Quand un opposant en exil et un Conseiller en communication à la Présidence de la République se retrouvent tous les deux à démolir un livre avant sa sortie, cette « coalition » spontanée est troublante. Pour le premier, le livre est simplement à « brûler ». Pour le second, le livre est « une imposture ».
Même notre offre de leur offrir gracieusement un exemplaire après la sortie (le 27 janvier) et l’invitation de publier dans Iwacu leurs critiques, après lecture, est refusée. « A quoi bon ? », nous répond l’un d’eux sur son compte Twitter. Deux positions radicales, fermées, qui illustrent bien la fracture profonde qui mine notre pays, surtout son élite, et nous condamne à revivre les mêmes tragédies.
Pourtant, les deux hommes ont fait l’université, ils savent qu’une bonne critique doit être objective, argumentée. Ils affichent et assument un manque total d’empathie, refusent d’écouter, de comprendre la tragédie de l’autre. Ils s’enferment dans un monopole de la douleur. Faute d’arguments, ils s’attaquent à Iwacu, crient au « complot », traitent l’éditeur de « mercenaire ».
Deux hommes que théoriquement tout oppose : l’un est au cœur du régime (Conseiller du Président), l’autre a fui ce pouvoir, se retrouvent pourtant pour démolir une publication avant sa sortie. Etrange, n’est-ce pas ? Personnellement, j’ai une explication. Mais je souhaite que le public se fasse sa propre opinion, après la lecture de l’ouvrage. Le débat sera riche, j’espère.
Je suis persuadé que notre histoire reste à écrire. Comme le dit le philosophe Pascal Bruckener dans « La tentation de l’innocence », « le souvenir du mal doit nous sensibiliser à l’injustice ». Ayons donc le courage de regarder notre histoire en face, osons affronter notre passé pour ne pas laisser à nos enfants un pays déchiré.
Libérer la parole, c’est ce que nous tentons aux éditions Iwacu. Face à ce déferlement de haine, je souhaite beaucoup de force à Lydia Ininahazwe Sentamo. Mais la vie a fait d’elle une femme forte. Elle fera face. J’en suis sûr.
Humblement,
Antoine Kaburahe
Votre « mercenaire » de service