Un mois après son entrée en fonction comme ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Dr Joseph Butore affirme continuer le chantier laissé par son prédécesseur.
<quote>[Enseignement Supérieur : le ministre Nimubona réforme l’examen d’État->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article4531]</quote>
<doc7290|left>Iwacu : {Vous arrivez à la tête du ministère de l’Enseignement Supérieur au moment des réformes…}
J. Butore : Notre action sera basée sur quatre colonnes. Primo : la qualité dans le cadre légal et la mise en application des lois. Secundo : le développement de la science et des technologies. Nous envisageons de construire deux campus géants. Un campus numérique qu’on installera à Mutanga et un autre agronomique à Zege ou un autre lieu ou chef-lieu de la province de Gitega. Des études de faisabilité sont en cours. Tertio : la professionnalisation de l’enseignement supérieur. Un enseignement qui répond aux problèmes réels de notre société. Enfin, la recherche. Une politique nationale de recherche est déjà validée. Nous sommes en train de travailler sur le plan d’action pour finalement aboutir à la création d’une commission nationale science, technologie et recherche. Notre objectif, c’est de voir l’enseignement remorquer la société burundaise à la locomotive du développement.
{Cette professionnalisation sera-t-elle possible avec la pénurie d’enseignants qualifiés ?}
Avec les ressources humaines disponibles, il y a moyen d’adapter des programmes qui cadrent bien avec les besoins de nos employeurs sur une année ou deux. Nous voulons des instituts supérieurs professionnels en privilégiant les sections les plus courtes. Nos partenaires de l’enseignement supérieur privé ont déjà compris cette donne. Ils ont mis sur pied des sections de deux ans en proposant des formations professionnelles avec des débouchés qui sont garantis.
{Pourtant, des universités privées ont été rappelées à l’ordre par le ministère alors qu’elles tentaient d’ouvrir de nouvelles filières…}
La qualité est primordiale. La loi nous autorise à surveiller la qualification des professeurs et les programmes. Des inspecteurs vérifieront si elles se conforment aux normes reconnues par le ministère.
{Votre ambition est-elle réaliste sachant que le gouvernement a revu à la baisse le budget alloué à votre ministère ?}
C’est vrai que nous disposons de peu de moyens. Mais, nous allons redynamiser la coopération inter-universitaire et le partenariat. Nous espérons à travers le plan national de la recherche créer d’autres voies de financement.
{Depuis plusieurs années, l’enseignement supérieur public est secoué par des grèves incessantes …}
Selon moi, il n’y a que deux solutions. La première est le respect des textes depuis le règlement académique jusqu’à la loi fondamentale.
{La chasse aux « universités boutiques » va-t-elle continuer ?}
Le combat sera poursuivi d’autant qu’un décret portant réorganisation de l’enseignement supérieur privé est sorti il y a une semaine. Son contenu a été négocié avec tous les partenaires et les représentants des universités privées. Tous les articles de ce décret vont être scrupuleusement mis en application. Nous allons par ailleurs faire un renforcement des ressources humaines à la commission nationale de l’enseignement supérieur pour être capable de suivre de près ce qui se passe dans toutes les universités.
{Parlons de l’examen d’état. Est-ce que le système de cooptation utilisé pour augmenter le taux de réussite se fera aussi cette année ?}
Je suis un peu gêné par cette question car elle suscite un large débat. Nous travaillons sur les résultats envoyés par le ministère de l’Enseignement Supérieur. Je crois qu’il y a eu un problème de communication. Je crois qu’il ne fallait pas porter à la connaissance du public le système de cooptation. Il s’agit de secret de délibération. Je serais plus à l’aise si tous les détenteurs du diplôme d’État passaient des concours d’entrée faculté par faculté.
{C’est ce que vous envisagez de faire ?}
Si les moyens me le permettaient, je le ferai. Parce que je trouve que ce serait plus objectif. Le diplôme d’État te permet d’accéder à l’enseignement supérieur, mais pas nécessairement à la faculté de médecine. Cela diminuerait les lamentations de certains qui espéraient faire telle faculté, mais qui ont été orienté dans une autre.