Samedi 23 novembre 2024

Editorial

Etranges rebelles

16/01/2015 15

Antoine KaburaheDans notre précédente édition, Iwacu avait promis de continuer les recherches sur ces hommes armés qui ont attaqué Cibitoke. Nous avons pu retracer la vie et les parcours de six parmi les neuf personnes arrêtées.

Et ce que nous avons trouvé laisse perplexe. Tenez, le plus jeune avait rejoint les rangs de cette fameuse rébellion depuis… trois semaines ! Le plus « expérimenté » avait cinq mois dans les rangs des « combattants ». Face à l’armée burundaise, leur amateurisme peut expliquer cette « boucherie ». Pour rappel, l’attaque a fait près de 95 tués parmi les attaquants.

Le « leader » de ce groupe, si on peut l’appeler ainsi, devrait être poursuivi pour assassinat. Ces parents effondrés que les reporters d’Iwacu ont pu rencontrer ont besoin de connaître la vérité. Certains ont appris par nos journalistes l’arrestation de leurs enfants (tous ces jeunes sont dans la vingtaine).

Côté politique, cette semaine, la question du 3ème mandat du président Nkurunziza a fait couler beaucoup d’encre. D’abord, avec la sortie remarquée de l’archevêque de Gitega, Mgr Ntamwana, puis par un ancien sénateur du Cndd-Fdd, M. Nimbesha.

Les deux personnalités s’opposent ouvertement et publiquement à un 3ème mandat du président Nkurunziza.
A voir les réactions du côté du parti présidentiel, cette prise de parole a énervé. Mais leurs déclarations ont le mérite de relancer le débat.

Au moment où nous mettons sous presse, l’ancien sénateur Richard Nimbesha serait menacé d’exclusion de son parti, le Cndd-Fdd. Un parti, comme le rappelle le sigle, qui œuvre pour la « défense de la démocratie ». Mais, apparemment, exprimer une opinion est un délit…

Forum des lecteurs d'Iwacu

15 réactions
  1. Mutima

    @Patriote
    Le crime, c’est quand on viole les lois d’un pays… Quand on viole le règlement d’une organisation, c’est soit par ignorance (si on ne sait pas que la règle violée existe), soit par rejet de la règle violée! J’imagine qu’en ayant été sénateur, il était parfaitement au courant des règles!…

    Ce qu’il aurait dû faire, c’est de proposer le remplacement de la règle, ou de démissionner de l’organisation avant de faire sa sortie médiatique.

    Il a choisi de violer le règlement et il va être sanctionné selon l’évaluation de la gravité de ses actes, par les organes dirigeants du parti au niveau approprié : dans sa localité, aux niveaux communal, provincial et national.

    Cela n’a rien à voir avec la liberté d’expression puisque s’il sort de l’organisation, il n’est plus soumis au règlement (contrairement à la loi), et par conséquent personne ne peut l’empêcher de s’exprimer.

    Mais s’il veut demeurer dans l’organisation, il n’aura pas d’autre choix que de se conformer au règlement.

    Et en passant, ne parle pas au Président en personne qui veut! Sinon tout le monde le ferait!

    Il y a ce qu’on appelle la hiérarchie. Toute saine organisation fonctionne ainsi. Et c’est pour cette raison qu’il faut la respecter… Pour la sanité et la santé de l’organisation

    • Jean

      Monsieur,

      Je tiens simplement à vous signaler que le Président d’un pays n’est jamais qu’un citoyen ordinaire élu par le peuple et pour le peuple dans une démocratie dite représentative. Donc, même si l’on part du principe que la hiérarchie est nécessaire au bon fonctionnement de la société (chose plus que douteuse quand on voit les dérives du pouvoir mis entre les mains d’un petit nombre), le Président, bien qu’à la tête de l’état, doit toujours des comptes à son peuple. Ce n’est jamais qu’un contrat à durée déterminé qui le met en place, et si ce contrat n’est pas respecté, il est libre à toute personne de le dénoncer. C’est d’ailleurs même leur devoir en temps que citoyen. Dans un état démocratique la liberté d’expression est impérative. Tenter de la museler, vous y arriverez pendant un moment, mais faire naître des sentiments d’injustice dans la vie des gens créera des révolutions que personne ne pourra arrêter jusqu’à ce que la justice et la liberté du peuple soit atteinte.

