Le sachet en plastique plus utilisé que jamais sur différents points de vente en mairie de Bujumbura. Et ce à l’approche de la date de l’arrêt de son usage fixé en février par le gouvernement.
17h. Sur le long de la Chaussée Prince Louis Rwagasore, l’essentiel des échoppes alignées sur cette artère très fréquentée en plein centre-ville de Bujumbura vendent ou se servent de sachets en plastique. S.L. vend du matériel électronique dans l’un des nombreux stands sis à la « Galerie Idéal ». C’est une jeune femme au visage frais et en t-shirt blanc qui s’apprête à fermer son petit commerce. « C’est une mesure difficilement applicable. Ici, tout s’emballe avec des sachets en plastique », avance-t-elle avant de souligner que le gros des commerces auprès desquels elle s’approvisionne en la matière n’offre que l’emballage plastique. « L’Etat aurait dû engager une campagne de sensibilisation en faveur de l’interdiction des sachets en plastique. Or, aujourd’hui, on dirait qu’aucune décision n’a été adoptée dans ce sens.»
R.F. commercialise du pain, des beignets et des sachets en plastique. «Vouloir éliminer l’usage des sachets en plastique, c’est du bluff ! », affirme l’homme de petite taille qui révèle, entre deux achats de clients, que les sachets en plastique font toujours leur entrée sur le marché et que, par conséquent, l’arrêt de leur emploi n’est pas pour bientôt. « Où sont les solutions alternatives à l’emballage plastique que le gouvernement avait promises ? », se demande R.F.
Des produits 100% écolos
DB Trade, société qui confectionne des articles d’emballage en papier cartonné, occupe le premier étage d’un vieil immeuble peint en blanc et situé en face des bureaux de la commune Mukaza. Arnaud Nitanga, trentenaire, a l’air pressé mais affiche une figure joviale. « Quand j’ai mis en place ce projet avec ma sœur, nous travaillions à domicile».
Boîte à lunettes, sacs pour bouteilles, carton à pizza… DB Trade offre un panorama d’accessoires divers pour un usage quotidien. Assis sur un divan au bord de la terrasse, le patron de DB Trade explique qu’il a un personnel permanent et saisonnier. « Trois personnes travaillent ici de façon permanente et cinq sont appelées à la rescousse en cas de grosse commande. ». Le jeune chef d’entreprise affirme que les clients de sa société ont des profils assez divers : particuliers, pâtisseries, alimentations, magasins cosmétiques, pharmacies, etc.
Le travail de DB Trade a suscité l’admiration du PNUD qui a proposé un financement matériel à la petite entreprise « soucieuse du respect de l’environnement ». « Dans deux semaines, nous aurons à notre disposition de grosses machines de confection qui nous permettront d’améliorer très largement notre rentabilité », se félicite Arnaud qui précise qu’avec ce matériel, le coût de ses produits va baisser au bénéfice des clients. « Mieux on travaillera dans de meilleures conditions, mieux nous proposerons des produits dont le prix concurrencera nettement le sachet en plastique». Le dirigeant de DB Trade précise qu’un sachet cartonné coûte en moyenne 500 BIF tandis que le sachet en plastique s’achète à 200 BIF sur le marché.
A l’Etat, Arnaud demande la suppression des taxes pour les matières premières importées en vue de la fabrication de leurs produits. « Si l’Etat veut promouvoir le zéro plastique pour les produits d’emballage, il doit soutenir les activités de ceux et celles qui se sont lancés dans ce domaine en baissant considérablement la taxation de la matière première importée, voire la supprimer».
Contacté, le ministre de l’environnement, Déo Guide Rurema, déclare que son ministère a initié des travaux de sensibilisation auprès des commerçants. « Beaucoup d’entre eux ont compris la nocivité du sachet en plastique et ont stoppé son importation ». En outre, le ministre dit promouvoir intensivement les solutions alternatives à l’emballage plastique auprès des acteurs commerciaux concernés. Quant au respect du délai relatif à la mise hors-circuit des emballages plastiques fixé pour le mois de février, Déo Guide Rurema argue que « la date butoir ne compte pas d’autant que tout dépendra des échanges qui seront tenus avec les commerçants et la population dans le cadre d’une assemblée générale». Et d’exhorter les citoyens à embrasser les solutions alternatives au sachet plastique « pour sauvegarder la nature ».