sera réhabilité.
Marc N., tenancier d’une galerie dans le centre-ville de Bujumbura, s’indigne de la manière dont même le marché de réhabilitation a été gagné ainsi que de ses craintes sur la distribution des stands.
« Je ne sais pas si je vais avoir un stand. J’imagine que nous, les anciens occupants, ne serons pas des priorités. « Est-ce que la demande de l’achat des actions ne sera pas obligatoire pour avoir un stand dans le nouveau marché ? »
Marc appelle le gouvernement à suivre de près le processus de réhabilitation du marché ainsi que le partage des stands. « Nous voulons la main du gouvernement dans la distribution des stands lorsque le marché central sera réhabilité. »
Appel aux commerçants de l’ancien marché central
Le président de l’Olucome a indiqué que sur plus de 5000 anciens occupants du marché central de Bujumbura, la plupart d’entre eux, ont eu des maladies mentales suite à cet incendie. Certains d’entre eux, sont retournés chez eux à la campagne.
« On ne voit pas réellement d’actions concrètes que le gouvernement a faites, à part la construction d’un marché communément appelé Cotebu, qui, pour moi, a été mal conçu et construit. Avec 2,5 milliards, impossible de construire un tel marché ».
Le président de l’Olucome appelle le comité des anciens occupants de l’ex-marché central de Bujumbura à approcher l’Olucome en vue de se convenir sur le plaidoyer à faire pour avoir une place dans le processus de réhabilitation dudit marché.
« Nous voulons que les commerçants de l’ancien marché central aient de la place dans la réhabilitation du marché. Qu’ils y mettent des actions, notre souhait est de les voir entrain de recevoir en premiers les stands dans le nouveau marché qui sera construit ».
Un appel au Gouvernement
Gabriel Rufyiri appelle le gouvernement à disponibiliser les véhicules anti-incendie en vue de protéger les marchandises des commerçants. Il a insisté sur la mise en place d’une commission technique indépendante qui étudierait les mécanismes adéquats de lutte contre les incendies ainsi que les conséquences de ces incendies sur les commerçants victimes. « Cette commission pourrait également étudier comment le gouvernement peut indemniser afin d’assurer leur résilience ».
Il a également souhaité que la réhabilitation des marchés soit faite en mettant toujours en avant les principes de transparence et de bonne gouvernance.
« Nous pensons qu’avec cette politique du gouvernement qui a mis en avant la vision du Burundi pays émergent en 2040 et pays développé en 2060, il y a certaines habitudes à changer et des idées à abandonner ».
Enfin, le président de l’Olucome estime que les problèmes persisteront aussi longtemps que les membres du gouvernement exerceront le commerce parce qu’ils n’auront jamais le temps de s’acquitter de leurs tâches. « Qu’ils arrêtent le commerce, parce qu’un membre du gouvernement ne travaille pas pour ses propres intérêts, mais plutôt pour ceux de son gouvernement ».
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