Au Burundi, la plupart des handicapés physiques ne sont pas pris en charge par des institutions publiques. Il y en a qui sont assistés par leurs familles mais bon nombre d’entre eux sont abandonnés à leur sort se livrant à la mendicité. D’autres refusent ce mode de vie.
Livrés à eux-mêmes, plusieurs personnes en situation d’handicap se retrouvent dans la rue à faire le manche pour pouvoir trouver de quoi mettre sous la dent et subvenir à d’autres besoins.
Affligées, vulnérables et stigmatisées, elles quittent leurs villages ou leurs quartiers pour la ville en quête d’âmes charitables. C’est pour la plupart d’entre elles, le seul moyen d’éviter de devenir une charge pour les autres notamment leurs familles et de conserver une certaine dignité.
Cependant, certaines personnes courageuses vivant avec handicap refusent de vivre dans la précarité se contentant de la mendicité. Elles créent leurs propres activités génératrices de revenus malgré leur vulnérabilité en s’adonnant au petit commerce.
C’est le cas de Jean Miburo, la trentaine. Il est marié et père de deux enfants. Il est handicapé depuis 10 ans, il a entrepris son petit business de plastification des documents administratifs comme les cartes d’identités, les passeports et autres. Parallèlement, il vend quelques articles.
Il fait savoir qu’il parvient, plus ou moins, à subvenir aux besoins de sa famille et joindre les deux bouts du mois sans recourir à la mendicité. Cependant, il confesse que tout soutien est le bienvenu. « J’ai pris la décision de n’est pas croiser les bras et de lutter pour ma survie. J’ai pris l’option de faire du petit commerce et je n’ai pas de problème financier. Je vis grâce à mon travail mais toute aide serait une bouée de sauvetage».
Selon lui, il faut un coup de pouce de pouvoirs publics pour que leurs activités génératrices de revenus ne tombent pas à l’eau. «Nous avons besoin de soutien pour démarrer certains petits projets, les diversifier».
Jean Miburo ne digère pas ceux qui considèrent des personnes à mobilité réduite comme des citoyens de seconde zone, en situation de vulnérabilité. Pour lui, tout le monde devrait se mobiliser pour lutter contre ce genre de stéréotypes.
« Même s’il nous est difficile de nous mouvoir, cela n’empêche pas que nous réalisons des projets car nous avons des idées comme tout le monde. Nous pouvons faire du petit commerce comme d’autres personnes, nous pouvons travailler comme d’autres sans contrainte», fait-il savoir.
Il se dit porteur d’un message pour d’autres personnes vivant avec un handicap : « Je leur demande de ne pas croiser les bras. Nous pouvons faire plusieurs métiers une fois soutenus ».
Selon les chiffres fournis par l’Union burundaise des personnes vivant avec handicap (UPHB), 15% de la population burundaise vivent avec handicap. Une bonne moitié de toutes ces personnes vivent de la mendicité.