Les parlementaires jugent prématurée la mesure de la CVR consistant en l’inhumation des restes des victimes.
Une décision prématurée. C’est l’avis des représentants du peuple sur la mesure de la CVR de vouloir enterrer les restes des victimes avant que la lumière ne soit faite sur le passé sombre. Pour Pascal Nyabenda, président de l’Assemblée nationale, cet acte relève de la précipitation. « On ne peut pas parler d’enterrement des restes avec dignité alors que les présumés auteurs des actes macabres ne sont encore ni auditionnés, ni identifiés, ni les victimes connues », complète Gélase Ndabirabe, président de la commission permanente des affaires politiques, administratives, des relations extérieures de l’Assemblée nationale.
Cette dernière avait été chargée d’analyser le contenu du rapport « provisoire » de la Commission Vérité et Réconciliation. Il a été présenté, mercredi 10 octobre 2018, devant les deux chambres du Parlement. Annoncée la semaine dernière par le vice-président de cette institution, ladite mesure n’a pas reçu un accueil enthousiaste. Une certaine opinion estime que cela revient à mettre la charrue avant les bœufs. Sur ce, les parlementaires demandent que la commission revienne sur cette mesure.
Clotilde Niragira, secrétaire générale de la CVR, revient sur les raisons qui ont motivé la mesure «contestée ». Selon elle, la commission a voulu inhumer les restes des victimes déjà déterrés au cours des travaux de développement dans certains coins du pays. « Nous avons pensé que ces restes ne doivent pas demeurer à découvert sans sépulture. Ils méritent une inhumation digne ».
« Conserver les restes pour un mémorial »
Malgré ses tentatives d’explication, Mme Niragira a fini par se ranger à l’avis de la majorité : « Comme vous nous demandez de revenir sur la mesure, nous prenons acte». Le président de l’Assemblée nationale va jusqu’à affirmer qu’enterrer les ossements équivaut à occulter les preuves des massacres au Burundi. « Nous pouvons les conserver dans un mémorial pour que les générations futures sachent qu’il y a eu des massacres dans un tel endroit et qu’ils prennent conscience qu’ils doivent éviter cela ».
Alors que le mandat de la CVR touche à sa fin, les parlementaires remarquent qu’elle est encore à la phase préparatoire dans l’accomplissement de ses missions. Pour Gélase Ndabirabe, il recommande l’amendement de la loi stipulant que le mandat de la CVR est renouvelé pour un an.
La plupart des élus plaident pour un renouvellement du mandat pour quatre ans. « Le plus important n’est pas que cela finisse vite, mais plutôt que cela finisse bien »martèle le député Pierre Célestin Ndikumana.