Des sanctions pénales et administratives vont être prises contre des professeurs de l’ETS de Kamenge qui ont donné des points à des élèves non méritants. Pour l’inspecteur régional de l’enseignement c’est une fraude punie par la loi.
L’affaire éclate lorsqu’un élève affirme qu’un professeur lui a promis de le délibérer. C’est la fin de l’année scolaire 2010-2011. En même temps, des rumeurs faisant état de fraude circulaient déjà à cette école. « Nous avons ouvert une enquête et c’est là que nous avons remarqué que les points écrits sur les bulletins ne correspondaient pas à ceux des fiches », précise Thérence Manirakiza, directeur technique de l’ETS.
Directement, les soupçons pèsent sur quatre enseignants : celui d’électricité générale,Gilles Niyongabo, celui de français, Cassien Bacinoni, celui de la bureautique, Edouard Ndayishimiye, et d’informatique, Emile Niyongabo.
Selon le directeur technique, Cassien Bacinoni a été blanchi. Lors des enquêtes, précise-t-il, les fiches ne comportaient aucune modification. Quant à Edouard Ndayishimiye et Emile Niyongabo, ils avaient averti à la direction qu’ils « ont falsifié par erreur » les points des élèves. Des lettres de demande d’explication leur ont été adressées. C’est qu’ affirme Emile Niyingabo, l’un des accusés. Il explique qu’il ne comprend pas pourquoi il est toujours cité dans cette affaire. D’après lui, trois élèves ont fait des réclamations alors qu’il devait se rendre d’urgence à l’intérieur du pays pour des raisons familiales. A son retour, il a remarqué qu’il avait ajouté deux fois les points réclamés et a avisé le directeur technique qui a annulé ces points.
Informé, l’inspecteur régional de l’Enseignement secondaire Public et Privé dans la région Ouest, Donatien Muryango ne compte pas en rester là suite à cette affaire de fraude à l’Ecole Technique Supérieure (ETS) : « Une action en justice sera entamée. C’est inacceptable que des enseignants ajoutent et falsifient les fiches de points !»
Pour Donatien Muryango, ce qui est grave dans cette affaire, est que certains élèves avaient même eu droit à passer des examens de repêchage. Et de citer un exemple d’un élève qui éprouvait toutes les peines pour atteindre le minimum dans le cours d’électricité générale. Pendant les travaux périodiques, il avait obtenu 30 sur 200. Par après, la direction de cette école a constaté sur sa fiche qu’il avait 132 sur 200.
<doc1162|left>Donatien Muryango indique que l’affaire sera traduite en justice et qu’une ouverture de l’action disciplinaire aux enseignants concernés a été déjà faite : « Ils vont avoir des sanctions administratives et pénales ! » Thérence Manirakiza, le directeur de l’école, estime que le plus condamnable dans cette affaire est Jules Niyongabo, titulaire de classe : « C’est au titulaire de travailler les bulletins. Cela veut dire que des falsifications ne peuvent pas se faire sans qu’il s’en aperçoive. »
« L’affaire des diplômes classée »
Mais ce n’est pas tout. Donatien Muryango précise qu’un secrétaire de cet établissement a rajouté quatre diplômes au nombre déjà connu et prévu. Ce dernier réfute toutes les accusations portées sur lui : « Je ne m’accuse de rien. Je crois qu’il y a eu une erreur de saisie. En plus, je ne suis ni suspendu et je n’ai pas reçu ni lettre de demande d’explication ni une ouverture d’action disciplinaire. » Selon ce secrétaire, cette affaire s’est passée l’année scolaire passée et a resurgi à cause de l’histoire de fraude des professeurs. Le directeur technique abonde dans le même sens en précisant que l’affaire des diplômes est classée.
Selon l’inspecteur régional de l’Enseignement Secondaire Public et Privé dans la région Ouest, le ministère conjuguera tous les efforts pour lutter contre ce genre de fraude afin de protéger la qualité des diplômes et garantir l’égalité des élèves face aux examens. Par ailleurs, un décret-loi n°1/016 du 21 février 1993 érigeant en infractions les fraudes aux examens et évaluations pédagogiques organisés en vue du passage de classe ou de cycle ou de l’obtention de certificats et diplômes est appliqué dans ces cas, car « la fraude constitue un délit. »