À quelques mois des élections parlementaires et communales, Patrick Nkurunziza, président du parti Frodebu a annoncé le vendredi 29 novembre 2024, la création d’une coalition politique visant à « changer les choses » au Burundi. Sans langue de bois, il assure qu’avec cette coalition, il n’y aura plus de possibilité d’une tricherie électorale. Ce qui ne convainc pas certains observateurs de la politique burundaise qui estiment que c’est du « déjà fait ». Cette alliance en gestation va-t-elle redéfinir l’horizon politique ? Les langues se délient.
« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Rien n’est mécanique en politique », ce sont les quelques réactions des internautes et commentateurs de la politique burundaise après l’annonce du président du parti Frodebu.
En effet, au cours d’un débat de vendredi 29 novembre sur la plateforme en ligne X, Patrick Nkurunziza a révélé que pour se présenter solidement aux prochaines élections, le parti Frodebu a pris l’initiative de former une coalition politique avec d’autres opposants qui le veulent en vue de « changer les choses ».
« Le parti Frodebu envisage de former une coalition. Nous nous sommes déjà approchés de toutes les personnes qui estiment que nous pouvons partager la lutte pour changer les choses dans ce pays. C’est le travail que nous sommes en train de faire. Nous essayons de les atteindre tous, mais comme la coalition n’est pas encore autorisée, la loi ne nous permet pas de dire qui nous avons déjà contacté. Peut-être que nous en parlerons plus tard ».
Selon l’article 29 alinéa 2 du Code électoral en vigueur « les coalitions des partis politiques sont formées après la convocation des élections pour lesquelles elles veulent se constituer candidates ». Et le décret de convocation des électeurs, selon le calendrier électoral déjà publié, sera signé le 7 décembre 2024 alors que le dépôt des dossiers des candidatures pour la députation débutera le 9 décembre.
Pour rappel, depuis pratiquement le lendemain des élections communales de 2010 que l’Alliance des Démocrates pour le Changement-ADC-Ikibiri a dénoncées comme un hold-up électoral, des mariages « de raison » contre le parti au pouvoir, le CNDD-FDD, se sont circonstanciellement formés.
Peu viables, ces coalitions composées de personnalités que tout opposait avec des intérêts et visions divergents peinaient à s’inscrire dans la durée, car portant en leur sein les gènes de leur propre destruction.
« Les élections ne seront plus pipées »
Patrick Nkurunziza assure qu’avec la création de cette coalition, l’observation électorale sera renforcée et « il n’y aura plus de trucage de vote ». En misant sur le « sursaut patriotique des Burundais », le président du Frodebu souligne qu’après avoir discuté avec ceux qui feront partie de la coalition, ils ont convenu que la tricherie ne se reproduira plus.
« Tous les membres de la coalition devront suivre de près le déroulement des élections. À chaque bureau de vote, on aura un mandataire commun et celui-ci devra rentrer avec un procès-verbal. Donc, si nous travaillons tous ensemble, je ne vois pas comment le bourrage des urnes va se reproduire ».
Après ces propos du président du Frodebu, les internautes n’ont pas été convaincus. Ils estiment plutôt que vu le contexte politique actuel, « cette coalition ne vient que pour accompagner le parti au pouvoir et ainsi cautionner un processus électoral mal engagé ».
Certains commentateurs de la politique burundaise quant à eux vont jusqu’à considérer cette alliance en gestation comme « l’ADC-Ikibiri nouvelle formule ».
« Cette coalition risque de légitimer, aux yeux de la communauté internationale, une compétition électorale multicolore alors que les mêmes individus (le Frodebu) critiquaient déjà le processus électoral en cours ».
À ces inquiétudes, Patrick Nkurunziza parle sans langue de bois : « Je ne pense vraiment pas qu’il y aura encore de trucage électoral si nous entrons dans les élections étant unis. Peut-être que lors des dernières élections, cela s’est produit parce que chaque parti politique s’est présenté en solo. Mais, nous comprenons désormais que nous devons être unis. D’ailleurs, j’espère que cela n’arrivera plus. Une fois arrivé, le peuple jugera ».
Le président du parti Frodebu n’a pas manqué de rappeler que son parti a battu l’Uprona à l’élection présidentielle de 1993 alors que ce dernier avait une armée. « Même aujourd’hui, rien n’empêchera la coalition de remporter les élections. Avez-vous vu ce qui s’est passé au Sénégal ? ».
Une évidence en démocratie
Malgré ce scepticisme, la sortie du président du parti Frodebu est assez explicable. Dans un système « pluripartisan », la formation des alliances électorales est un moyen incontournable pour effectuer l’alternance. Même si ce n’est pas toujours une réalité. Toutefois, ne faut-il pas s’interroger sur la nature des forces coalisées ? D’ailleurs, dans un contexte de « désertification du paysage politique », observe un politologue, la nécessité d’une opposition solide, crédible, évidente et cohérente s’impose. « Il faudra seulement transcender les clivages particularistes pour réussir ce pari ».
Cependant, même si la politique n’est pas statique, le président du Frodebu semble ignorer une réalité importante en politique. Il est insoutenable de comparer deux contextes politiquement et socialement différents : celui de 1993 et celui de 2024. Bien plus, extrapoler l’expérience électorale sénégalaise sur le cas du Burundi est un souhait téléologique.
Car, la socialisation politique des Sénégalais et l’ancrage démocratique dans ce pays sont de loin solides que ce qui se remarque au Burundi : la culture politique des Burundais n’est pas démocratique. Mais à l’évidence « l’union fait la force ».
