Mardi 25 mars 2025

Santé

Enfin, le Burundi introduit le vaccin antipaludéen, mais…

24/03/2025 1
Enfin, le Burundi introduit le vaccin antipaludéen, mais…
Une forte affluence des mères à l’hôpital de Mpanda pour faire vacciner leurs enfants

Des enfants âgés de six à 11 mois vont désormais recevoir le vaccin contre le paludisme depuis ce lundi 17 mars 2025. Neuf provinces prioritaires comprenant 25 districts sanitaires ont été choisies. Les parents jubilent et demandent que ce vaccin s’étende sur tous les enfants. Mais, seul le vaccin ne suffit pas.

« Aujourd’hui marque une étape significative avec l’introduction du vaccin contre le paludisme au Burundi. Cette initiative reflète notre engagement fort et indéfectible dans la lutte contre le paludisme en combinant des interventions stratégiques à fort impact et une volonté collective de protéger nos enfants », a déclaré Lyduine Baradahana, ministre de la Santé publique et de la lutte contre le sida. C’était ce lundi, 17 mars, à Mpanda, en province Bubanza, lors du lancement officiel de ce vaccin.

D’après elle, la réduction de la mortalité liée au paludisme chez les enfants de moins de 5 ans est une étape importante vers un avenir plus sain et promoteur pour la prochaine génération.
« L’introduction de ce vaccin nous rapproche également d’un futur où aucun enfant ne mourra d’une maladie évitable comme le paludisme. Nous ouvrons la voie vers un Burundi sans paludisme. »

Avec ce vaccin, Mario Jimenez, responsable pays pour le Burundi à Gavi (Alliance du vaccin), a indiqué que le Burundi rejoint 17 pays africains qui l’ont déjà intégré dans leurs programmes de vaccination de routine.
« Cette avancée permettra de sauver des milliers de vies d’enfants, de soulager les familles et de réduire la pression sur le système de santé du pays. »
D’après lui, le paludisme, l’une des maladies les plus dévastatrices au monde est devenu une autre maladie évitable par la vaccination. « L’intégration de ce vaccin dans le programme de vaccination de routine pour les enfants est une grande avancée. Il signifie moins d’hospitalisations, moins de souffrance et plus d’enfants qui grandissent en bonne santé. »

A son tour, Dr Xavier Crespin, représentant de l’OMS au Burundi a indiqué que l’adhésion du Burundi à cette stratégie contribuera effectivement et de façon très efficace à la réduction de la morbi-mortalité liée au paludisme des enfants cibles. « Il y a un an, nous étions préoccupés par le manque de vaccin disponible. Aujourd’hui, nous atteignons rapidement un point où l’offre répond à la demande. En effet, grâce à l’appui financier de GAVI (Alliance du vaccin), 1.445.500 doses de vaccin ont été sécurisées pour le Burundi dont 543950 doses ont été déjà réceptionnées dans le pays. »

Procédant au lancement officiel de ce vaccin sous le thème : « le vaccin contre le paludisme est disponible au Burundi : faisons vacciner nos enfants! », Angeline Ndayishimiye, Première Dame, a ainsi précisé que désormais les concernés vont recevoir quatre doses. Le calendrier de vaccination étant de six mois, sept mois, 9 mois et 18 mois. « Le but est de réduire la maladie et la charge du paludisme. »

Satisfaction des parents

« C’est vraiment une très bonne nouvelle. Je me sens très contente de voir mon enfant vacciné contre la malaria. J’espère qu’il ne va pas tomber souvent malade », se réjouit Adélaïde, la trentaine, native de Mpanda après la réception de ce vaccin.

