Enfin le congrès du Cndd-Fdd va avoir lieu

Attendu depuis le début de cette année, le congrès pour désigner le candidat présidentiel du Cndd-Fdd est enfin annoncé pour ce samedi, 25 avril. La classe politique et la société civile restent pessimistes quant au respect de la Constitution et de l’Accord d’Arusha.

Mercredi, 22 avril 2015. Pascal Nyabenda, président du parti de l’aigle, déclare à la Voix d’Amérique que le congrès de son parti sera tenu le weekend.

En guise de rappel, lors de la marche manifestation du 11 avril, dédiée à «l’unité des Bagumyabanga», M. Nyabenda avait promis aux militants de son parti qu’ils ne seront pas déçus : «Le candidat, c’est celui-là même auquel vous faites tous allusion.»

Selon la classe politique et la société civile, il n’y a pas à douter : c’est Pierre Nkurunziza, actuel président de la République. Sauf par miracle.

Aimé Magera : «Tout le monde voit le danger venir»

Le congrès de ce samedi, anticipe le porte-parole d’Agathon Rwasa, n’augure rien de bon : « Ce n’est plus un secret pour personne, Nkurunziza a décidé de foncer pour un 3ème mandat illégal. » Selon M. Magera, en témoignent les limogeages de ses compagnons de lutte pour l’avoir désavoué dans sa mésaventure et les messages de terreur lancés par la clique de « mercenaires » autour de lui.

Une fois la candidature de Nkurunziza imposée au peuple burundais, Aimé Magera fait savoir que son camp sera obligé d’agir : « Nous allons poursuivre le combattre politique que nous menons depuis 35 ans, en utilisant les outils possibles que la loi nous confère. »

Objectif, précise-t-il, instaurer une fois pour toute au Burundi un Etat de droit. La stratégie, se réserve-t-il, sera communiquée le moment venu.
Le danger qui guette, observe Aimé Magera, n’est pas une affaire burundo-burundaise. Il va au-delà du Burundi et touche la communauté internationale qui n’a cessé d’assister le Burundi.

En effet, il implore celle-ci à prendre ses responsabilités en refusant de soutenir un président de la République « putschiste » et de tous les dangers : «Il serait paradoxal que la Communauté internationale appuie un président sans légalité ni légitimité, qui viole de façon flagrante la Constitution et l’Accord d’Arusha. »

Et de demander aux partenaires du Burundi de prendre des dispositions qui s’imposent en l’occurrence le non financement des élections.

Richard Nimbesha : « Un congrès sans nous est contre nous »

Pour lui, les frondeurs n’attendent pas grand-chose de ce congrès : «Il peut aboutir sur de bonnes décisions tout comme il peut être un fiasco.» Cependant, la grande probabilité pour cet ancien sénateur est que le congrès accouche d’une souris: « Un congrès sans nous est contre nous.»
Par conséquent, poursuit-il, c’est un congrès contre les patriotes et démocrates. Pout étayer cette affirmation, Richard Nimbesha explique que les congressistes sont traités des esclaves : «Ils ne savent ni le lieu, ni l’heure, ni les points à l’ordre du jour car tout leur sera communiqué à la dernière minute. »
Par miracle, Richard Nimbesha espère que le Saint-Esprit pourra descendre sur le président Nkurunziza afin qu’il renonce au 3ème mandat et propose un autre candidat. « Dans ce cas, nous lui demandons alors de s’activer à désarmer la milice qu’il a lui-même armée et de mettre en place une Ceni qui rassure tout le monde pour que les élections se déroulent dans un climat apaisé. »
Toutefois, Richard Nimbesha constate que l’actuel président de la République est prêt à briguer un 3ème mandat: « Dans ce cas, il partira comme Blaise Compaoré. Il aura commencé la guerre et elle se terminera chez lui. »

Vital Nshimirimana : «Nous allons protester la candidature de M. Nkurunziza pacifiquement»

Selon le délégué général du Forsc, si le Cndd-fdd annonce le Président de la République actuel comme son candidat aux prochaines présidentielles, le message est clair et sans équivoque : le Forsc appellera les Burundais à protester pacifiquement sur la voie publique dès dimanche le 26 avril : « Nous rappelons à tous les Burundais, épris de paix et qui soutiennent la constitution à se mobiliser pour protester pacifiquement contre ce troisième mandat.»
Et pour cause, explique M. Nshimirimana, c’est le peuple Burundais qui a placé sa confiance en lui en 2005 et en 2010. Bien plus, indique Vital Nshimirimana, l’Accord d’Arusha et la Constitution qui en émane et qui ont permis de mettre fin à 10 ans de guerre civile ayant emporté plus de 300 mille vies humaines, ne peuvent pas être foulés au pied par l’égoïsme et par-dessus tout, l’arrogance d’un seul homme.

Et si la police ou d’autres forces songent à perturber cette marche où à opérer des casses, il appartiendra au président de la République et à son gouvernement d’endosser la responsabilité : « Le peuple a déjà démontré dans le passé qu’il peut organiser des manifestations monstres sans faire des casses. »

Dr. Jean Minani: «Ce congrès est une auto proclamation de la candidature de M. Nkurunziza»

Selon le président du parti Sahwanya Frodebu Nyakuri, tous les signes le confirment. M. Minani cite le président du parti au pouvoir M. Pascal Nyabenda : «Les Bagumyabanga ne veulent pas quelqu’un d’autre que Pierre Nkurunziza.»
Si ce n’est pas lui, se demande-t-il, pourquoi n’a-t-il pas jusqu’à présent réagi à l’appel lancé par l’Eglise catholique, la Communauté internationale, etc., de ne pas briguer le 3ème mandat.

Avec la succession des limogeages de toutes les personnes qui osent s’inscrire en faux contre «le mandat de trop» en commençant par son porte-parole, cela ne fait aucun doute. En plus, Jean Minani avance que le fait que M. Nkurunziza a créé une milice prouve qu’il n’a pas confiance en la loyauté des Forces de défense et de sécurité.

Cependant, pour le président du Frodebu Nyakuri, avec la confirmation du 3ème mandat, la situation politico- sécurité va sûrement dégénérer. « Nous allons crier, manifester notre désaccord et refuser avec vigueur cette candidature ! », rugit Dr Minani, pour monter sa détermination. D’après lui, Pierre Nkurunziza perdra toute légitimité. D’ailleurs, il peut ou va être poursuivi pour haute trahison.