Mardi 12 septembre, dans l’avant-midi, Léopold Habarugira, cadre du parti UPD-Zigamibanga, non reconnu, a été enlevé. La famille s’inquiète. Et des réactions fusent de partout.
Sur l’avenue Nyakoni, aux environs de l’Institut des sciences de la santé et de développement communautaire, à Mutanga-nord, zone Gihosha, commune Ntahangwa. Des sources sur place disent que Léopold Habarugira, 54 ans, marchait en compagnie de son épouse. « C’était vers 7 h 30 », précise un étudiant de l’Université Lumière qui se rendait aux cours.
Soudain, poursuit-il, une voiture noirâtre aux vitres teintées s’est immobilisée devant le couple. « Nous, on croyait que ce sont des amis qui s’arrêtaient pour les saluer tant le couple ne semblait pas inquiété. Et il y avait beaucoup de circulation, des étudiants, des élèves, etc.»
Quatre hommes, trois en tenue civile et un autre en tenue policière et armé d’un fusil, sont descendus, glisse un menuisier. Il se rendait à son atelier sis à l’endroit appelé Ku Kasoko. « Ces hommes ont pris le mari, et brutalement, ils l’ont fait monter à bord de leur voiture sous les yeux stupéfaits de sa compagne et des passants.» Il craint pour sa sécurité vu la manière dont il a été arrêté. « C’est malheureux ! Il est temps que ce genre de choses s’arrête dans notre pays », lâche-t-il, avant de continuer son chemin.
Un autre passant déplore le fait que cela se passe en pleine journée alors que dans tous les coins de la ville, des policiers grouillent. « Comment est-ce que des voitures sans plaques d’immatriculation traversent tous les barrages de la police ? » Pour lui, il ne fait guère de doute qu’il y a une implication de certains policiers dans ce genre d’opération.
« Tirez! »
Les témoignages de la scène d’enlèvement assurent que M. Habarugira a essayé de résister. « Abasourdis, certains passants ont voulu lui porter secours », confie I.K., un autre témoin oculaire. Et un de trois hommes en tenue civile a ordonné au policier armé : « Tirez! » Avec cet ordre, les passants ont reculé, et la voiture a démarré en trombe en direction de Gikungu.
Libérate Nzitonda, l’épouse de Léopold Habarugira, indique, encore sous le choc, que cette voiture n’avait pas de plaque d’immatriculation. « Après, j’ai alerté la police, le CICR et la CNDIH. » Contactée dans l’avant-midi de ce mercredi, elle affirme que ni la police, ni la Cnidh ne l’ont approchée pour s’enquérir de la situation. « Dieu seul sait le sort de mon époux. Que Dieu pardonne à ceux qui l’ont enlevé.» Cependant le porte-parole de la police avait déclaré ce jour-là qu’il n’était pas au courant de cette disparition.
Les témoins parlent d’une scène de panique après cet enlèvement. « Je sortais de l’intérieur de ma parcelle. J’ai vu une femme crier à tue-tête : ‘Ils viennent de le kidnapper.’ Elle courrait vers Mont Sion, elle pleurait et tremblotait », décrit un homme croisé près de l’Institut des sciences de la santé et de développement communautaire. Il affirme qu’il a tenté de l’arrêter pour savoir l’identité de la victime, en vain. « Cette femme essayait de téléphoner, sans succès, parce qu’elle tremblotait beaucoup.» Par la suite, il dit avoir appris qu’il s’agissait d’un enlèvement d’un homme politique.
D’autres sources confient que M. Habarugira venait de rentrer d’une visite de trois jours en Tanzanie.
Pour rappel, Zedi Feruzi, président de l’Upd-Zigamibanga a été assassiné, le 23 mai 2015, à Ngagara, avec son garde du corps. Deux mois après, Patrice Gahungu, porte-parole de ce parti, subit le même sort, à une vingtaine de mètres de son domicile, le 7 septembre 2015, à Gisandema, zone Gihosha commune Ntahangwa.
