Ces associations ont organisé pour la première fois une journée commémorative des victimes des conflits fratricides au Burundi. Une occasion de découverte des "vérités" …
<doc6782|left>« Il arrivait que nous nous accompagnions les uns les autres pour les commémorations. C’est pour la toute 1ère fois que nous nous mettons ensembles pour se souvenir de nos chers disparus », indique Eric Nduwayezu de l’AC-Génocide. Cette occasion a été, pour lui, le moment de découvrir des « vérités », de réaliser que d’autres victimes sont là et nombreuses. Pour Ange Manimpaye, une victime de Bujumbura rural, c’est une occasion de soulagement. Elle suggère qu’il y ait un lieu mémorial où pourront se rassembler toutes les victimes pour se souvenir, rendre hommage aux amis, parents, enfants, … tués pendant les horreurs que le pays a connues.
Est-il temps de dire la vérité ?
« Oui », clame Adèle Ahishakiye, de l’Association AVOD. Nous avons besoin de savoir ce qui s’est passé. Pour elle, il importe de connaître la vérité qui sera utile pour les jeunes générations : « Il y en a qui ne sont pas prêts à dire la vérité. Ils ne veulent pas témoigner par peur d’être arrêtés ou tués ». C’est l’avis d’Ange Manimpaye, une victime de Bujumbura rural. Elle fait référence aux tueries qui restent d’actualité au Burundi. Mais, elle estime qu’il est facile de dire la vérité dans un petit groupe ou lors de jeux. D’où la nécessité de fournir une explication sur les procédures de la commission vérité réconciliation (CVR) pour encourager les gens à dire la vérité. Elle demande aux parlementaires de parler pour les victimes, de défendre l’intérêt de la population, lors de l’analyse et l’adoption du projet de loi sur la CVR.
La protection des témoins
Ange Manimpaye souligne qu’il faut une disposition protégeant les différentes catégories de la population pour qu’elle puisse témoigner sans être inquiétée. Une idée soutenue par François, tout en ajoutant que l’Assemblée nationale doit tout faire pour que les témoins soient réellement protégés.
Ce dernier préfère que l’unité de protection des témoins soit mixte : « Si les étrangers sont nombreux, l’unité sera rassurante. Et toutes les vérités seront dites ».
<doc6781|left>Une loi respectant les piliers de la JT
Pour David Niyonzima, de Trauma Healing and Reconciliation Services (THARS), les députés doivent veiller à ce que la loi sur la CVR comprenne les fondements de la Justice Transitionnelle (JT). C’est entre autres la vérité, les poursuites judicaires des présumés auteurs des crimes internationaux, la justice, les réparations. Il faut noter que les réparations sont faites de plusieurs façons. Dans le cas du Burundi, il considère que cette tâche devrait être confiée à un spécialiste.
Les réformes institutionnelles, précise-t-il, constituent le 4ème pilier. Et cela va dans le but de créer un climat de confiance entre la population et les institutions.
« Ce qui suppose que des gens accusés d’avoir commis des forfaits durant les guerres civiles ne devraient pas être parmi les dirigeants qui donnent des ordres », précise-t-il.
Festus Ntanyungu, député du Cndd-Fdd estime quant à lui que les réformes institutionnelles ont déjà commencé. C’est en l’occurrence la police et l’armée. Il estime qu’il faut continuer dans cette lancée. Concernant la question des administrateurs présumés coupables d’un tel ou tel autre crime, ce députe du parti présidentiel souligne qu’ils sont régis par des lois. Et il revient au gouvernement d’initier des projets de lois pour la protection de ceux qui diront la vérité.
<doc6784|left>La vérité blesse mais libère
«Dire la vérité, c’est comme le phénomène de l’abcès qui doit être opéré. Durant l’opération, on souffre, mais après on est soulagé, libéré », assure Festus Ntanyungu.
David Niyonzima souligne que c’est normal que les survivants soient blessés quand ils entendent les vérités. Cependant, dans cette douleur se trouve la guérison.
M. Niyonzima signale que selon une étude menée sur ce que pensent les victimes et leurs présumés bourreaux par rapport à la révélation de toutes les vérités sur le passé douloureux. Cette peur est de deux ordres : la peur des présumés criminels d’être démasqués. La 2ème peur est celle des victimes. Selon lui, c’est une peur de revivre les atrocités subies autrefois, alors que la situation a changé et que la guerre est finie.
Aux auteurs des crimes, il faut leur dire, d’après lui, qu’il y a la justice qui punit, mais aussi qui pardonne. Et aux victimes, les inviter à parler de leur passé douloureux.
Festus Ntanyungu, souligne que les institutions émanant de la JT ne sont pas seulement cinq. Il y a la Commission Vérité et Pardon ou Réconciliation. Cette dernière ne concerne pas la justice. « Les poursuites judiciaires entrent dans la droite ligne du Tribunal. Il y a donc la commission vérité et pardon d’un côté, et le tribunal de l’autre. » .