Cette mère de cinq enfants dont un de dix mois affirme que dans sa région, le paludisme est une réalité. « Normalement, dans la plaine de l’Imbo, il y a trop de moustiques. Ce qui fait qu’il y a beaucoup de cas de paludisme que ce soit chez les enfants ou les adultes. » Elle signale d’ailleurs que l’année passée, elle a perdu un membre de la famille à la suite du paludisme. « En fait, il est allé se faire soigner étant déjà affaibli. On pensait que c’est de la sorcellerie. Et il est resté à la maison. Quand il est parti à l’hôpital, on lui a diagnostiqué la malaria mais il était déjà tard. » Ainsi, Adélaïde demande que ce vaccin soit étendu sur d’autres tranches d’âge y compris les adultes.

P.I, un homme de Mpanda, province Bubanza ne cache pas lui aussi sa satisfaction. « Le paludisme faisait rage dans nos familles surtout les enfants et les hommes âgés étaient très affectés. J’ai déjà perdu deux petits enfants suite à la malaria. Nous espérons qu’actuellement, les choses vont changer. » Le sexagénaire plaide pour les autres tranches d’âges. « Oui, les enfants sont très affectés. Malheureusement, ce ne sont pas tous les enfants qui seront vaccinés. Nous demandons au gouvernement de faire tout pour qu’au moins la vie de nos petits enfants jusqu’à 5 ans soit épargnée. Et si possible, il faut penser aussi aux adultes surtout les personnes âgées. »

Natif de Gitega mais rencontré à Musenyi, commune Mpanda, province Bubanza, Joseph Bukuru, apprécie également l’introduction du vaccin antipaludique au Burundi. « Moi je suis venu ici pour cultiver le riz. Après la récolte, je rentre chez moi, à Bugendana dans la province Gitega. J’ai entendu que ma province ne figure pas sur la liste. C’est déplorable. A mon avis, ce vaccin devait concerner tous les enfants au niveau national. » Il affirme que dans sa province, les cas de paludisme sont aussi fréquents surtout après l’intensification de la riziculture.

Il faut noter que les provinces prioritaires pour ce vaccin antipaludique sont Bubanza, Cibitoke, Kirundo, Ngozi, Muyinga, Cankuzo, Ruyigi, Rutana et Karusi. « L’incidence et la mortalité liées au paludisme y sont particulièrement élevées notamment chez les enfants de moins de 5 ans », a justifié le ministère de la santé publique et de la lutte contre le Sida.

Face aux doléances des parents, GAVI a promis de faire de son mieux pour que tous les enfants burundais puissent avoir un vaccin antipaludique. Une promesse faite ce mercredi 19 mars, après une rencontre de la délégation de cette organisation avec la Première Dame.

Le vaccin ne suffit pas

Angeline Ndayishimiye : « Ce vaccin ne vient pas remplacer les méthodes préventives déjà existantes. Il vient les renforcer pour réduire au maximum les cas de paludisme et les cas décès qui en résultent »

« Afin d’accélérer la lutte contre le paludisme, ce vaccin doit être utilisé en combinaison avec d’autres mesures de prévention de réponse tels que l’utilisation des moustiquaires imprégnés d’insecticides, le traitement préventif intermittents chez les femmes enceintes, le dépistage rapide et le traitement correct de tous les cas de paludisme », a prévenu Dr Xavier Crespin, représentant de l’OMS au Burundi.

Un message également relayé par la Première dame Angeline Ndayishimiye. « Ce vaccin ne vient pas remplacer les méthodes préventives déjà existantes. Il vient les renforcer pour réduire au maximum les cas de paludisme et les cas décès qui en résultent. »
Selon elle, il faut aussi une bonne alimentation pour que le corps ait des anticorps suffisants pour sa défense.

