Un atelier d’échange sur la préparation de la campagne de sensibilisation, pour la protection du lac Tanganyika contre la pollution, s’est tenu les 20 et 21 septembre 2012 dans les enceintes des Services Techniques Municipaux (SETEMU). L’initiative vient du projet PNUD/FEM.
<doc5331|left>Ce projet a cinq composantes, parmi lesquelles la sensibilisation contre la pollution du lac Tanganyika. « Nous voulons un lac propre, mais tout dépend de la volonté de chacun pour y arriver », insiste Séverin Nyamuyenzi, consultant en éducation environnementale.
Au premier jour, le 20 septembre 2012 étaient invités les acteurs de l’environnement dont les représentants de l’Institut National pour l’Environnement et la Conservation de la Nature (INECN), des SETEMU et le Ministère de l’Eau, de l’Environnement, de l’Aménagement du territoire et de l’Urbanisme.
Il a été question d’échanger sur la méthodologie à mettre en œuvre, d’harmoniser les points de vue sur les contenus et de capitaliser les avis sur la pérennisation de la campagne et de ses résultats.
Huit groupes importants pour la sensibilisation contre la pollution du lac Tanganyika ont été identifiés. Ce sont les industriels, les leaders d’opinion, les administratifs à la base et les élus locaux, les décideurs ; les agriculteurs, les pêcheurs et les éleveurs, les Organisations Nationales non Gouvernementales et les professionnels des médias.
Au deuxième jour, le 21 septembre, étaient invités les membres des associations et des groupements à la base, des Comités Communaux pour le Développement Communautaire et des clubs environnementaux scolaires etc.
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Les 5 composantes du projet PNUD/FEM
<doc5332|right>Selon Céléus Ngowenubusa, chef du projet, la première composante est la construction du réseau secondaire à Buyenzi, qui commence au mois d’octobre. Ensuite, la manière dont les industriels doivent mobiliser leurs fonds pour pouvoir faire le prétraitement. Quant à la troisième composante, elle concerne les laboratoires. La quatrième qui est très importante, c’est la sensibilisation. Certes, M. Ngowenubusa indique qu’après avoir ciblé les différents groupes, ils seront préparés à travers ces ateliers. Enfin, la dernière sera le suivi et l’évaluation.
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Qu’est-ce qui pollue le lac ?
« Les rejets qui résultent des activités humaines en grande partie », lance M. Nyamuyenzi dans son exposé. Les participants ont abondé dans le même sens : « Ce sont les eaux usées qui proviennent des ménages et des industries, les déchets solides dans les places publiques, la bouse et les entrailles, la sédimentation, les déchets biomédicaux, le fait de se soulager dans les lieux publiques, les caniveaux, le lac et les rivières, les produits toxiques qui proviennent des usines, etc. »
Constituent aussi un danger, la mauvaise réglementation des routes, les collines dénudées, la rareté des sanitaires dans certains quartiers, des caniveaux souvent bouchés, le problème d’évacuation de l’eau, l’ignorance des codes de l’eau et de l’environnement, l’absence de prétraitement de l’eau, le mauvais système de curage et le manque d’études d’impact environnemental.
Malgré cela, Séverin Nyamuyenzi précise que la plupart des gens ignorent encore pourquoi le lac devrait être protégé. Il assure que ce sont ces mêmes déchets qui se déversent dans le lac lorsqu’il pleut : « Les conséquences nous reviennent car nous consommons de l’eau sale. »
Parallèlement, les ions produits par ces déchets, dont certains proviennent des industries chimiques et alimentaires, seraient cancérigènes. Les enfants sont les plus vulnérables. De plus, sur 325 espèces de poissons, 157 sont endémiques au lac. Un certain nombre a déjà disparu, d’après M. Nyamuyenzi.
Par rapport aux causes, les participants ont évoqué, par ordre, ceux qui seraient les plus polluantes : les eaux usées qui proviennent des ménages et des industries, les produits chimiques qui proviennent des usines, la sédimentation, les déchets solides et enfin le fait de se soulager ailleurs que dans les toilettes.
Quelques recommandations
D’après les participants, la population burundaise ne s’y mettra que lorsqu’il y aura un minimum de volonté politique. Ils ont émis quelques recommandations à l’endroit des uns et des autres. Il faut faire des plaidoyers dans des réunions, sensibiliser dans les écoles, les communes, remplacer les vieux égouts par de nouveaux, faire connaître les codes de l’eau et de l’environnement à tout burundais; cela pourrait se faire à l’aide de dépliants et d’affiches, par l’installation de toilettes publiques, en punissant ceux qui ne veulent pas respecter la loi, en plantant des arbres sur les collines dénudées en amont, par des séances de formation sur les pratiques culturales, montrer comment mener une bonne opération pour extraire et exporter les sédiments et, enfin, mettre en place de nouveaux dépotoirs de déchets. Les participants se sont convenus de se mettre ensemble pour fournir des idées aux fins de la rédaction des textes législatifs par les instances habilitées.