  2. lecteur14

    Maintenant on sait qu’ils ont envoyés des enfants à la boucherie afin de faire de la propagande sous prétexte que l’armée à anéanti une rébellion !

    • FnL Rwasa

      C’est ce qu’on appelle un pouvoir machiavélique. c’est plus que dictatorial ou terroriste!

  3. Rukandingona

    Cibitoke: oui tu as raisin Antoine, celui qui a recrute ces ados pour les mettre devant une armee tres aguerrie après uniquement quelques semaines de recrutement devrait être poursuivi. Dire que les parents n’etaient pas au courant est a nuancer d’autant plus ils voyaient que leurs enfants manquaient a l’appel au sein de leurs familles mais celles-ci n’ont jamais porter la connaissance de la police ou des administratifs ces disparitions!!

    Pour Richard, il doit l’avoir dit par frustration sinon, meme au sein d’une entreprise, le secret professionnel fait partie des regles administratives. Il aurait du le dire a l’interne a mon avis.

    • Rukamingona

      Rukandingona a vraiment raison! Kaburahe aussi.

  4. duciryaninukuri

    Cher Antoine je pense que pour ce monsieur si il est du parti, il a à exprimer son point de vu au sein du parti ou bien il le quitte et dénonce qu’il n’a pas reçu d’occasion de dire ce qu’il pense. sinon même vos journalistes n’ont pas droit d’attaquer votre journal dans l’ensemble alors que personne n’est informé sur votre position. Si le débat est en cours oui je peut relativiser. Ma vie est loin de ce brouhaha de monde politique même si cela me concerne c’est seulement mon point de vu.
    Et si c’était sa façon de quitter son parti CNDD FDD afin d’être bien accueilli dans une autre formation politique sans être vu comme espion! Plus que moi cher Antoine tu sais combien nos hommes politiques mettent en avant le calcul au lieu des convictions et c’est dommage!

    Et c’est alors que je vous rejoins par rapport à ce qui s’est passé à CIBITOKE: si on pouvais connaitre les responsables de cette envoie aveugle sur le champs de batail des innocents sans aucune chance de résister à une armée comme la notre afin qu’ils soient équitablement punis et même bannis en politiques pour x années si il le faut.
    Notre pays est malheureusement politiquement, intellectuellement et éthiquement encore immature et malade. Merci pour cet édito.

  5. kAGANJI

    Bonne briefing de l`actualité de la semaine monsieur Antoine,et tout espérant que le parti présidentiel va laisser les gens s’exprimer librement sur toute l’actualité du pays sans faut fuiyant, et sans intimide personne. Merci à ces personnes qui ont osé de dire ceux qu’ils pensent sur la candidature qui diviser de monsieur Nkurunziza. Je pense que bientôt sera tard pour ce parti à pouvoir se positionner pour remporter haut les mains par un autre candidat. Ibitangaza vyoyo tuzobona n’ivyinshi!!!

    • abdoul

      Mr Antoine,
      Allez jusqu’au bout et dites-nous la vérité :

      -Est-ce des imbonerakure?
      -Est-ce des « Alexis »?
      -Est-ce???????

      Vous nous laissez sur notre soif. Vous qui les avez rencontré , vous ont-ils dits qui ils sont?Qui étaient leurs chef?

      • Wavahe Wajahe

        Comme le dit ce lecteur, il nous faudrait plus d’informations sur cette regrettable attaque. Les informations servent , entre autres, à nous éclairer et nous permettre de faire des analyses qui peuvent donner des idées aux acteurs sur terrain et contribuer à trouver des solutions aux problèmes .
        Ce n’est pas une simple curiosité ou une distraction à satisfaire.
        Est-ce que les parents qui ne savaient pas où se trouvaient leurs enfants l’ont signalé à qui de droit ? On nous dit que la population a évalué le nombre des assaillants à deux cents personnes,mais le nombre des personnes tués est d’une centaine. A part les 9 capturés,où sont passés les autres? Sont-ils retournés là d’où ils sont venus, seraient-ils parvenus à la forêt de Kibira?
        Vous parlez de leur leader comme si c’était quelqu’un de connu. Est-il possible de révéler son identité ?
        L’armement vient d’où, (fabrication et fournisseur)?
        Après les opérations militaires et de police, le dossier devrait être soumi à la justice pour enquête et prise de décisions conséquente,l’est-il déjà ?.

