60 femmes rapatriées se sont regroupées au sein d’une association « Abajinama » pour faire de la vannerie. Elles utilisent des sachets jetés et des feuilles de maïs rassemblées après les récoltes. Selon Marie Goreth Nsengiyumva, présidente de cette association, cette activité leur procure l’essentiel pour vivre.
Quinquagénaire, calme et quelque peu souriante, Mme Marie Goreth Nsengiyumva raconte, sourire aux lèvres, la naissance de leur association : « C’était en 2001 quand on est rentré de l’exile. On n’avait rien à faire. Menacées par le chômage et ne pouvant pas nous adonner aux activités déshonorantes comme la mendicité et la prostitution, nous avons initié un projet de cultiver et de faire la vannerie ». L’association est basée en commune urbaine de Kamenge, quartier Songa, au 8ème Avenue n° 52. Selon elle, l’initiative est née d’un petit groupe de 20 femmes. Motivées par les progrès déjà réalisés, poursuit-elle, d’autres femmes ont intégrées petit à petit le groupe pour atteindre soixante membres. Elle affirme que ce métier leur procure de l’argent et fait vivre leurs familles : « Même les hommes commencent à s’y intéresser et veulent nous rejoindre », indique fièrement Mme Nsengiyumva.
Matière première facile à obtenir
Concernant les techniques utilisées, elles sont simples, selon la présidente de l’association : « Comme nous cultivons surtout du maïs, après la récolte, les feuilles sont asséchées et conservées. On embellit ces feuilles avec de la peinture pour faciliter la conservation. Ainsi, elles peuvent passer des mois et des mois sans être abîmées. » Quant aux sachets, elle indique qu’avant de les utiliser, ils doivent être lavés et mis dans l’eau chaude mélangée à du savon (OMO) pendant une demi–heure. « La production dépend de la disponibilité des matières premières et de la grandeur du van, du panier ou de la corbeille à fabriquer. Par mois, chaque membre peut produire 20 paniers et encaisser en moyenne 10000 Fbu par jour», précise-t-elle. Avec cette somme, mentionne-t-elle, sa famille peut manger deux fois par jour et mettre de côté au moins 2.000 Fbu voire 3.000 Fbu. Le prix de leurs produits varie entre 3.000 Fbu et 5.000 Fbu. Dans un mois, chaque membre parvient à vanner au minimum 20 paniers. Cette association compte étendre cette technique à l’intérieur du pays car, dit Mme Nsengiyumva, les matières premières y sont abondantes. Elle ajoute aussi qu’en utilisant les sachets ramassés dans les rues ou dans des décharges, l’association contribue à la protection de l’environnement. Elle lance un appel aux autres femmes de faire de même, en cherchant des sources de revenu « honorables » au lieu de s’adonner à la prostitution ou à la mendicité.