« Trois familles menacent de regagner l’exil. » C’est le titre d’un article du correspondant d’Iwacu à Rumonge. La Cour spéciale des terres et autres biens vient de donner gain de cause à un résident au cours d’un procès foncier qui les opposait. Elles préfèrent aller vivre dans les camps de réfugiés « au lieu de passer des années à la belle étoile dans leur propre patrie. » Un autre article paru dans ce numéro : « Burundi/Tanzanie : un accord qui ne rassure pas ». Il parle d’un traité que viennent de signer les polices burundaise et tanzanienne pour lutter contre les crimes transnationaux. Ce qui a provoqué la peur au sein des réfugiés burundais vivant en Tanzanie « qui craignent des enlèvements des opposants politiques. »
Il semble y avoir une profonde dichotomie entre la politique du gouvernement de rapatrier les réfugiés et la réalité sur terrain. Pour bénéficier du statut de réfugiés, ces familles ne vont pas évoquer le vrai motif qui les pousse à quitter encore le pays. Sinon, elles seront considérées comme des migrants qui cherchent des conditions d’existence plus favorables. La crainte d’être persécutées du fait de leur appartenance ethnique, de leurs opinions politiques, l’insécurité… sont entre autres les raisons avancées. Une situation qui risquerait de décourager ceux qui voulaient regagner volontairement leur patrie.
La question de réinstallation et réinsertion des rapatriés se pose alors avec acuité. Les mécanismes d’accueil sont-ils mis en place ? Une grande partie des Burundais vivant de l’agriculture, la problématique foncière doit être traitée avec minutie. Pour résoudre les questions liées aux terres et aux autres propriétés, le protocole IV de l’Accord d’Arusha avait inventorié les principes et les mécanismes à appliquer. Par ailleurs, le règlement des litiges à l’amiable est à encourager. C’est la solution qu’avait prise la Commission nationale terre et autres biens de l’époque à ces familles rapatriées en 2008. « Elle avait pris la décision de partager la propriété litigieuse en deux parts égales entre ces trois familles et la famille des résidents. »
Les réfugiés sont souvent sujets à des manipulations, à des rumeurs surtout des politiciens qui cherchent à assouvir leurs intérêts. «Nous pensons que c’est une nouvelle stratégie qu’ils ont trouvée pour nous rapatrier de force ou pour traquer les opposants en collaborant avec la police tanzanienne. » Le gouvernement devrait alors se rendre régulièrement à leur rencontre, les écouter, les rassurer, expliquer par exemple le contenu de cet accord entre les polices des deux pays. User de psychologie.
In fine, le travail devrait se faire en amont et en aval. Sinon, le rapatriement volontaire qu’il préconise risque d’être voué à l’échec.