Il est sans doute vrai que le résultat d’une élection est l’expression populaire ou tout au moins celle de ceux qui sont consultés. Toutefois, la voix des votants ne peut être audible et sans équivoque que si les canaux par lesquels elle s’exprime sont vierges d’obstacles majeurs. Au Burundi, depuis la fin de la guerre civile, l’organisation des scrutins à l’échelle nationale est organisée par trois instances : une Commission Electorale Nationale Indépendante, l’Exécutif par le truchement du ministère de l’Intérieur et la communauté internationale.
Les trois niveaux sont appelés à collaborer dans l’honnêteté, la franchise, la clarté et la compétence. Si un de ces acteurs dévie de ces valeurs ou fait fi des lois et règlements qui disciplinent tout le processus de consultation populaire, c’est la porte ouverte à tous les dangers, à toutes les aventures sociopolitiques.
La CENI
Si les membres de la Commission Electorale Nationale Indépendante ne sont pas choisis suite à un dialogue et une concertation approfondie de toutes les couches sociopolitiques du pays, ils n’auront pas la crédibilité nécessaire pour travailler. Une fois choisis, ces membres doivent travailler en toute indépendance vis-à-vis de toutes les forces politiques et tous les groupes d’intérêt qui composent le tissu social du pays.
La CENI actuelle remplit-elle les conditions requises ?
Le ministère de l’Intérieur
Durant une période électorale, le ministre de l’Intérieur doit faire preuve d’un patriotisme sans faille et d’une loyauté indéfectible à l’esprit des lois. Il doit être patriote car à chaque instant, les sirènes de sa famille politique ne cessent de chanter à ses oreilles l’invitant à l’indulgence, au silence coupable, voire à la prévarication. Sa loyauté à la loi doit être au-dessus de tout soupçon car la tentation à favoriser les siens, à sécuriser son avenir politique personnel peuvent le pousser à violer la loi ou à protéger ceux qui la piétinent sans vergogne pour gagner des voix non méritées.
Il faut trouver l’oiseau rare digne de cette responsabilité.
La communauté internationale
Elle est composite. De par sa nature, il lui faut éviter la cacophonie : parler et agir en concertation – à défaut de le faire de manière univoque – va stimuler les autres acteurs à plus de responsabilité. La communauté internationale gagne aussi à exiger des Barundi le respect de leurs engagements et des lois de la République. Les connivences, les complicités ou les silences coupables sont autant de crimes contre l’intégrité de la République. Le peuple burundais attend de ses partenaires amitié, respect, mais aussi intransigeance quand c’est nécessaire.
Les leaders politiques qui devraient bénéficier du travail irréprochable de ces trois piliers devraient se battre sans relâche pour qu’ils adoptent une posture solide et crédible garantissant la préparation et l’organisation des élections futures dans des conditions optimales. La défaillance d’un des trois piliers ne peut qu’entraîner tout l’édifice à son ébranlement ou peut être même à sa destruction.
Dans les démocraties occidentales, seule l’organe chargé de l’organisation des élections entre dans l’équation. Ils dosposent déjà des infrastructures et des technologies servant dans l’identification des électeurs, et on n’a pas besoin de recencement ni de redistribution de cartes d’identité à chaque élection. Donc, l’exécutif n’a rien à y voir!
L’autre point concerne la communauté internationale. Les pays comme la France, l’Angleterre, le Canada ou les États-Unis ne songeraient même pas à émettre des critiques envers l’un ou l’autre de leurs gouvernements respectifs ou les candidats pendant les élections. Les candidats peuvent tout au plus rendre visite à l’autre pays. Ils appelleraient cela de l’ingérance extérieur!
Cela ne devrait pas non plus être le cas au Burundi, mais ils ont leur mot à dire parce qu’ils financent ces élections. Entre eux, aucune organisation non gouvernementale bénéficiant d’une aide extérieure au pays doit le déclarer au gouvernement et ne doit en aucune façon s’impliquer (de prêt ou de loin) dans les campagnes électorales, dans les dons aux candidats, aux députés ou aux partis, aux sénateurs,… Je ne crois pas wue ce soit le cas au Burundi…
L’exécutif ne ferait que disponibiliser le budget et la CENI n’aurait qu’à organiser les élections, si cela fonctionnait comme en Occident. Malheureusement nous avons une CENI et un exécutif qui se démènent à trouver et les moyens matériels et humains, et le budget pour tout faire fonctionner.
Quant à l’opposition, vous dites qu’ils doivent se reconnaître dans cette CENI pour que cela se déroule bien. Je vous réfère à 2010 où les gens qui la commesaient, étaient issus d’un concensus général. Et nous connaissons tous les résultats! Quand les candidats, autant de l’opposition et du ou des partis sortants, n’ont pas d’objectifs inavoués de faire du sabotage, par pure caprice ou pour d’autres raisons et intérêts, alors on peut minimiser leur rôle.
Mais les faits sont là et criants : en Afrique, le perdant ne veux jamais perdre!… Même quand il sait qu’il a perdu!… Mais cela aussi on pourrait s’en passer, s’ils (les perdants de l’élection) ne décidaient pas de commettre des actes de violences pour réclamer justice alors que justement ils connaissaient les moyens de recours… sans la violence en boni!
Nous avons encore du chemin à faire… Le plus urgent sera de démocratiser l’opposition!…
Vous avez oublié le quatrième pilier, qui est le plus important : les citoyens! Tous ont leur part et leur contribution dans le bon succès des élections. Et il faudrait aussi penser aux différents candidats qui doivent rester responsables des actes et paroles dont ils sont auteurs avant, pendant et après les élections. Au-delà de la responsabilité du Gouvernement et de la Ceni, il y a aussi les partis autant de l’opposition et ceux au pouvoir. Ce n’est pas seulement l’autre côté qui doit être responsable, mais tous ceux qui sont concernés.
Cher Mutima,
Dès la seconde phrase de l’article je parle des électeurs. Si ils sont l’objet essentiel de l’exercice, ils ne constituent pas l’enjeu majeur de ma réflexion. Tout au moins pas directement. Si les trois piliers dont je parle fonctionnent convenablement, il n’y a aucun danger que les électeurs trouvent leur bonheur à s’exprimer et surtout à découvrir l’objet de leur choix en toute objectivité.
Quant à l’opposition, elle fait partie intégrante du point concernant la CENI. Si celle-ci n’est pas impliquée dans le choix et le suivi du travail de la CENI tout est susceptible d’entrer en contestation. Pensez qu’il peut y avoir une CENI dans laquelle l’opposition et la société civile ne sont pas intimement impliquées, c’est croire que cette institution est l’apanage du seul pouvoir. C’est en ce sens que j’ai impliqué et le pouvoir et l’opposition dans mon analyse.
Fraternellement