Les mesures annoncées par le chef de l’Etat, dans son discours à la nation à l’occasion du 57ème anniversaire de l’indépendance du Burundi, ont été diversement interprétées. Pour les uns, ses partisans, il est l’homme du peuple, qui a pris à bras le corps ses aspirations profondes. En suspendant les contributions aux élections, il allège les charges qui accablent la population, adoucit la précarité dans laquelle vivent les travailleurs. Il a écouté la population, il l’a comprise. Ceux-ci estiment qu’en débaptisant certains lieux emblématiques comme l’aéroport, il fait montre de reconnaissance, de force de conviction. « Il diffère de ses prédécesseurs. Le président Ndadaye ne figurait que sur le billet de dix mille francs ». Pour eux, il réussit là où les autres ont échoué. Il serait sincère, pragmatique.
Ses détracteurs, eux, qualifient ces mesures de « populistes », de « stratégies persuasives », à quelques mois avant les élections. En guise d’exemple, ils expliquent que le rétablissement des annales n’est que de la poudre aux yeux car il n’est pas prévu dans le budget général, exercice 2019-2020, comme le stipule l’article 31. « Toutes les annales ainsi que les primes de fidélité et toute autre prime quelle que soit sa nature sont gelées financièrement sauf pour les secteurs de la défense et de la sécurité… » Et de rappeler que dans le budget de 2015, le montant des annales était de 8.5 milliards de francs bu. Même s’il peut y avoir révision de la loi budgétaire, ils se demandent d’où viendrait cet argent. A moins que la population soit appelée à contribuer à travers une hausse des taxes et des impôts. Ce discours serait donc une rhétorique simpliste, populiste.
Pour ma part, je pense que ce qui compte, ce sont les faits. « Les faits sont têtus », dit-on. Pour le moment, je me réjouis de la fin des contributions aux élections et l’octroi des annales gelées.
Pour les fonctionnaires qui peinent à joindre les deux bouts du mois, c’est une bouffée d’oxygène. J’ose espérer que la commission technique qui va bientôt être mise en place pour se pencher sur la mise en exécution de la décision du dégel des annales tiendra compte des appréhensions de la population, de plus en plus paupérisée.