Vint le temps de l’homme qui convoqua les symboles de protection du pays et du pouvoir pour se lancer dans la course à la présidentielle. Une lance et un bouclier ainsi qu’un tambour sont offerts à Agathon Rwasa, lors du congrès extraordinaire du CNL, tenu à Bujumbura, dimanche 16 février.
Une tribune pour écorner l’image du parti de l’Aigle sans le nommer. Le challenger du « choix de l’Eternel » fustige les dirigeants « qui confondent la démocratie avec la victoire électorale » et appelle « ceux qui prétendent être vainqueurs à priori de respecter le verdict des urnes car la voix d’un officier de l’armée ou de la police équivaut à celle d’un ministre, d’un chômeur, d’un gardien de vache ou d’un cultivateur ». Samedi 8 février 2020, sur la colline Burarana en commune Bururi, le gouverneur de Bururi a remis au candidat fraîchement élu pour porter les couleurs du Cndd-Fdd à la présidentielle, au nom de la population de la province, un don de 6 vaches et vivres divers. La province Bururi se serait-elle transformée en « Nevaland », tombée dans l’escarcelle du candidat du changement dans la continuité?
Les autorités locales en prennent aussi pour leurs grades. Le candidat élu du CNL a exhorté les dirigeants du pays à cesser « les agissements malveillants consistant à malmener les citoyens par des décisions administratives arbitraires ». L’occasion de stigmatiser l’indifférence dont feraient souvent preuve « les gouvernants en fonction » au regard du vandalisme des permanences du CNL aux quatre coins du pays.
Autre cible du président-candidat du CNL, une justice qui aurait une propension à « condamner des victimes au lieu des criminels ».
Au détour d’une mise en garde, il galvanise ses troupes pour mieux mobiliser le jour J, le cas échéant : « Au moment où le processus électoral est enclenché, il y a des gens qui pensent toujours à la fraude électorale au lieu de chercher à répondre aux préoccupations de l’heure qui tiennent à cœur les citoyens burundais. Les citoyens n’accepteront pas qu’ils parviennent à cette sale besogne.»
La transparence du scrutin présidentiel, de sa tenue à la proclamation du vainqueur, et une gestion apaisée de l’après résultats provisoires enverraient des signaux positifs que les exilés politiques métaboliseraient en lueur d’espoir. Un préalable à la reprise de la pleine coopération avec les partenaires techniques et financiers traditionnels. Une dynamique à rebours de celle qui a marché si loin dans la crise politique que de faire demi-tour serait aussi pénible que de poursuivre.
C’est une présidentielle à haut risque tant est si bien que la détermination de gagner du nouveau parti du leader historique des FNL le dispute à la volonté du système de ne pas perdre le pouvoir.