Un hippopotame s’est réfugié dans les étangs de la station d’épuration des eaux usées de Buterere. Un autre, qui était récemment dans les étangs de la Regideso, a été abattu. « Une fausse solution », critique un spécialiste en gestion des écosystèmes aquatiques.
Depuis près deux mois, les riverains de cette station de Buterere font état de la présence de cet hippopotame. Il sort le soir pour brouter, raconte Adelaïde, rencontrée dans les environs. Une occasion pour les enfants, les adultes de Buterere d’observer de plus près un hippopotame. Adélaïde indique que cet endroit est très pollué. « C’est là que finissent les eaux usées issues des toilettes, des ménages, des usines de Bujumbura ».
A Kibenga, Asiatique, Buyenzi, Industriel, Kinindo… les habitants affirment que les « visites » nocturnes d’hippopotames sont fréquentes. « Un jour, j’ai croisé un hippopotame aux environs de l’Université Lumière, campus Kinindo. C’était vers 20h », confie un habitant de Kinindo. Et la circulation a été, pendant un certain temps, stoppée pour le laisser passer.
Mi-janvier, un autre hippopotame s’est retrouvé dans un des étangs de la Regideso, non loin de la RTNB, dans le quartier Asiatique. Il a finalement été abattu par des militaires sur autorisation du ministre de l’Environnement, selon Jean-Claude Ndayishimiye, responsable du Parc de la Rusizi.
« Un phénomène inhabituel », réagit Samuel Ndayiragije, directeur général de l’Office burundais pour la protection de l’environnement (OBPE). Il assure que le ministère de l’Environnement n’est pas outillé pour faire sortir des étangs de tels animaux pour les remettre dans leur habitat naturel.
Pour lui, ce phénomène est la conséquence des constructions dans la zone tampon réservée à leurs pâturages. Et de préciser que cette zone est de 150 m pour le lac Tanganyika, selon le Code de l’eau et l’environnement. Or, note M. Ndayiragije, un hippopotame consomme au moins une tonne d’herbes par jour.
« L’abattage est une fausse solution »
« Leur zone a été envahie. Des gens sont allés habiter chez eux », analyse Gaspard Ntakimazi, Docteur en science de l’environnement.
« Il fut une époque où il y avait un espace suffisant pour brouter. Ces hippopotames amphibies s’écartent rarement de leur zone ». Mais ces dernières années, des gens y ont acquis des parcelles, d’autres y ont installé des cultures. Quand ces animaux se perdent, déplore-t-il, l’abattage est une fausse solution. « C’est une ignorance des techniques modernes ».
Pour ce spécialiste en gestion des écosystèmes aquatiques, il faut les reconduire dans leur milieu. « On peut également l’immobiliser en utilisant une technique d’injection, avec un fusil, pour l’endormir puis le reconduire dans son milieu à bord d’un camion ».
M. Ntakimazi fait savoir qu’ils sont exclusivement herbivores. « Ils deviennent agressifs uniquement en cas de légitime défense ou pour défendre leurs petits ».
Par ailleurs, il souligne que ces animaux sont protégés sur le plan international. « Il est même interdit de les abattre et de les commercialiser ».
Pour ce professeur à l’Université du Burundi, ces animaux constituent une richesse pour le pays et jouent un grand rôle dans l’équilibre écologique aquatique. « Leurs défécations constituent des engrais pour les plantes aquatiques et des aliments pour les animaux aquatiques, comme les poissons, etc ».