Le constat est aussi de Kaitira Katonda, directeur des pêches à l’Autorité du Lac Tanganyika (ALT) dans un atelier centré sur la lutte biologique contre les espèces envahissantes, ce jeudi 3 mai à Bujumbura.
Dans son exposé, Esther Abonyo, de l’Initiative mondiale contre les espèces envahissantes, a montré que ces plantes ont certaines caractéristiques inhabituelles : « Elles ont une reproduction sexuée et asexuée, une plasticité phénotypique et une croissance ainsi qu’une reproduction rapide. » Elles ont, a-t-elle poursuivi, une grande capacité de dispersion et s’adaptent facilement aux variations des conditions environnementales. Une fois envahies un milieu, Esther Abonyo a indiqué qu’elles entrent en compétition avec d’autres plantes pour les ressources disponibles (lumière, espace, nutriments, alimentation, sites de croissance,…). Après son installation, les espèces existantes peuvent disparaitre dans un laps de temps. Le parasitisme, a-t-elle mentionné, constitue pour ces plantes une des manières d’adaptation au milieu. D’après elle, ces espèces se déplacent d’un endroit à un autre dans un même pays ou franchissent les frontières. Elle signale que leurs migrations peuvent être naturelles ou associées à la mondialisation. Ici, elle donne l’exemple des touristes, des déplacements par bateaux, par avions, celui des animaux domestiques,… qui peuvent cacher dans leurs sabots des petites graines de ces plantes sans le savoir. Esther Abonyo fait remarquer que ces espèces imposent de grosses dépenses à l’agriculture, la foresterie, les pêches et les autres activités humaines ainsi qu’à la santé de l’Homme.
Prévenir les menaces
Pour Geoffrey Howard, de l’Union internationale pour la conservation de la nature et expert international des espèces envahissantes, il faut faire tout pour empêcher l’introduction de ces plantes. Selon lui, il ne faut pas se lasser de mener cette lutte en procédant à une réaction directe à chaque nouvelle invasion : « Il faudrait contenir la nouvelle invasion pour empêcher la propagation. »
Pour lutter contre ces plantes
Dans son exposé, Geoffrey Howard a signalé que la lutte biologique peut être très efficace. D’après lui, celle-ci est une technique utilisant les moyens biologiques pour réduire la vigueur d’une plante pour qu’elle produise moins de masse de plante, moins de fleurs, moins de graines, moins de feuilles pour la production du sucre et la croissance de la plante, moins de capacité à se propager et causer d’autres dégâts. Une fois utilisée, il indique que la lutte biologique est la méthode la plus abordable puisqu’elle se perpétue elle-même : « Elle est moins chère et efficace parce que ses agents de lutte (souvent des insectes ou des microchampignons des maladies des plantes) sont mobiles et ainsi capables d’étendre leur impacts après l’introduction », fait-il remarquer. Cependant, dit-il, la lutte biologique ne cause pas l’éradication ou la disparition locale. Non plus, elle ne vise pas cela. D’après lui, elle réduit simplement les problèmes causés par l’invasion à une limite tolérable. Présent dans cet atelier, Albert Mbonerane rappelle que la lutte contre ces plantes envahissantes dans le lac Tanganyika doit être une affaire de tout le monde. Sinon, constate-t-il, le lac est en danger alors qu’il constitue une richesse importante pour les pays qui le partagent, dont le Burundi. Signalons que cet atelier a été organisé par l’association « Action Ceinture verte pour l’environnement (ACVE) » et l’autorité du lac Tanganyika (ALT) en collaboration avec United Nations Office for Projects Services (UNOPS) et Union Internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Qu’est ce qu’une espèce envahissante ?
Une espèce envahissante est une plante ou un animal qui est introduit dans un nouveau milieu où il n’existe pas naturellement. Si l’introduction se fait sans l’accompagnement de ses pestes et maladies qui gardent l’espèce sous contrôle dans son état naturel et s’il est capable de survivre, s’établir et se propager en causant ainsi des dégâts à la biodiversité, aux moyens d’existence ou de développement des personnes, il est appelé « envahissant ». Il s’agit entre autres de la Jacinthe d’eau (eichhornia crassipes), la géante plante sensible grimpante (mimosa diplotricha), les pistia, les azolla, les hydrilla, les ceratophyllum, les algues filamenteuses, les lantanas camara et les tithonia diversifolia. Ces plantes menacent l’écosystème notamment, du lac Tanganyika et son bassin hydrologique.
Qui de la Jacinthe de l’eau ?
La Jacinthe de l’eau est une exotique plante aquatique flottante, originaire du bassin du fleuve Amazone en Amérique tropicale du Sud. Les feuilles vert-sombre brillantes ont de larges tiges (pétioles) creuses qui renforcent sa capacité de flotter et qui peuvent s’étendre jusqu’à 2m au dessus du niveau de l’eau. Sous la surface de l’eau, il y a des structures en forme de racines (rhizoïdes) qui donnent l’équilibre à la plante et gardent droites ses parties aériennes, tout en faisant montrer l’eau et quelques nutriments. Elle se reproduit par des fleures et des graines (qui peuvent rester viables pendant 15ans ou plus) et elle a une multiplication végétative par ses stolons qui sont des extensions latérales à partir de la plante principale qui produit de nouvelles plantes qui, éventuellement quittent la « plante mère ».} _____