La législature 2020- 2025 s’achève bientôt. Les aspirations des femmes pour les élections de 2025 doivent interpeller plus d’un. Tiraillées par les préoccupations d’ordre économique et sécuritaire, leurs pensées ne sont pas focalisées sur la progression de leurs droits en tant que femme. Certaines femmes œuvrant dans les milieux politique et de la société civile s’epriment sans se voiler la face.
« Nous sommes découragées par rapport aux élections de 2025 », clament beaucoup de femmes interrogées. Et comme explications, elles citent notamment la montée des prix des produits alimentaires et le manque de carburant depuis plusieurs mois au Burundi. Ce qui fait que la vie devient de plus en plus difficile.
Une femme ingénieure dans une entreprise privée se lamente. « Moi, je n’attends rien des élections de 2025. La situation économique n’est pas satisfaisante. Il y a une flambée de prix des denrées alimentaires. Chaque mois, je suis obligée de revoir à la hausse mes dépenses liées à la ration alimentaire ».
Et d’ajouter qu’elle ne voulait même pas se faire enrôler. « Je l’ai fait juste pour ne pas être arrêtée par la police et aussi pour avoir accès à certains services publics. Donc tout cela, c’était dans le but de faire assurer ma protection. », affirme-t-elle sans détour.
Une autre femme travaillant dans un hôpital public et une pharmacienne de la mairie déplorent aussi la même situation. Elles ne s’attendent à aucun changement lors de la législature prochaine. Elles ajoutent qu’en plus, les médicaments sont devenus très chers au Burundi.
Elles ont peur
Des femmes vendeuses de denrées alimentaires au marché de Gasenyi soutiennent qu’elles ont peur du climat politique au Burundi. Elles veulent des élections calmes pour 2025. L’une de ces femmes commerçantes déclare : « Moi, je trouve la situation politique inquiétante. Ce qui se cache derrière les élections fait peur comparativement aux années précédentes. J’ai peur qu’une guerre ou bien de très mauvaises choses surviennent. Avant, on se faisait inscrire selon le bon vouloir de chacun. Mais maintenant, on s’est fait enrôler par force. On nous interdisait l’accès au marché »
Elle déplore aussi le fait d’avoir enrôlé des enfants n’ayant pas l’âge de voter. Ce qui lui inspire une très grande crainte en tant que parent.
« Vraiment, je ne vois rien de bon dans les élections de 2025. J’ai peur tout simplement. Mon souhait est qu’il y ait des élections apaisées sans tension. », implore-t-elle. Une autre femme vendeuse souhaite elle aussi la paix pour pouvoir travailler en toute tranquillité.
Des avancées tout de même
Marie-Chantal Ndayishimiye est la présidente de la Ligue des femmes du parti Frodebu. Elle trouve qu’il existe quand même des avancées dans la lutte en faveur des droits de la femme. En effet, estime-t-elle, au niveau du cadre légal par exemple, la Constitution de la République du Burundi promulguée le 7 juin 2018 pose le principe de l’égalité et la non-discrimination en son article 13. Ce texte fondamental prévoit aussi des mesures d’action positive en faveur de l’égalité des sexes.
Par exemple, dans le domaine de l’éducation, les mesures prises par le gouvernement ont permis d’améliorer l’indice de parité en faveur des filles à tous les niveaux, se réjouit-elle.
Néanmoins, elle déplore les disparités qui subsistent spécialement au niveau supérieur. Malgré ces avancées, « des résistances, des convictions et des pratiques culturelles contraires à l’égalité et à l’équité entre les sexes persistent toujours. Ce qui provoque les résistances pour faire progresser la parité entre les sexes », fait-elle remarquer.
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