« Avec une capacité d’accueil de 4.194 personnes, le taux d’occupation dans toutes les prisons était de 273,3% au 27 décembre 2019. Sur un total de 11.464 prisonniers, 5.224 étaient en détention préventive, soit 45,5%».
Le président de la Commission nationale indépendante des droits de l’Homme (Cnidh) a fait ce constat à l’Assemblée nationale lors de la présentation du rapport annuel, ce 16 avril 2020. Ce pourcentage de la surpopulation carcérale fait froid dans le dos, effraie. La pandémie inquiète le monde entier et il est déjà dans nos murs. Cinq personnes sont officiellement avérées positives dont un mort.
Dans nos prisons, rares sont des encellulements individuels, les détenus vivent dans des dortoirs collectifs. Certains prisonniers doivent même vivre dans des dortoirs de plus de cinquante personnes.
La surpopulation, la promiscuité, l’insalubrité, l’accès souvent difficile aux soins, la vulnérabilité des personnes âgées et malades nourrissent la peur de la contagion chez les prisonniers. Difficile d’observer les consignes élémentaires d’hygiène et de distanciation sociale. «Si le coronavirus arrive ici, nous sommes tous morts. Crainte et angoisse animent les prisonniers », confie un ami incarcéré.
Nos pensées vont spécialement à nos collègues en prison et tous ceux qui vivent dans ces terribles conditions. Il y a urgence pour diminuer la pression carcérale. Et c’est possible.
Les personnes incarcérées pour de courtes peines ou en fin de peine, les plus âgées et les malades, en examinant au cas par cas. Par ailleurs, plus d’un se demandent pourquoi la grâce annoncée par le Président de la République à certains détenus à la veille du nouvel an n’est pas encore exécutée. Alors qu’il y a une commission chargée d’analyser les bénéficiaires de la grâce présidentielle.
Certes, des mesures ont été prises pour diminuer les contacts physiques, notamment l’interdiction des visites. Toutefois, les gens qui y travaillent comme les surveillants, les cuisiniers, rentrent chez eux, prennent les transports en commun, se mêlent à la foule, rencontrent leur famille. Mais rendre la prison hermétiquement fermée est impossible et est susceptible de créer un climat de panique et d’angoisse derrière les barreaux. Et comme le souligne le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, « il est vital que les gouvernements prennent en compte la situation des personnes détenues dans leur plan d’action de crise.» Il y a donc urgence à désengorger nos établissements pénitentiaires surpeuplés. La propagation du coronavirus y serait dramatique.