Cette année, le ministère de l’Enseignement Supérieur a procédé à une cooptation pour hausser le taux de réussite. Néanmoins, un syndicaliste estime que cette mesure diminue la chance de certains lauréats d’accéder à l’enseignement supérieur.
<doc6605|right>« Aucun n’a le droit d’accéder à l’enseignement supérieur sans se soumettre à l’examen d’Etat qui est fait dans tous les pays du monde entier », martèle Julien Nimubona, ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Les propos viennent après sa décision sur les nouvelles règles de réussite à l’examen d’État, désormais conditionné à une note synthétique 50% en considérant 70% des résultats obtenus à l’examen d’Etat proprement dit et 30% de ceux du diplôme des humanités : « Nous devons valoriser notre système éducatif » souligne le ministre.
– [Burundi – Julien Nimubona : "Nos diplômes n’étaient reconnus nulle part, ce ne sera plus le cas"->http://www.jeuneafrique.com/Articles/Dossier/JA2697p104-105.xml0/burundi-education-enseignement-superieur-julien-nimubonaburundi-julien-nimubona-nos-diplomes-n-etaient-reconnus-nulle-part-ce-ne-sera-plus-le-cas.html]
Certains parlementaires estiment que la décision est discriminatoire. Ils pensent que le taux d’échec des élèves de l’intérieur du pays sera accentué. Cependant, un consensus s’est dégagé à savoir la prise en compte des résultats des humanités générales et ceux de l’examen d’Etat.
Le ministre indique être conscient que les élèves ne sont pas responsables des conditions de travail. C’est pourquoi il a demandé au ministère de l’enseignement secondaire de faire une cooptation en considérant l’examen d’Etat, le niveau des élèves, les conditions de travail et l’équité au niveau national.
10.623 étudiants accéderont à l’enseignement supérieur public et privé
Quatre scenarii ont été établi. Pour le premier, sans ajout de points, 6493 réussiraient. Le deuxième, avec 3% supplémentaire à tous les élèves, on passerait à 8394 de réussite. En ajoutant 5%, le nombre monteraient jusqu’à 10361. Le troisième, on ajoute 10%, 11999 accéderaient à l’enseignement supérieur. Le dernier scénario, qui a été pris en compte, est un ajout par section. Le ministère a regardé les points de celui qui eu les meilleurs points et ceux du dernier. Puis, on a fait la moyenne. « Avec ce calcul, on a obtenu 10623 étudiants qui vont accéder à l’enseignement supérieur public et privé avec un diplôme d’Etat », déclare le ministre Julien Nimubona, tout en soutenant que le nouveau système n’aura pas d’incidences sur le nombre des étudiants fréquentant les universités privées.
Cette année, ceux qui sont réussi au premier coup sont autour de 6400. L’année passée, ils étaient 4800. Le taux de participation a augmenté : l’année passé, ils étaient 15mille, tandis que cette année, le chiffre avoisinait 20 mille. Le taux de réussite est de 32%, alors que l’année passée, il était de 39% : « Nous ne voulons pas instaurer un système qui fait échouer les élèves. C’est l’échec de l’enseignement secondaire. »
|Les taux de réussite selon les sections. Dans la section Scientifique B, le taux de réussite a été de 20%. Les élèves n’y sont pour rien, c’est l’évaluation qui n’était pas bonne, selon le ministre de l’enseignement supérieur. Lettres modernes, plus de 40%, Scientifique A, environ 28%. Quant à l’enseignement technique comme l’informatique de gestion, de maintenance, c’est entre 3% à 5%. Par contre pour la technique agricole et de gestion, le taux de réussite est de 79%.|
Seuls ceux qui ont réussi au premier coup seront des boursiers de l’Etat
Néanmoins, précise le ministre de l’enseignement supérieur, tout le monde n’aura pas de bourse, compte tenu du budget et de la capacité d’accueil de l’université du Burundi et de l’Ecole Normale Supérieure. 5000 à l’UB, mille à l’ENS. «Seuls qui ont réussi au premier coup sans la cooptation seront des boursiers de l’Etat (6.493). Les 4.000 iront dans l’enseignement supérieur privé. » Il indique les presque 9.000 qui n’ont pas obtenu le diplôme d’Etat peuvent aller étudier dans les instituts professionnels. Ils obtiendront des diplômes de technicité supérieur ou baccalauréat professionnel, pour une durée de trois ans. Ils sont autour de 11 avec des filières à cycle court.
Tous les responsables doivent se conforment à cette reforme, selon M. Nimubona. Il a exigé un rapport d’inscription, avant le 22 décembre, qui doit montrer par le menu le diplôme. Par après, la commission nationale de l’Enseignement Supérieur fera des descentes sur le terrain au mois de janvier. Ensuite au mois de février sera affiché les étudiants inscrits.
|Le Burundi compte actuellement une seule université publique, 7 privées dont 6 à Bujumbura et 16 instituts supérieurs privés. 40.000 étudiants son attendus en 2015, contre moins de 7.000 en 2006.|
Des lauréats du secondaire abandonneront les études supérieures
Bien qu’il ne soit pas contre la mesure prise par le ministre de l’enseignement supérieur, le président du syndicat Conapes estime que beaucoup de lauréats du secondaire abandonneront les études supérieures. Selon lui, la majorité de ceux qui ont été cooptés viennent de l’intérieur du pays. De surcroît, ils ont droit seulement à l’enseignement privé.
Or, peu sont capables de payer les frais de scolarité des établissements universitaires privés : « Cette mesure est venue bloquer la chance de certains élèves. C’est dommage que le gouvernement se précipite à hausser le taux de réussite sans se pencher sur les conséquences », déplore-t-il. En plus, auparavant, celui ou celle qui avait échoué à accéder à l’enseignement supérieur public pouvait, l’année suivante, refaire l’examen d’Etat. Avec cette nouvelle décision, c’est impossible. « C’est une fuite de responsabilité au moment où on est en train de multiplier les écoles dans tout le pays. »