Pour que les élections de 2015 ne se transforment pas en un concours de clientélisme, les acteurs politiques et partenaires sociaux doivent s’atteler à la mise en place d’une démocratie électorale. Plusieurs facteurs concourent à ce processus, notamment une opposition crédible. Quid des conditions pour une opposition crédible au Burundi en vue des prochaines échéances électorales ?
L’ADC-Ikibiri est une opposition irréductible au Cndd-Fdd. D’où l’affaiblissement de son noyau dur (FNL, MSD, UPD et Cndd) par le phénomène de {nyakurisation} de deux partis : seuls le FNL d’Agathon Rwasa et l’UPD de Chauvineau Mugwengezo demeurent membres de cette coalition.
Par ailleurs, à partir d’août 2010 jusqu’à la tenue de l’atelier de réflexion sur les leçons apprises des élections de 2010 – par la suite, un changement en termes de libertés politiques s’observe notamment pour le MSD -, la violence et la marginalisation politiques au moyen de l’emprisonnement et l’interdiction de tenir une réunion à l’encontre de l’ADC, ont abouti au rétrécissement de l’espace politique. Au point d’inspirer ces propos à Parfait Onanga-Anyanga, Représentant Spécial et Chef du Bureau des Nations Unies au Burundi : « Aujourd’hui, le plus grand danger pour le Cndd-Fdd n’est pas de perdre les élections en 2015. S’il y avait des élections organisées maintenant, le Cndd-Fdd est en position de les gagner clairement. Le plus grand danger, pour lui, par contre, c’est de se présenter seul aux scrutins. Et cela serait un grand coup pour la jeune démocratie burundaise ».
Un processus de réunification est en cours entre le Frodebu et le Frodebu Iragi rya Melchior Ndadaye, selon Léonce Ngendakumana, président du Frodebu. S’il arrive à terme, cela irait dans le sens de la consolidation de l’ADC. Cependant, à deux ans des prochains scrutins, il pourrait s’agir de la mise en branle de la cinquième colonne pour saper l’ADC.
Quant au FNL, l’actuel président, Emmanuel Miburo, convoquera un nouveau congrès national en août prochain, conformément aux statuts du parti. Agathon Rwasa – considéré comme un simple militant par les nouveaux dirigeants du parti -, devrait sans coup férir occuper derechef le fauteuil présidentiel à la faveur de cette occasion. En effet, pour nombre d’observateurs avisés de la scène politique burundaise, Agathon Rwasa est le seul homme politique à pouvoir rivaliser avec le président Nkurunziza.
L’ADC s’en trouverait consolidée et constituerait ipso facto une force politique alternative crédible face au parti de l’aigle. A fortiori si les présidentiables de l’ADC font taire leurs egos respectifs en acceptant que le leadership de cette coalition soit dévolu au parti le plus représentatif et à son président. Et que les processus de réunification des différentes ailes du parti FNL et de l’UPD se déclenchent et arrivent à terme. Toutefois, une inconnue demeure : « Agathon Rwasa a-t-il la volonté de mener un combat politique pour redevenir le leader du FNL, avec les menaces d’assassinat qui pèsent sur lui ? Une réponse négative changerait la donne pour l’ADC et signifierait la mort politique d’Agathon Rwasa.