La pitié et la compassion qu’inspiraient ces enfants ont fait place à la peur. Ils se sont transformés en de véritables criminels.
Au centre-ville de Bujumbura, dans les environs, et même dans certains quartiers, des enfants en situation de rue sillonnent la ville en groupe de plus de trois. Ils mendient. Certains d’entre eux, pourtant, se sont adonnés à de mauvaises pratiques, ils volent. Téléphones portables, accessoires de véhicules, argent, etc. « Ils n’ont plus peur de rien », déplore un marchand de cartes de recharge travaillant à proximité du Palais des Arts de Bujumbura.
Dernièrement, le magazine Jimbere rapportait une attaque de ces enfants contre une femme et un policier. En groupe, ils se seraient attaqués à une femme et lui auraient volés 2 millions de BIF. Ils s’en seraient aussi pris à un policier qui voulait intervenir, lui auraient volé son pistolet avant de disparaître dans les trous d’égouts sur le Boulevard de l’UPRONA.
Marchands, chauffeurs, tenanciers de plusieurs sortes d’activités au centre-ville de Bujumbura sont unanimes : « Ces enfants constituent un vrai danger public. Si rien n’est fait, ils commettront des crimes plus graves. »
Des témoignages alarmants
Beaucoup sont ceux qui se méfient du passage de ces enfants en mairie de Bujumbura. Ce ne sont pas les tenanciers des stands le long de l’Avenue de la Mission qui diront le contraire.
« Nous sommes toujours aux aguets. A leur passage, ils prennent quelque chose. Si tu n’es pas très vigilant, tu ne peux même pas remarquer ce qu’ils ont dépouillé», observe P.N., un d’entre eux. Ils lui ont déjà volé un fer à repasser, deux multiprises, une radio et ont cassé le verre d’une des horloges qu’il vendait. « Je suis allé chercher des petites coupures de monnaie pour un client, à quelques mètres. A mon retour, une des radios n’était plus là en l’espace de moins de deux minutes. Je ne comprenais pas. Je croyais qu’un de mes collègues l’avait vendu en mon absence. J’ai été étonné de constater que non», a-t-il témoigné.
P.N. a de nouveau été pris pour cible, mais cette fois-ci en sa présence. Un des enfants a pris un fer à repasser, profitant d’un moment d’inattention de P.N qui discutait avec un client. « Une femme à côté a crié au secours et tout le monde a été alerté quand j’ai voulu l’attraper pour qu’il ramène le fer à repasser. Il a couru et d’autres venus de nulle part ont commencé à nous lancer des pierres et autres objets métalliques. Un d’entre eux a cassé une horloge que je vendais aussi».
Selon N.A., sexagénaire, qui déclare travailler au centre-ville depuis 25 ans, la plupart de ces enfants ont grandi dans la rue. D’autres pourtant ont des familles dans les quartiers périphériques de Bujumbura. Ils viennent le matin et rentrent le soir. « Il y en a qui sont venus en bas-âge et qui habitent vraiment dans la rue. Ils prennent plusieurs types de stupéfiants. C’est pourquoi parfois ils n’ont peur de rien. Certains parents ont une responsabilité dans ces crimes. Il y en a qui envoient leurs enfants dans la rue pour mendier».
« L’impunité aggrave les crimes »
Les tenanciers des commerces au centre-ville de Bujumbura demandent à l’administration et à la police de trouver une solution à ce problème, sinon le risque est grand d’une aggravation des crimes, préviennent-ils.
Jean-Marie Ndihokubwayo, marchand de vêtements, affirme que c’est tout un réseau de criminels à démanteler et non seulement des enfants : « Ces enfants volent des choses dont ils ne connaissent même pas la valeur, ni le marché où ils se vendent. Leur organisation montre qu’il y a quelque part quelqu’un qui les prépare pour faire ces coups. Je pense qu’il s’agit d’un réseau de criminels qui se sert de ces enfants pour voler. »
M. Ndihokubwayo demande que des enquêtes soient menées pour détruire tout ce réseau, sinon ces vols vont persister.
Sur son compte Twitter, Renovat Sindayihebura, administrateur de la commune Mukaza, a affirmé que la question sera bientôt prise en charge au niveau communal. Nous avons tenté de le joindre pour plus d’éclaircissements, en vain.
J ai travaillé à Port au Prince et à Kinshassa pour une ONG internationale.
C’est très grave ce que vous écrivez.
Il y a une police dont le rôle premier est entre autres la protection des biens et des personnes