Six corps sans vie ont été retrouvés mardi dans la rivière Rusizi et un autre dans le lac Tanganyika, la semaine passée. Les associations de défense des Droits de l’Homme montent au créneau.
<doc5684|left>Mardi matin, nous sommes deux journalistes dans un hors-bord/ Direction, l’embouchure entre la rivière Rusizi et le lac Tanganyika.Cinq corps sans vie ont été découverts.
Pour y arriver, on doit faire environ trente minutes. De nombreux hippopotames, l’air menaçant, sont tapis dans l’eau. « Ils peuvent renverser un hors-bord d’un moment à l’autre », avertit un des conducteurs. Nous sommes accompagnés par un policier qui va tirer quelques coups de feu pour les disperser.
Le vente est violent. Le danger de se renverser dans cette embouchure est réel. Dans le hors-bord, personne ne parle. Nous arrivons à l’embouchure. Les deux cadavres gisent là. Deux jeunes hommes ligotés. L’oreille gauche de l’un a été coupée. Les traces des balles au niveau de la tête sont visibles. L’odeur est suffocante. De grosses mouches volètent autour des cadavres. Les deux corps, en état de décomposition, portent des sous-vêtements rouges et des tricots multicolores maculés de sang.
A quelques mètres du duo macabre, trois autres cadavres. Les vagues nous empêchent d’y aller. Les pêcheurs nous disent que ce sont trois hommes. D’après eux, une de ces personnes a été décapitée.
D’autres corps sans vie
Des informations recueillies à Rugombo, précisent qu’un autre cadavre d’une jeune fille a été retrouvé par les passeurs, ce mardi. C’est à la 4ème avenue, dans la localité de Matama, secteur Kagazi en commune Rugombo. D’après ces passeurs, l’âge de cette jeune fille serait compris entre 20 et 25 ans. «Elle était nue et une balle l’avait atteinte au niveau de la tête», précisent ceux qui l’ont vue.
Les passeurs affirment que c’est la troisième fois qu’ils voient des cadavres dans cette localité de Matama. Un autre corps sans vie, d’un jeune homme, a été retrouvé le même jour dans le lac Tanganyika, aux environs du quartier Kibenga (sud-ouest de Bujumbura). Des balles l’avaient touché au niveau de la poitrine et du bras.
Cette recrudescence des assassinats inquiète les habitants de Gatumba, proches de la Rusizi. Ils révèlent que l’administration locale leur a interdit de signaler la présence d’un cadavre aux médias: « Celui qui passera outre cette mesure sera considéré comme l’auteur de cet assassinat. » Ces habitants craignent pour leur santé, les cadavres commencent à se décomposer, alors qu’ils utilisent l’eau de la Rusizi.
Jaques Minani, gouverneur de la province de Bujumbura, fait savoir que c’est la commune qui s’occupe des funérailles de ces personnes. Le gouverneur Minani indique que l’administration n’a jamais interdit à la population de révéler les découvertes macabres. Iwacu a essayé de joindre l’administrateur de la commune Mutimbuzi sans succès.