Le chanteur aurait récolté plus de 17 millions de Fbu lors de son concert, ce dimanche, au Cercle Nautique de Bujumbura. Somme amplement suffisante pour que « le député sans Yeboyebo », comme il aime qu’on l’appelle, puisse s’acheter cette Yeboyebo, voiture des parlementaires lors de la législature de 2005.
Un millier de mélomanes avait fait le déplacement et il fallait débourser 20.000 Fbu pour franchir la porte d’entrée. Mais l’enjeu était ailleurs que sur les revenues par ticket vendu : les dons. Pour ce, un livre d’or a été crée afin de venir en aide à l’artiste, pour sa carrière et son prochain parcours artistique. La condition pour avoir son nom mentionné dans ce gros registre était de faire un don de 1.000.000 Fbu. Condition adressée sans conteste au membre V.I.P (Very Important Person) qui n’ont pas manqué de venir soutenir Kaka Boney.
Un député a remis 2.000.000 Fbu, le Président du parti CNDD-FDD, Jéremie Ngendakumana a pour sa part promis 5.000.000 Fbu. La liste des donateurs est longue mais le montant récolté s’élève en tout à a peu près 17.000.000 fbu.
Ayant fait le tour des V.I.P, le « petit peuple » fut aussi sollicité à l’aide d’enveloppe afin de pouvoir donner ce qu’il peut comme soutien. Un public froid, calme sans remous ni vagues était glacialement là. Paci, chanteur du groupe Etoile du Centre se permet même de lancer une blague: «Est-ce parce qu’on est au bord du lac que vous êtes si froids ou bien ? » Les artistes dévoreurs de scène comme Roméo se donnent du mal pour réveiller ce public.
Il faudra attendre Riziki avec « Urihangana mwana n’uko zubakwa » (Tolère mon enfant, c’est ainsi qu’on fait son foyer) suivi de « Inzoga » (La bière) de Paci pour bousculer tout ce petit monde.
Et enfin, la star tant attendue, Kaka Boney, fait son apparition dans une subite clameur de ce public, dormeur auparavant. Premier morceau « Mawe » (Ma mère). Chanson douce, mélancolique qui relate la mort inopinée de sa mère. La deuxième est sans équivoque : « Que ceux qui peuvent payer la facture de Dieu reste assis et que celui qui ne peut pas, se lève et danse avec moi », exhorte Kaka, incitant tout le public à bouger debout. La troisième est un hymne au président de la République, Pierre Nkurunziza ; « Inyenyeri ya Afrika » (Étoile d’Afrique).
Morceau très bien ovationné par ce public composé d’une bonne brochette de membres du parti au pouvoir à l’instar de son président et de l’Ombudsman. Rien d’étonnant quand on sait que Kaka Boney est l’un des chantres d’une victoire « écrasante » du CNDD-FDD lors de la dernière campagne électorale.
Cette fois-ci, la campagne n’était visiblement pas politique, mais plutôt financière. Et le coup à plutôt réussi.
