Une fois encore, on accusera les médias de ne voir et ne dire que ce qui ne marche pas. Mais comment ignorer les pleurs et lamentations de cette femme de Kanyosha dont le fils, encore élève, vient d’être exécuté ce mercredi. Ce serait sadisme et cynisme.
Comment rester insensible à la douleur de cette famille de Rugombo dont le chef de famille a été enlevé par des hommes armés, en tenue policière, à bord d’ un pick-up et dont on ignore depuis où il se trouve. Ce serait sadisme et cynisme.
Le malaise sur le plan sécuritaire se greffe sur un contexte économique déjà difficile, aggravé par le déficit énergétique dont la Regideso ne prévoit pas la fin sous peu : le plus grand barrage du Burundi (Rwegura) est sur le point de fermer, le niveau d’eau est tellement bas.
Sur le plan politique, nous sommes face à deux logiques butées. Une opposition laminée aux dernières élections, hésitant entre la voie de la violence et la lutte politique. Une opposition au discours ambivalent : démocrate d’un côté, prônant la violence de l’autre.
Du côté du parti au pouvoir, le discours est radical : il n’y a rien à négocier. Mais bon prince, le parti invite « les opposants à venir travailler ensemble pour la construction du Burundi. » Le blocage incombe donc à l’opposition qui refuserait la main tendue…
En fait, la situation est analysée plutôt sous l’angle du rapport de force. Le pouvoir minimise l’émergence d’une éventuelle « rébellion » et, à ce jour, les « rebelles » sont des « bandits » à mettre hors d’état de nuire et sans pitié. C’est la position officielle.
Mais ces assassinats, ces disparitions, renforcent un malaise de plus en plus perceptible. C’est un secret de polichinelle, les missions diplomatiques présentes au Burundi ont édicté de nouvelles règles de sécurité pour leurs ressortissants. Un mauvais signe. On s’installe peu à peu dans un climat lourd, qui n’est ni guerre ni paix. Un climat qui risque d’éloigner ceux dont le Burundi a besoin : des investisseurs.