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Son parti craint le pire
« Tous ces enlèvements orchestrés par Bujumbura s’inscrivent dans la droite ligne de l’exécution d’un plan d’élimination physique des opposants », réagit Chauvineau Mugwengezo, président du parti UPD-Zigamibanga, aile non reconnue par le pouvoir. Ainsi, il demande à la population d’aider à localiser l’endroit où se trouverait Léopold Habarugira. Il exhorte la police à mettre tout en œuvre pour obtenir sa libération immédiate. Cet opposant demande enfin à l’Office du Haut-Commissaire des droits de l’Homme au Burundi de se mobiliser pour retrouver les traces de Léopold avant que l’irréparable ne soit commis.
« Que Léopold Habarugira soit retrouvé. »
Pour Abdoul Kassim, président de l’UPD-Zigamibanga, « la vie est sacrée et doit donc être protégée. » Ce politicien proche du pouvoir demande aux corps de défense et de sécurité de tout faire pour le retrouver afin qu’il puisse regagner sa famille.
La police appelle à témoin
Pierre Nkurikiye, porte-parole de la police, fait savoir que la femme de Léopold Habarugira s’est présentée au poste de police ce jeudi pour porter plainte. Selon lui, l’enquête est en cours. Et de lancer un appel à témoin : « Quiconque serait détenteur d’une information sur cette affaire est prié d’en aviser le poste de police le plus proche. »
Qui est Léopold Habarugira ?
Léopold Habarugira, 54 ans, est un homme d’affaires et trésorier du parti UPD Zigamibanga non reconnu par le gouvernement. Sa famille évoque un homme jovial. Les politiques parlent de quelqu’un à l’écoute de tous. Fervent catholique, il est pourtant très proche du milieu musulman. Très bon en affaires dès son jeune âge, il décide d’interrompre ses études à la fin de l’école primaire pour se lancer dans le commerce.
Très vite, ses affaires prospèrent. Né en 1963, dans la zone Kamenge, commune Ntahangwa, au nord de Bujumbura, il est l’aîné d’une fratrie de 7 enfants. Il se lance en politique avec la rébellion Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (Cndd-Fdd).
Il ne rejoint pas le maquis mais devient une des pièces maîtresses de la collecte des fonds pour le parti de l’Aigle. Une forte amitié le lie avec l’ancien patron du Cndd-Fdd, Hussein Radjabu.
Sa femme sera la secrétaire particulière et confidente de ce dernier, avant d’être sénatrice en 2005. En 2007, Hussein Radjabu tombe en disgrâce. Léopold Habarugira, père de cinq enfants, dont trois garçons, et plusieurs dignitaires proches de Radjabu claquent la porte du parti pour rejoindre le parti UPD-Zigamibanga en 2007.
Après son enlèvement, sa famille se dit dévastée. Sa sœur ne s’avance pas sur les mobiles de son enlèvement : « Mon frère est un commerçant réputé et un homme politique, il est difficile de trancher… » Toute la famille, confie-t-elle, est dans l’attente de son retour.
En dépit de toutes ces preuves et d’autres antérieures car ce n’est pas la première personne à être enlevée probablement par le pouvoir à ce que je sache, Mr NYAMITWE sillonne le monde pour démentir (sans preuves évidemment) le rapport des Nations Unies sur les crimes contre l’humanité commis au Burundi depuis avril 2015. Des milliers de burundais sont victimes depuis deux ans et cinq mois des crimes graves évoqués dans le rapport, mais c’est après la publication du rapport que les communicants du régime dont Nyamitwe, Ndayishimiye Evariste et j’en passe, évoquent la possibilité de poursuites des crimes par la justice burundaise. Le rapport a montré clairement la soumission de la justice burundaise à l’exécutif. L’enlèvement de Mr HABARUGIRA s’inscrit donc dans le cadre de la campagne de répression des opposants et de tous ceux que le pouvoir en place soupçonne de ne pas soutenir el 3è mandat de plus en plus complexe et intenable de l’actuel Président. La justice burundaise complice ne fera rien.
