Lundi 23 décembre 2024

Économie

Environ 60 milliards d’impayés

16/06/2016 18

Les sociétés publiques et privées ainsi que les ménages doivent à la Regideso une somme de plus de cinquante-neuf milliards de Fbu. Un montant que cette société compte récupérer d’ici 100 jours. Mais…

La Regideso (ici, le siege de la Direction commerciale) enregistre plusieurs milliards de créances auprès de l’Etat ©IwacuUne première. Le directeur général de la Regideso, Jéroboam Nzikobanyanka, accompagné de différents directeurs, sort de son bureau, mercredi 1 juin 2016, pour aller présenter des factures impayés à huit sociétés publiques et privées. Il s’agit de l’Onatel (205 millions), l’Hôtel Panoramique (97 millions), l’Hôpital Prince Régent Charles (404 millions), la mairie de Bujumbura (2 milliards et 111 millions de Fbu), la Sodeco (293 millions), Iron Steel (305 millions), la RTNB (1 milliard et 142 millions) et Afritextiles (4 milliards et 139 millions).

«J’ai voulu donner l’exemple», souligne Jéroboam Nzikobanyanka. En plus, poursuit-il, les villes du pays continuent à s’accroître et nous avons beaucoup de projets. «Cette campagne vise à chercher de l’argent afin de procurer de l’eau et de l’électricité à tout le monde.» Parmi ces projets, cette entreprise compte étendre dans tout le pays des compteurs prépayés pour l’eau et l’électricité. « Comme ça, le client consommera ce qu’il a déjà payé.» Pour ceux qui pensent que la Regideso se porte mal, il rassure : «La Regideso se porte à merveille. Cette année, nous avons engrangé un bénéfice de 8 milliards alors qu’auparavant on était en dessous de zéro.»

«Pensez récupérer cet argent, c’est une illusion»

Le directeur général de la Regideso regroupe dans trois catégories les «mauvais payeurs». Premièrement, c’est le gouvernement (Présidence, les deux Vice-présidences, les ministères…) qui doit à cette société 21 milliards de Fbu. «Le gros des impayés se situe aux ministères de la Défense et de la Sécurité Publique », confie Jéroboam Nzikobanyanka. Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome, ne s’en étonne pas. «En faisant le tour des camps militaires, nous avons constaté que l’eau se déversait 24h sur 24h. C’est le même constat dans les écoles à régime d’internat.»

La deuxième catégorie, ce sont les sociétés à gestion autonome et les entreprises publiques et privées. Leur facture s’élève à 13,7 milliards de Fbu. Enfin, ce sont les ménages qui doivent 23,7 milliards de Fbu. Le directeur général se félicite de l’effet qu’a produit cette campagne. «Certains commencent à payer. Nous sommes sûrs de récupérer cette somme.»

«C’est illusoire de penser cela. La Regideso n’a aucune force. Son argent se trouve dans les mains des gens puissants et corrompus », rétorque Gabriel Rufyiri. Il trouve d’ailleurs incompréhensif que la Regideso puisse accumuler de tels impayés et que personne ne lève le petit doigt. «Derrière, il y a des dignitaires de l‘Etat. Les sociétés publiques sont comme cet orphelin que le plus fort dépouille de son héritage.»

Gabriel Rufyiri dénonce une complicité entre les personnalités puissantes au sein de l’appareil étatique et ces sociétés privées qui doivent de l’argent à la Regideso. «Certaines d’entre elles reçoivent de la part de l’Etat des marchés qu’ils ne méritent pas et à grands frais. Que peut faire un directeur général de la Regideso? Quiconque a essayé a été tout simplement remercié.»

Jéroboam Nzikobanyanka paraît, lui, déterminé : «La Regideso n’a peur de personne. J’ai déposé moi-même des factures dans ces sociétés que vous dites puissantes. Nous sommes une entreprise de l’Etat et nous avons une force extraordinaire.»

