Pour la présidente du Syndicat des Travailleurs Enseignants du Burundi, " les dignitaires choisissent de vivre dans une sorte de {paradis fiscal} au péril du peuple qui les a mandatés."
<doc5073|right>{Que pensez-vous de [cette explication donnée par des dignitaires ?->http://iwacu-burundi.org/spip.php?article3567]}
Elle est décevante. Ils refusent de payer l’IPR sous prétexte qu’ils ont d’autres engagements en oubliant leurs obligations et leur devoir de citoyenneté. S’ils estiment qu’en payant l’IP, ils vont souffrir, que dire de ceux qui souffrent dans ce pays suite aux bas revenus bas ? Est-ce que la solution c’est de tirer la couverture de son côté ou d’analyser les voies et moyens pour que la population endosse les mêmes responsabilités devant le poids de l’impôt ? C’est tout simplement de l’irresponsabilité parce qu’ils ne seront pas les premiers mandataires politiques qui se seront acquittés de cette tâche. Au Kenya, le président de la République paie l’impôt sur la rémunération. Nos élus ont beaucoup à apprendre en matière de citoyenneté, de respect des engagements envers la population. Tout citoyen doit payer l’impôt. Et si c’est le cas pour le simple citoyen, peut-on dire que les dignitaires qui touchent plus avec des avantages comme les exonérations, ne sont des citoyens à part entière ? Il y a des citoyens et des demi-citoyens ? Normalement, celui qui ne paie pas l’impôt est un infirme, un indigent.
{Les dignitaires avancent qu’ils ne sont pas des carriéristes. Par conséquent, ils ne bénéficient pas de certains avantages comme vous …}
Ce sont des alibis qui ne tiennent pas debout. C’est tout simplement violer la Constitution. Même si celle-ci les exonérait, mais que la population élevait la voix pour leur demander que le poids de l’impôt soit partagé, ils modifieraient la Constitution. Quand l’Etat a détaxé certains produits agricoles non transformés, il a rehaussé l’IPR pour les autres travailleurs. Il est tout à fait normal que le poids pèse sur le peuple. C’est en amont mal parti. Ces engagements financiers qu’ils ont pris, c’est un investissement qu’ils ont fait. Ils ont investi dans le logement, dans le déplacement, en plus d’autres avantages. Et cela n’engage en rien le peuple. Quoi de plus normal qu’un élu accepte de céder son salaire pour une cause noble ? Ils n’ont aucune raison de refuser. Le plus important, c’est de gagner la confiance du peuple.
{Comment expliquez-vous que des parlementaires cèdent à une minorité de la population ?}
Il n’y a plus de secret, il y a une pression qui pèse sur eux. C’est ça le mal burundais. Sous d’autres cieux, le parlementaire a un mandat populaire même s’il est proposé par son parti politique. Même s’il peut être utile au parti, le peuple peut le désavouer. Le problème burundais réside au niveau de ces listes bloquées qui sont élaborées sur base des critères jusque-là non connus. Cette situation maintien alors les élus du peuple et toute personne bénéficiant d’un poste quelconque dans la sécurité tout au long de leur mandat.
{En tant qu’activiste contre la vie chère, que comptez-vous faire?}
Nous allons continuer à faire pression pour que cette loi retourne au parlement. Nous mènerons aussi notre lutte pour la défense de la démocratie. Comment expliquez-vous qu’un parlement qui compte plus de 150 personnalités peut accepter de sacrifier 8 millions de Burundais au profit de quelques hauts dignitaires de l’Etat ?
Au regard de la Constitution, ils n’ont pas d’excuses. Les droits ne se donnent pas sur un plateau d’argent. Ils ont totalement dévoyé et les choses doivent à tout prix rentrer dans l’ordre. C’est pourquoi la population doit être consciente que le parlementaire ne la représente plus. Il dépend, aujourd’hui, des politiques qui lui ont donné la « chance » de se faire élire, ce qui est une honte pour le pays.
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Un projet de loi « en l’air »
Le Journal Iwacu a voulu savoir l’état d’avancement de l’amendement de certaines dispositions du projet de loi portant paiement de l’IPR des hauts dignitaires tel que recommandé par les députés. Interrogé, la ministre de la Fonction publique qui avait fait l’exposé de ce projet de loi a renvoyé les journalistes soit à la 2ème vice-présidence de la République, soit au ministère des Finances. A son tour, la 2ème vice-présidence a sollicité le secrétariat général du gouvernement. Contacté, Philippe Nzobonariba explique que le projet est dans les mains des techniciens du ministère des Finances. Pourtant, le ministère des Finances dit n’avoir jamais jeté un coup d’œil sur ce projet de loi.
Pour Eulalie Nibizi, ces différents services se lancent la balle parce que personne ne veut endosser la responsabilité. Elle estime que c’est une démission totale de la part des élus du peuple : « Normalement, c’est le parlement qui devrait suivre ce dossier auprès de la 2ème vice-présidence qui se charge des questions de budget. »