  6. Mutima

    Le linge sale se lave en famille. Il aurait pu exprimer ses doléances à travers les procédures internes au parti CNDD-FDD(s’il ne l’a pas fait). J’imagine aussi que la structure et l’organisation du CNDD-FDD permettent à l’interne à tout membre de s’exprimer sur l’un ou l’autre des sujets d’actualité, avant de devoir aller l’étaler dans les médias.

    Mais s’il l’a fait à titre personnel, c’est un droit qui lui est garanti par la liberté d’expression… et il doit avoir des raisons de le faire… Peut-être un début de campagne pour se faire élire s’il ne se retrouve pas favori sur la liste bloquée de sa localité?

    Mais c’est quand même bizarre d’aller critiquer publiquement une organisaion dont on est membre à part entière, en passant outre les règlements qui la régissent. C’est mon point de vue!

    Cela rappelle aussi un certain Manassé Nzobonimpa!… Et c’est à suivre!

    • Rubis

      Et cela merite une exclusion donc, CQFD ! Vous les CNDD-FDD êtes à la mauvaise place, vous n’aurez pas dû diriger ce pays !

    • Sama

      Abdoul pose une question que tout le monde se pose : mais qui peut avoir entraîné cette jeunesse dans cette aventure fâcheuse et pour quelle raison ?
      Le silence du pouvoir en place ( les portes paroles de l’armée et de la police se révélant être des marionnettes) est suffisamment parlant et ce n’est pas son 1er coup. Rappelons-nous de Gatumba II , l’histoire des jeunes sacrifiés pour faire endosser la responsabilité aux opposants politiques.

      Le même silence s’est observé sur les tueries des sœurs de Kamenge: les récentes révélations de la RP A sur ses commanditaires nous éclairent sur les pistes à emprunter.
      – L’assassinat des sœurs, Kiliba-Ondes et Cibitoke seraient-ils reliés ?
      – Dénoncer l’opposition et convoquer Léonce illico pour le cas Gatumba a tourné au ridicule , serait-ce une prudence de plus qui entoure ce silence ?
      – Le président du parti Des FDD avait voulu pointer du doigt Alexis en dénonçant un ancien membre du MSD de Rutegama tué dans la foulée sans subir d’interrogatoire pour plus de lumière , est-ce un autre sacrifié pour des raisons de complot puisqu’on a pas donné d’autres noms ?

      – Enfin qui dans dans cette période de 3 semaines à 5 mois de recrutements avaient les moyens de tromper la vigilence de l’administration à la base totalement vouée au parti au pouvoir et qui a à l’œil les membres des autres formations politiques ?

      Beaucoup d’autres questions peuvent se poser mais je m’en arrête là.

    • Patriote

      Cher Mutima,

      C’est vrai, c’est mieux de laver le linge sale en famille si l’opportunite est donnee! Mr. Nimbesha a publiquement dit qu’il a maintes fois tente de rencontrer le president a cet effet sans succes. Soyons aussi realistes, presque tous les partis burundais n’ont pas une democratie a l’interne non plus (sauf un tres petit nombre). Le comite des sages des FDD est l’organe supreme du parti, il est preside par celui qui veut ce 3 em mandat. C’est facile de s’imaginer un possible verroullage au sein du parti a propos de la question? Et que dit les lois internes du CNDD FDD? Si defendre la democratie est toujours la priorite, la liberte d’expression exprimee par un des membres fondateurs ne devrait pas etre unc crime…

    • burka

      est-ce que tu connais ce règlement? qu’est -ce qui te dit qu’il existe une clause qui empêche les gens de parler de leur organisation? si on entend les gens lancer des fleurs au CNDD FDD ( même s’ils ne sont pas nombreux) pour d’autres ne lanceraient-ils pas des flèches ? si le linge salle se porte en public, pourquoi le laverait-on en famille?

      A bon entendeur, salut!!

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.