Le prix de la question la plus pertinente reviendra à ce passant qui » déplore le fait que cela se passe en pleine journée alors que dans tous les coins de la ville, des policiers grouillent. « Comment est-ce que des voitures sans plaques d’immatriculation traversent tous les barrages de la police ? »
Sachant que l’épouse de M. Habarugira confirme l’absence de plaque d’immatriculation sur le véhicule, cela implique que soit la police est d’une incompétence crasse et était incroyablement distraite ce jour-là, ce qui pose alors question sur la capacité des forces de l’ordre d’assurer la protection des citoyens burundais. Ou bien, deuxième hypothèse, la police est de mèche avec les kidnappeurs. Je laisse à chacun le soin d’imaginer quelle pourrait être l’hypothèse la plus crédible…
@Yves
Ou bien ils ont enlevé temporairement la plaque pour la remettre après. Est-ce dans l’ordre du possible? Où est-il mentionné qu’ils ont dû rouler dans la ville toute entière?
Et des questions se posent quand même. Pour quelle raison ces ravisseurs ont-ils choisi d’utiliser un véhicule sans plaque? Le SNR dispose quand même de moyens de se fabriquer de fausses plaques que ses agents pourraient utiliser pour éviter tous soupçons.
Selon vos hypothèses, ils ont été assez stupides pour se dire : « Prenons un véhicule sans plaque pour que tout le monde pense que c’est nous! »… Ou c’est peut-être l’autre camp qui s’est dit : « Prenons un véhicule sans plaque pour que tout le monde pense que c’est le SNR qui l’a enlevé! »
Et j’aime bien votre dernière phrase. Je prends la liberté de la citer :
Je laisse à chacun le soin d’imaginer quelle pourrait être l’hypothèse la plus crédible…
@Gacece : « Ou bien ils ont enlevé temporairement la plaque pour la remettre après ». Parce que bien sûr, les policiers en faction ne prendront pas la peine de contrôler un véhicule aux vitres teintées (avec ou sans plaque) qui tenteraient de sortir de Bujumbura ^^ Du coup, votre version des faits serait la suivante : des membres de l’opposition, qui ont réussi préalablement à voler un uniforme de policier et à se procurer un véhicule aux vitres teintées, ont décidé d’enlever l’un de leurs semblables (au diable les contradictions ^^). Après avoir miraculeusement évité les contrôles policiers, ils enlèvent rapidement leurs plaques d’immatriculation afin de faire croire à un coup du SNR, puis font leur descente et kidnappent M. Habarugira. Ils arrivent ensuite à trouver le temps de remettre deux plaques d’immatriculation, tout en évitant les multiples barrages policiers. Le tout en plein jour, bien entendu. Vous êtes fin prêt pour Hollywood 😉 Diantre, que faites-vous encore ici alors que vous pourriez devenir l’un des scénaristes les plus en vue du grand écran ?
Ps : je laisse à chacun le soin d’imaginer quelle pourrait être, entre la votre et la mienne, l’hypothèse la plus crédible ^_^
@Yves
Vous avez oublié la partie où ils n’ont pas besoin de sortir de Bujumbura! Il suffit de planquer le vehicule dans un des domiciles avec ces gros enclos. Ni vu ni connu!
Continuons, on s’approche peut-être de la réalité. Utilisez encore mieux votre imagination!
@Gacece : parce que bien sûr, la police et ses auxiliaires ne quadrillent pas la ville et se contentent d’attendre en périphérie aux axes de sortie de la ville ? Hahaha
@Yves
S’ils quadrillaient toute la ville, aucun crime ne se commettrait. Et même si c’était le cas, des complicités peuvent exister.
Arrêtez de « ne pas faire semlant » de jouer au bouffon! Aucun système de sécurité, qu’il soit composé d’humains, de machines ou autres moyens de préventions ou de surveillance, n’est infaillible!
Ça c’est la chute du pouvoir DD je vous assure! Rindira gato muzobona agahinda!
@Bundes
« Ça c’est la chute du pouvoir DD je vous assure! Rindira gato muzobona agahinda! »
Je croirais que vous en êtes persuadé si vous nous disiez que vous avez commencé à faire la fête…Sinon bla bla bla!
Des terroristes l’ont kidnappé ! N’Est-ce pas M. Nyamitwe ?