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Entre maraboutage et escroquerie de génie, un Français et une Burundaise s’accusent

19/10/2011 Commentaires fermés sur Entre maraboutage et escroquerie de génie, un Français et une Burundaise s’accusent

Qui croire, entre ce vieux retraité qui déclare «avoir été sous l’emprise d’une jeune fille » pendant… deux mois, et cette dernière, qui évoque « une escroquerie de première », car 45 millions seraient en jeu…

Moustache grise, mine basse, le fort triste monsieur qui se présente au journal Iwacu semble abattu. Jacky maugrée, encore sous le choc de cette question existentielle, froide : « Pourquoi je ne sortais plus de ma chambre depuis près de deux mois? » A cette dernière il a trouvé une réponse, fort heureusement : il était sous l’emprise de Mlle Josiane. Drogue ? Quelque potion maléfique, sentant le Diable et ses poils versés dans son verre (lors des sorties à deux) ? Jacky n’en sait rien. Ce qui est sûr, c’est qu’il a subi « une tentative d’empoisonnement »! La preuve par « son » témoignage.

Mai 2011 : en ces temps-là, Jacky, vieux bourlingueur dans l’imprimerie, retraité et grand amoureux des Grands-Lacs, décide de reprendre le bar restaurant Liquids, à Bujumbura. Il fait, dit-il, appel à Josiane qu’il avait connue en 2008 comme caissière d’un magasin qu’il a dû fermer par après. Hélas ! « Les débuts sont difficiles pour mon bar », témoigne-t-il.

Les clients venant au compte-goutte, Josiane finit par avouer à Jacky (selon ce dernier) que les locaux auraient été envoûtés par l’ancien propriétaire ! « Malgré que je sois très sceptique, … elle a fini par me convaincre qu’elle avait une connaissance qui pouvait m’aider dans le désenvoûtement », raconte Jacky. Cinq scarifications seront imposées aux deux personnes par la sorcière venue pour l’opération. « Je pense que c’est à partir de ce jour que mes problèmes de santé ont commencé », ajoute l’ancien propriétaire du Liquids, qui a dû fermer le 13 juillet…
Car, les choses s’accélèrent : Jacky n’a plus de sommeil, plus d’envie de sortir de sa chambre, sauf pour voir Josiane.

Arrivent les 45 millions…

Quelques temps après, « on m’a proposé de reprendre le bar Le Petit Suisse ». Voilà donc Jacky qui s’en va négocier cette nouvelle acquisition. Le montant demandé est élevé : il faut un associé. Et là Josiane réapparaît : la sorcière intervenue dans le désenvoûtement du Liquids proposait des contacts avec ‘des esprits’ qui allaient fournir 45 millions … contre 375.160 Fbu donnés à Josiane pour motiver la sorcière.
Quelques temps après, « Josiane me dit que les millions ont été versés sur son compte postal », atteste Jacky. Voilà donc les deux associés à la Poste retirer les millions… que personne ne verra !
Pourtant, le lendemain, Josiane arrive en pleurant chez Jacky pour demander une aide de 200.000 Fbu exigés par « les esprits », faute de quoi elle allait être battue. Contre cet argent, Josiane laisse un chèque en caution de 24 millions à son associé, auquel s’ajoute un autre de 45 millions écrit toujours sous la menace « de l’Esprit » et qui allait être porté sur son compte postal.

Ce 1er septembre, Josiane demande un prêt d’un million de Fbu « à une personne ». Refus du prêteur sollicité, sauf en cas de garanties : Jacky accepte alors de se séparer d’une machine à coudre électrique. Un téléviseur à écran plat et une imprimante de 2 millions partent aussi…. contre la promesse de remboursement du million par Josiane. « La somme prêtée devait lui servir à ouvrir un compte à l’Interbank afin de virer les 24 millions venus de la Poste », selon Jacky.

Les dénégations de Josiane

La principale accusée semble avoir été renversée en apprenant cette accusation. Étudiante à l’Institut Supérieur d’Agriculture (Université du Burundi), Josiane précise que « la seule fois où Jacky m’a parlé d’envoûtement, c’était pour me montrer un gris-gris qu’il a eu du Rwanda, ainsi que cinq scarifications (dont deux aux genoux et une autre au front) pour s’attirer des chances dans les affaires ». A l’époque, continue cette native de Muramvya, « il m’a demandé si ces procédés ne se faisaient pas au Burundi. Je lui ai dit que cela existait aussi ». Elle ira même jusqu’à lui montrer ses scarifications à elle, « que j’ai hérité de l’époque de la guerre, et que nos parents nous avaient donnés pour nous protéger contre la mort !»

Et les 45 millions ? « Tout part d’un correspondant que Jacky était parvenu à m’obtenir en France. Nous nous sommes aimés, et il m’a promis de me donner 40 millions de Fbu pour aider mes petits frères, avant que je ne le rejoigne », admet Josiane. Entre-temps, la procédure de rachat du Petit Suisse avait commencé et Jacky avait demandé à Josiane de devenir son associé : « Tu apporteras 24 millions des 40 que tu auras de ton correspondant, moi la même somme », lui aurait-il dit.

En août 2011, Jacky, dont le téléphone servait de point de rencontre entre ledit correspondant et sa future dulcinée, aurait averti Josiane (qui donne cette version des faits) que ses 40 millions vont arriver incessamment : « Puisque tu es souvent à l’intérieur du pays (à l’ISA, Gitega), fais-moi un chèque de 24 millions de telle sorte que dès que ton correspondant envoie l’argent, je prenne la somme pour rapidement reprendre Le Petit Suisse ! » Quant au million prêté le 1er septembre, « Jacky avait besoin de liquidités et je l’ai aidé à trouvé un prêteur, contre cession de quelques biens sous forme de garantie.»

Les questions…

La première à se poser est la nature même des relations entre les deux personnes. Jacky jure que Josiane « n’a jamais été ma maîtresse! » Tandis que cette dernière élude avec pudeur la question : « Ceux qui nous connaissent croient que je suis sa compagne! » L’est-elle, donc ? « Je répondrai à cette question le moment venu », rétorque-t-il encore.
La seconde reste la question des témoins : car dans cette affaire, la seule personne à connaître plus ou moins la nature des relations (et donc le contenu des conversations entre les deux protagonistes) est introuvable. Florence, de son prénom, travaillant comme domestique chez Jacky.
Troisièmement, l’agrément de prêt du million, signé par Jacky et Josiane d’une part (ceux qui ont pris l’argent), Jafar (le prêteur) et Jean Pierre (le témoin). « La demande de cette somme a été faite par Jacky, qui voulait se faire soigner . Avec Josiane, qui était sa secrétaire, ils m’ont dit qu’ils allaient bientôt recevoir de l’argent d’Europe et qui transiterait par le Rwanda, car la femme de Jacky serait une Rwandaise », assure le prêteur, Jafar.

L’identité du correspondant de Josiane. Son prénom : Frédéric. La seule personne à avoir les contacts de l’amoureux est Jacky ! Impossible d’avoir des traces de l’entente sur les 40 millions passée entre le Français et la Burundaise, car tout a toujours été fait par voie orale…

Enfin, quelles motivations, dans cette affaire ? Serait-ce une histoire montée par Jacky pour se faire les 40 millions sur le dos de Josiane en invoquant le maraboutage ? Ou un coup tordu de Josiane pour soutirer de l’argent à un caricatural « blanc crédule » ? La seule chose claire, c’est que d’anciens travailleurs du Liquids réclament leurs salaires… Et que depuis une semaine, Jacky a regagné la douce France.

Non, mais franchement, l’histoire elle-même semble maraboutée!

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