Forum des lecteurs d'Iwacu

18 réactions
  1. Mybad

    Uburundi ntibukenye,kuko iyo ni resideson gusa ,harura ayandi ma companies aheranywe uko angana?None nka Leta iherana gute kandi muri budget annual ayo mahera aba ari mwo .none arya nde?Naho leta iririmba tolerance zero ,biragaragara ko nabo kunyonyeza bitabatera amabgati.ku ma societes prive nayo no muri depenses mansuelle ayo mahera yamazi n’amatara ntaba ari mwo?Nabonyenye kunyereza aka meya biraboneka ko bitabatera imisonga.umusi umurundi azotahura igihugu ico arico niho tuzoca tuvavanura n ‘ubukene.Abashinwa baduhe cane russie uduhe azoja aho ayo yandi yagiye.kandi system d’education idahindutse amashure azokwama iramura ibisuma n’inkozi zikibi.wewe wige mukumenya ubaga,canke upfumbatisha ba mwarimu,ukubitwa,uturubikwa ,bashiki bacu nabo bikaba inota.none abantu biga muri ubwo buryo mwumva bokwama iki?mbere usanga abarundi bivugira ngo akazi keza ni agahemba make ngo ariko kakaba gafise igiturire canke mu mvugo mbabarira matwi  » IKIGAVU ».

    • Stan Siyomana

      @Mybad: « harura ayandi ma compagnies aheranywe uko angana… »
      Je me demande si l’on peut trouver quelque reponse avec la methode de l’estimation de Fermi.
      Le physicien italien Enrico Fermi (1901-1954, architecte de la bombe atomique) a demande a ses etudiants: « Combien y a-t-il d’accordeurs de piano a Chicago? ».
      Ils auraient estime qu’il y avait environ 63 accordeurs et l’annulaire telephonique donnait 83 addresses. Ce qui n’est pas mal si l’on tient compte de ceux qui peuvent se faire enregistrer plus d’une fois.
      (Voir 1. « Estimation de Fermi », http://www.wikipedia.org;
      2. Ian Mann: « Book review: How to become a superforecaster », http://www.fin24.com, 14 June 2016;
      3. Tetlock, Philip E. and Dan Gardner, 2016: « Superforecasting: the art and science of prediction ».

  2. roza kamikazi

    ntakibazo ubu chine na russie bazoturihira ntituganya ntitugowe hiiiiiiii

  3. Kirinyota

    La Russie va financer ces arriérés

    • Stan Siyomana

      @Kirinyota
      Je ne sais pas si mon commentaire s’est enregistre, mais j’y faisais allusion aux problemes auxquels la Russie doit faire face.
      (Voir 1. Lyubov Pronina et al. : »Russia sells $1.75 billion in first Eurobond since sanctions », http://www.bloomberg.com, 24 May 2016;
      2. « Diamonds are Putin’s best bet to entice wary investors to Russia », http://www.miningweekly.com, 15 June 2016).

  4. Theus Nahaga

    Pour nommer un chat un chat, dison que le Burundi est insolvable

  5. KABURA ANDRE

    Merci I Wacu pour ce magnifique papier qui nous éclaire sur une partie de la gestion catastrophique de notre pays caractérisée par un manque de rigeur et un laisser-aller inaccpetable..! Ce n’est pas pour rien que le Burundi du CNDD-FDD est le pays le pauvre et un des plus corrompus sur la planète Terre..!
    Malgré tout, les auteurs de ce bilan, on ne peut plus catastrophique, veulent rempiler et continuer à jouir du pouvoir sans rien faire pour les Burundais..! C’est triste et piteux…!

    • Bakari

      @KABURA ANDRE
      Courage à ceux qui viennent de découvrir la pauvreté; moi je nage dedans depuis le début de mon existence! J’ignore l’époque où le Burundi n’était pas pauvre car de mon côté je l’ai toujours été!

      • Hahahaaa! Vous n’êtes pas seul à voir les choses comme ça. C’est quand-même honteux de voir un si piteux bilan quand on sait que les consommations sont prépayées. Mais ce n’est pas étonnant quand on sait comment ce système fonctionne. En effet, dans certains ministères comme celui de la Défense, on voit des officiers qui n’arrêtent jamais de courir autour de ce qu’ils appellent « bons » pour dire bons de consommation prépayée. Ils font semblant d’être rigoureux mais c’est justement le manque de rigueur qui est leur caractéristique principale. Des fois ils disent, « Il n’y a plus de budget » comme si les factures étaient payées lorsque le budget était disponible. Mais comme vous dites, je n’ai jamais vu de belle époque dans la gestion de ces entreprises (REGIDESO, ONATEL,…)

      • Lead

        Je t’envie. Tu as tenu bon et tu gribouilles …librement depuis 40 ans. Qu’est-ce que tu’es chanceux mon vieux! Cordialement.

