A propos de Gatumba, les journalistes burundais ont respecté le «{ black-out} », l’injonction -illégale-du ministre de la Communication et du Conseil National de la Communication dont l’indépendance est bien connue.
Pourtant, tous les spécialistes du droit des médias sont formels : le secret de l’instruction pré-juridictionnelle ne s’impose qu’aux magistrats, officiers du ministère public, greffiers et officiers de la police judiciaire. Ils sont tous soumis à l’obligation du secret pour tout ce que, dans l’exercice de leur profession et de leurs fonctions, ils ont appris à propos d’une affaire qui donne lieu à une enquête policière ou dont l’instruction judiciaire est en cours.
Dans toutes les rédactions, des débats contradictoires ont été menés et tous les médias ont accepté, malgré tout, de plier. Certains ont pensé que nous n’avons pas été courageux. Mais nous avons décidé en connaissance de cause. Nous avons vite compris que nous opposer aurait fait l’affaire de tous ceux qui ne rêvent que de faire taire les médias.
Avec toute la charge émotionnelle, soulevée par le massacre de Gatumba l’occasion aurait été bonne de mettre au pas les journalistes accusés « d’entraver le travail de la justice ». Nous avons évité le piège.
Et puis, dans moins de deux semaines, le fameux rapport promis sur ce qui s’est réellement passé à Gatumba sera rendu public. Espérons qu’il saura répondre à toutes ces questions que l’opinion se pose.
Que les enquêteurs qui travaillent seuls, dans la sérénité, loin des médias honnis, sachent que leur rapport sera lu, relu, analysé, disséqué. Nous ne serons plus tenus par une quelconque injonction.
Au moins, cette crise aura permis de connaître la position du ministère de la Communication et du CNC par rapport au travail des médias. Connaître ses partenaires est très important.