Alea jacta, les dés sont jetés. La période d’enrôlement qui avait officiellement commencé le 22 octobre a pris fin ce 31 octobre. Se faire enrôler est un devoir hautement civique et citoyen en vue de reconduire ou renouveler la classe politique lors des prochaines élections prévues en 2025, opérer un choix entre continuité et rupture.
Les spécialistes des élections estiment que la période d’enrôlement des électeurs est une étape primordiale puisque le reste des scrutins en dépend. Notamment la constitution du fichier électoral. Les élections transparentes, libres, équitables, démocratiques commencent en amont.
C’est à ce moment que l’on entend des soupçons de fraudes dans la délivrance de la carte nationale d’identité (CNI), l’établissement des documents administratifs afférents au vote, des enrôlements multiples, entre autres sujets soumis à débat. C’est l’heure pour les politiques de mobiliser leur électorat à s’enrôler massivement pour se choisir de futurs dirigeants. « Il faut donc aller vous enrôler pour vous permettre de vous choisir, non pas des dirigeants véreux, mais des vrais leaders ; non pas des détourneurs des fonds publics, mais des gestionnaires intègres ; non pas de démagogues, mais des délivreurs de résultats ; non pas des jouisseurs, mais des travailleurs », a conseillé l’homme politique congolais Augustin Matata aux militants de son parti lors des élections générales de décembre 2023.
À quatre jours de la fin de l’opération d’enrôlement des électeurs, sur 6 millions à l’âge de voter, selon les projections, le président de la Ceni a indiqué que 64,5% des Burundais se sont déjà fait inscrire. Dans les conditions normales, c’est un bon pourcentage qui laisserait comprendre qu’au finish, presque tout le monde se serait fait enrôler de son propre gré.
Ce qui est un peu paradoxal, c’est que cela tranche avec l’approche très contraignante, parfois coercitive de certains administratifs et autorités. Sans récépissé certifiant son enrôlement, le citoyen n’a pas droit à certains services ou documents administratifs. Par exemple, les reporters d’Iwacu ont constaté mardi 29 octobre que pour accéder au marché de Ruvumera, les commerçants devaient préalablement exhiber le récépissé. Pourtant, le Code électoral en vigueur au Burundi n’oblige personne à aller voter. Et à fortiori se faire enrôler. « Il est positif que les autorités encouragent les citoyens à participer aux élections. Mais, en l’absence actuelle du vote obligatoire, un « encouragement » ne devrait pas se transformer en ’’menaces’’ ni en ’’obligations avec sanctions’’ qui risquent d’ailleurs d’être arbitraires si n’importe quelle autorité administrative locale peut les imposer », estime le constitutionnaliste belge Stef Vandeginste qui suit de près les élections au Burundi.
Le pouvoir ne se donne pas, il se prend. Le terrain semble quasiment occupé par le seul parti au pouvoir. Ce qui peut être appelé l’opposition est obnubilé par des discours de salon, des conférences élitistes. « Le Burundi vers un monopartisme de fait », thème que vient de développer récemment un parti politique. Or, une part importante des électeurs semble tomber dans le piège du fatalisme, du pessimisme et du découragement. « Que je vote ou pas, le verdict est déjà connu, le pouvoir a déjà ses candidats. » Nos politiques devraient à ce moment mouiller le maillot, être très proches de l’électorat, l’encadrer, l’accompagner dans ses choix. Bref, le mobiliser. C’est le moment.
Je pense également qu’il est essentiel pour les autorités de se questionner sur les causes de « la faible affluence à l’inscription au rôle d’électeurs » évoquées par les administratifs à la base dans leurs communiqués ou messages « d’encouragement » des citoyens à se faire inscrire. En effet, ne pourront prendre part aux différentes opérations électorales que ceux qui seront déjà inscrits…
« Or, une part importante des électeurs semble tomber dans le piège du fatalisme, du pessimisme et du découragement. »
J’en fais partie . Il n’y a pas d’enjeux, le élections sont déjà terminées et le Cndd-Fdd est vainqueur avec un score brejnévien de plus de 90 %.