Même son de cloche chez Albert Mbonerane, représentant légal d’Aluma-PSM (Association de lutte contre la malaria-Promotion de la Santé mentale). « Cela faisait longtemps qu’on attendait l’introduction de ce vaccin. Néanmoins, pour éradiquer le paludisme, le vaccin ne suffit pas. »

En plus de l’usage de moustiquaires imprégnées, il trouve qu’il est également important de mettre en avant le suivi et la sensibilisation.
« Dernièrement, il y a eu une campagne de distribution des moustiquaires. Mais, il n’y a pas eu de vérification de leur bon usage dans les ménages. C’est pourquoi on voit des gens qui les utilisent pour d’autres fins. »

Ici, il donne l’exemple des moustiquaires utilisés comme poulaillers d’autres pour « clôturer » des champs des amarantes, etc. « Cela constitue une preuve que les gens ne comprennent pas bien l’importance de leur usage afin de prévenir le paludisme. »

M.Mbonerane propose en outre de mettre beaucoup d’efforts dans l’assainissement. Selon lui, quand il y a des eaux stagnantes autour des maisons, dans les quartiers, dans les caniveaux, ces endroits sont des lieux favorables à la reproduction des moustiques, vecteurs du paludisme.

Il suggère aussi la pulvérisation intra-domiciliaire. « Il faut passer ménages par ménages. Quand nous utilisons des moustiquaires imprégnées d’insecticides, nous les posons dans la maison, au-dessus de nos lits. Et dans ce cas, rien ne garantit que tous les moustiques soient tués. Oui, cette technique est couteuse mais elle permettrait de neutraliser la majorité des moustiques qui circulent dans la nature. » D’après lui, un moustique femelle (anophèle) peut pondre, avant de mourir, 150 œufs.

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1 réaction
  1. saleh

    Que vaccin a-t-on introduit au Burundi?
    RTS,S/AS01 (Mosquirix) ou R21/Matrix-M?

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Le paludisme en chiffres au Burundi

D’après le bulletin épidémiologique du Burundi, en février 2019, 141827 nouveaux cas de paludisme ont été enregistrés soit une augmentation de 43805 cas (44,7%) à la même période en 2018. D’après l’enquête démographique de santé au niveau national, au Burundi, fin 2021, près de 5,7 millions de cas de paludisme ont été recensés, pour une population de 12,6 millions d’habitants. « Ceci représente une augmentation de 30 pour cent par rapport à la même période en 2020, où près de 4,4 millions de cas avaient été enregistrés. » En revanche, précise la même source, le nombre de décès a diminué de 41% entre les deux périodes, avec 1 519 décès en 2021 en date du 12 décembre contre 2 589 décès à la même date en 2020. « La baisse progressive des décès témoigne d'une amélioration de la prise en charge du paludisme en milieu hospitalier. » Cette enquête indique d’ailleurs depuis début juillet 2021, le Burundi est resté dans une situation d’alerte épidémique concernant le paludisme, contrairement à l’année 2020 où le pays était resté en situation normale. Pour sa part, le Système national d’information sanitaire (SNIS) montre qu’au Burundi, le paludisme demeure un problème majeur de santé publique : « C’est une maladie endémique dans le pays, avec deux pics annuels de transmission (avril-mai et juin), entraînant des niveaux élevés de transmission dans certains districts. Elle reste l’une des principales causes de morbidité et de mortalité, avec une incidence de 399,1 cas pour 1 000 habitants en 2023. » L’analyse des données a révélé que le paludisme représentait 20,9 % des consultations médicales en 2023 et 59,4 % des décès hospitaliers en 2021. Au Burundi, les enfants de moins de cinq ans constituent la population la plus vulnérable face au paludisme. Parmi les 4 857 556 cas de paludisme signalés en 2023, 2 235 481 concernaient en effet des enfants de moins de cinq ans, soit 46 % de la morbidité liée à cette maladie. « En 2021, l’incidence de cette maladie était particulièrement élevée dans les provinces du nord-est et nord-ouest du pays. Au 12 décembre 2021, huit districts sanitaires, soit 16 pour cent des districts sanitaires du pays, ont dépassé le seuil d’alerte épidémique. »

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  1. saleh

    Que vaccin a-t-on introduit au Burundi?
    RTS,S/AS01 (Mosquirix) ou R21/Matrix-M?

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