        • Bakari

          @Lead
          « Je t’envie. Tu as tenu bon et tu gribouilles …librement depuis 40 ans. »

          Je gribouille librement; tu parles! Je gribouille à partir de mon trou! Je ne souhaiterais à personne d’emprunter l’itinéraire que j’ai suivi! La liberté est un gros mot pour moi.
          Toi et moi avons eu une seule chose en commun: l’espoir! Il fait vivre! Il m’a fait vivre durant les 40 ans de galère, même si pour le moment j’y arrive difficilement. Il semble que toi, tu es plein d’enthousiasme et d’optimisme: tant mieux pour toi!

          • Lead

            @ mon cher Bakari:
            1.Je te refuse cette fatalité. Debout mon vieux, tu es encore apte. Sors du trou: les opportunités sont immenses. A condition de le vouloir.
            2.Je te raconte une histoire vraie. Il y a vingt ans, un ami d,enfance vivait une misère indélébile dans un pays X. Nous vivions dans des conditions indescriptibles en effet.
            Apres la victoire du FPR, il se decide de rentrer au Rwanda, son pays, qu’il n’avait jamais visité, pour les raisons que tu connais. Je l’ai accompagné à l’aeroport Y.
            Qu’avait-il comme valise? Un sac en plastique noir dans lequel était entassés ses effets personnels. A l,enregistrement, on lui a dit qu’on n,embarque pas les sacs de poubelle.
            On est alors allé dans un duty free et on acheté quelques bières. Le but. C,était d,avoir le sac d,emballage duty free. On l,a eu. On a bu nos bieres et il a glissé son sac de poubelle dans le sac d,emballage duty free. Et sa “poubelle” est devenue son “bagage a main”.
            En 2006, je suis passé par Kigali. Le monsieur (avocat privé a Kigali; il est pas en politique) m,a envoyé SON CHAUFFEUR (!!!!!) pour me prendre a l’aeroport.
            3. Morale: (i) tiens la barre et (ii) rejoins le mouvement de liberation en cours. Ca ira.

      • KABURA ANDRE

        @BAKARI,

        Je parle de la gestion catastrophique du Burundi par le CNDD-FDD depuis 10 ans et non de votre pauvreté individuelle qui ressort de la vie privée de chacun, BAKARI.
        Les dirigeants du CNDD-FDD ont fait du Burundi le pays le plus pauvre du monde (statistiques du FMI de 2015). Au cas où vous en doteriez, en voici la preuve : http://www.journaldunet.com/economie/magazine/1164746-pays-pauvres/
        Voici le bilan de ce parti et de ce Gouvernement qui veulent régner sur le Burundi, en Roi, jusqu’à la fin du monde. Sous leur règne sans partage, le Burundi est aussi devenu un des pays le plus corrompus du monde. Avez-vous une explication aux 2 faits qui par ailleurs se recoupent? Merci de me les donner et de me convaincre des bienfaits de ces dirigeants pour leurs concitoyens qu’ils veulent diriger par le bout du canon….. !

        • Bakari

          @KABURA ANDRE
          Le bilan de ce gouvernement est aussi négatif que ceux des précédents.
          Si un seul régime avait eu une bonne vision nous n’en serions pas où nous en sommes. Le Burundi a toujours été parmi les pays les plus misérables. En ce qui me concerne, mon sort n’a jamais changé depuis 40 ans comme le fait remarquer Monsieur ou Madame Lead. Je suis toujours pauvre comme Job et je le reste. Pour ceux qui découvre la paupérisation, je leur dis: bienvenu au club! J’espère un sort meilleur à nos arrières petits-enfants car pour nos enfants et petits enfants cela semble fichu! Quel optimisme!
          Je me permets de vous raconter une petite anecdote: il y a une trentaine d’années je lisais un passage dans une revue qui racontait ce qu’était le fantasme de l’homme occidental vis-à-vis de l’Afrique en l’an 2150 (je cite ceci de mémoire): le continent serait devenu un désert dans sa totalité et il ne resterait plus que deux morceaux: l’un au nord et l’autre au sud. La partie nord s’appellerait Islamistan tandis que la partie sud porterait le nom du Bantoustan. Quel optimisme!

