La semaine passée a plutôt été sombre pour le Sud du pays, secoué par des événements tragiques, variant entre tuerie, embuscade et fait divers sanglant. Tout cela au son de kalachnikovs, de flammes et de grenade.
L’embuscade a lieu sur la colline Mutambara, dans la zone Gatete, tout près de la réserve naturelle de Rumonge. La voiture, calcinée, a été arrêtée entre deux versants de montagne, à quelques centaines de mètres de la forêt de la Kibira. D’après les habitants de cette localité, la zone de Gatete et les environs étaient plutôt calmes ; à part que le chef de colline a été tué dimanche à Karagara, et un fonctionnaire de l’état-civil à Busebwa samedi dernier. Sans oublier le policier tué à Karonda le dimanche.
Onesphore Ndikunkiko est cordonnier et habite à Gatete, dans la zone Buruhukiro, en commune Rumonge. Il raccommode les souliers sur le bas-côté de la RN 3 qui relie Rumonge et Bururi, à 300 m du lieu de l’embuscade. Il est 15h, le lundi 18 juillet, quand il entend des coups de feu et voit un taxi qui fait marche arrière, vers Rumonge, heurtant un poteau de signalisation au passage : « J’ai aussitôt fui en passant derrière la maison. Plus tard, on nous a dit que des gens armés avaient arrêté un véhicule de type Station Wagon et l’avaient brûlé. »
Selon les victimes, raconte le cordonnier, les assaillants étaient au nombre de huit, dont deux seulement en tenue d’exercice militaire avec deux fusils, plusieurs autres étaient en culottes. Auparavant, poursuit-il, ils ont sauvagement battus les passagers, allongés sur la route, avant de les dépouiller de tout. Dix minutes après, un véhicule plein de militaires, venant de Rumonge, s’est dirigé vers le lieu des faits et des coups de feu nourris ont encore retenti, se souvient Ndikunkiko. « Les victimes sont passées par ici, hébétés, ils nous ont dit que leurs assaillants ne se sont pas identifiés et que personne ne leur a dit pourquoi ils ont été battus. »
Une grenade de jalousie à Bukeye (Nyanza-Lac)
Plus au Sud, à Nyanza-Lac, c’est une grenade qui a explosé dans un débit de boisson. Souvent après le travail, Maendeleo va prendre un verre au cabaret Chez Gérard, dans la zone Bukeye. Lundi, vers 19h30, alors qu’il partage une bière avec des amis, il entend un petit déclic, comme si on venait de décapsuler une bouteille : « Puis, il y a eu une effroyable explosion, et le sol a tremblé, soulevé par la déflagration d’une grenade », raconte-t-il. Dans le sauve-qui-peut qui s’en suit, personne ne pense à chercher l’auteur du crime. Une femme qui passait, mère de trois enfants, est tuée par les éclats de la grenade, et huit personnes sont gravement blessées et directement conduites à l’hôpital.
L’enquête va être expéditive. Dès les premières minutes après l’explosion, les recherches sont orientées vers un individu dont la femme serait la maîtresse du propriétaire du cabaret. Les militaires se rendent aussitôt chez lui pour le chercher et lui tirent dessus. Selon les uns, il aurait voulu arracher son arme à un des militaires venus l’arrêter. Mais d’autres prétendent qu’il a été tué alors qu’il se trouvait aux toilettes, non pas pour se cacher, mais pour ses besoins naturel. Et il est plutôt difficile d’imaginer qu’on puisse penser à cela après avoir lancé une grenade dans un cabaret.