          • Lead

            @ mon cher Bakari:
            1. Un prof a dit à ces étudiants mécontents de sa façon d’enseigner qu’il faut qu’ils se grouillent comme il a dû le faire de son temps. Et les étudiants de répliquer qu’ils n’ont pas pris son cours pour vivre ses propres misères.
            2. Nous n’avons aucune raison de faire vivre nos misères a nos enfants (j’ai pas dit petits enfants). Donc, je suis pas preneur de ton pessimisme, mon vieux.
            3. Justification: un ingénieur allemand que j’ai rencontré a BJM il y a deux ans m’a demontré qu’avec une equipe de 10 allemands, il pourrait faire du Burundi un pays moderne en 7 ans rien qu’avec les ressources locales. On y arrivera sous peu après la liberation.

          • KABURA ANDRE

            @Lead,

            Je suis totalement d’accord avec vous. Tout est une question de vision et de leadership n’en déplaise à BAKARI. Chaque fois que je passe au Rwanda, ne fût-ce que dans l’aéroport de Kigali, je me dis que ce qui compte pour un pays ce sont ses leaders ainsi que la vision qu’ils ont. La seule différence entre le Burundi et le Rwanda en termes de richesses naturelles n’est que les hommes et les femmes qui dirigent ces deux pays ainsi que leur vision. Nous avons à la tête du Burundi des amateurs en politique, dont certains sont presque illettrés, sans aucune expérience dans quoi que ce soit à part le maquis bien sûr où leur cible privilégiée était la population civile sans armes. Pour le moment ce qui les intéresse c’est la corruption et l’enrichissement illicite à tout prix. Si Mr NKURUNZIZA avait écouté certains de son entourage, on n’en serait sûrement pas là. Ce qui fut prédit par plusieurs visionnaires en ce qui concerne un éventuel 3e mandat de Président Fondateur, est arrivé. Nous sommes en plein dedans et si ce type de leadership au sommet reste en place, je ne suis pas convaincu que l’on bougera de notre place de pays le plus pauvre et l’un des plus corrompus au monde… ! En effet, qu’est-ce que ces gens qui s’accrochent au pouvoir pourraient faire pendant les 5 prochaines années qu’ils n’aient pas pu réaliser pendant leurs longues années (10 au total) ans de règne sans partage? En principe, rien..!

      • Theus Nahaga

        @Bukari
        Vous avez raison de rappeler notre éternelle misère et je ne comprends pas que d’aucuns veulent croire que vous êtes seul responsable de votre situation personnelle et que votre cas pourrait être simplement ignoré tellement il est petit et insignifiant (v. Kabura André).
        Chaque cas personnel a une part de responsabilité collective qui découle de la mauvaise gestion des affaires publiques et l’incapacité à générer un vision vers autre chose que notre éternelle misère. Sans vouloir minimiser notre part personnelle dans la gestion de notre destin personel, nos gouvernements successifs ont une part dans la misère génerale qui nous atteint de facon individuelle. Il n’ont pas su prévoir ni anticiper les problèmes du monde moderne pour mobiliser les efforts collectifs pour que nous puissions avoir autre chose que la fonction publique. Créer un environement administratif et économique propices aux affaire et aux investissements aurait dû guider leur action.
        On nous crieait Unité nationale pour nous enfoncer dans l’unicité de la pensée, on nous a dit défence de la démocratie mais à part la mort, la destruction des maigres infrastructures et une corruption jamais atteinte avant, nous n’avons rien vu venir. Nous ne pouvons pas nous contenter de cela ni de cette misère qui semble nous être devenue indélébile (et c’est ici où vous et moi nous divergeons). Nous disons à ceux qui nous gouvernent et ne fonnt que nous ranconner que les choses ont un peu trop durées et qu’il est temps qu’ils montrent leur leadership, leur capacité à proposer autre chose au Burundais que cette misère.

  6. Yves

    Cet article illustre, de manière on ne peut plus claire, le règne de la corruption favorisée par son éminence depuis son accession au pouvoir. 159ème place au classement de l’ONG Transparency International. Selon que vous serez pauvres ou puissants…

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Que la compétition politique soit ouverte

Il y a deux mois, Iwacu a réalisé une analyse de l’ambiance politique avant les élections de 2020 et celles à venir en 2025. Il apparaît que la voix de l’opposition est presque éteinte. Il n’y a vraiment pas de (…)

Online Users

Total 3 650 users online