Réactions
Agathon Rwasa : « L’heure est au choix décisif »
Selon ce député à l’Assemblée nationale, la situation actuelle au Burundi en appelle à un sursaut patriotique en vue de tirer le pays du trop béant gouffre dans lequel il a été précipité par la succession de pouvoirs dictatoriaux et sectaires.
« L’heure est au choix décisif, cornélien. Et la meilleure voie c’est de se tenir main dans la main pour doter notre pays d’institutions réellement décidées par le peuple à travers un vote-sanction contre un régime qui n’a que trop duré juste parce qu’il a su se maintenir par la ruse, les faux procès et tout le cortège de malheurs qu’il impose au peuple ».
Agathon Rwasa n’est pas loin de cette idée du Frodebu de lancer un vaste rassemblement de « changement ».
« Il est plus que temps que tous ceux qui croient que le Burundi est au-dessus des intérêts égoïstes et sectaires ; que malgré les soi-disant différences entre les uns et les autres nous sommes un seul peuple : Abarundi, ouvrent leurs yeux et se mettent ensemble en vue de relever la patrie des cendres résultant de la mauvaise gestion de la République ». Car, explique-t-il, comme le disent si bien les Anglais « United we stand, divided we fall » (étant unis, nous restons débout, divisés nous tombons).
Seulement, conclut Agathon Rwasa, il faudra y mettre tout le sérieux et tout le paquet pour réussir ce « noble » pari.
Tatien Sibomana : « Ça ne sert à rien d’être défaitiste, il faut toujours tenter »
Tatien Sibomana trouve que c’est une bonne chose que les organisations politiques, et même des personnalités prises individuellement, qui peuvent influencer d’une façon ou d’une autre l’opinion, y compris même les organisations de la société civile qui veulent du bien de ce pays à travers un changement positif, surtout via les élections se mettent ensemble.
C’est vrai, poursuit ce politicien, il y a de quoi être sceptique, mais s’il advenait que cette coalition voit le jour, cela sera une bonne chose. Par ailleurs, au lieu de rester dans l’attentisme, au risque d’être complètement démobilisé, il faut toujours rester debout et tenter quelque chose. « Ça ne sert à rien d’être défaitiste, il faut toujours tenter, il faut toujours essayer. Car, le scepticisme démobilise ».
Tatien Sibomana est d’avis avec le président du Frodebu lorsqu’il évoque qu’il n’y aura plus de possibilité de trucage de vote. C’est vrai que le processus électoral est émaillé de beaucoup d’irrégularités qui peuvent justifier le trucage électoral.
Mais, si la coalition en gestation, une fois autorisée, parvient à organiser le peuple via les mandataires des partis politiques, via quelques observateurs et à s’assurer que les mandataires rentrent avec les procès-verbaux signés tel que la loi l’exige, je pense qu’il y a toujours moyen d’éviter le pire.
Cet uproniste critique le scepticisme de certains Burundais qui disent qu’au lieu de penser à des solutions comme celles-là, il faudrait plutôt croiser les bras, parce que le processus électoral est déjà verrouillé dès le départ.
« Je suis d’accord avec eux que ce processus est en train d’être verrouillé. Mais, aussi longtemps qu’on n’est pas en mesure de dire non à cela, ou plutôt qu’on n’est pas encore apte à imposer une résistance farouche et visible, nous devons toujours penser à des alternatives ou des scénarios. Et ce scénario pourrait être probablement l’élément déclencheur de cette résistance ».
D’ailleurs, insiste Tatien Sibomana, ces défaitistes ignorent combien les Burundais ont voulu résister en ne se faisant pas inscrire au rôle électoral.
Mais, rappelle-t-il, le pouvoir a mobilisé tous les moyens, y compris ceux anticonstitutionnels, pour contraindre le peuple à se faire enrôler. Alors, estime M. Sibomana, penser à la formation d’une alliance pour le changement est une bonne alternative dans ce contexte.
Toutefois, nuance ce politicien, tout cela dépendra de la façon dont cette coalition aura été bâtie ; les objectifs qu’elle aura déterminés dès le départ et les moyens dont elle va mettre en œuvre pour justement se préparer à ce combat. « Si elle est bien pensée, elle peut être une solution. Si elle est mal pensée, elle va mourir comme les autres coalitions l’ayant précédées ».
Kefa Nibizi : « Nous partageons ce point de vue avec le Frodebu »
Le président du parti Codebu-Iragi rya Ndadaye fait remarquer que le Burundi fait face à de multiples défis, et cela durant plus d’une vingtaine d’années. Pour y faire face, il y a un besoin d’une conjugaison de forces et d’acteurs politiques et sociaux.
« Vous savez qu’en date du 24 novembre 2024, nous avons tenu un congrès extraordinaire au cours duquel nous avons décidé que le parti Codebu pourrait entrer en coalition avec d’autres forces politiques qui ont besoin d’un changement positif dans notre pays. Ceci dit finalement que le congrès a décidé qu’il faut souscrire à tout ce qui est d’une mise en commun des forces politiques ».
Kefa Nibizi fait savoir que son parti continue effectivement à mener des échanges avec d’autres formations politiques. Et souvent, révèle-t-il, il est en bon terme avec le parti Frodebu. Il rappelle qu’il y a au moins quelques temps que lui et Patrick Nkurunziza ont signé un communiqué conjoint en rapport avec les préparatifs des élections.
« Cela veut dire que nous partageons ce point de vue, qu’il faut un rassemblement fort pour pouvoir donner une contribution aux différents défis que connaît notre pays ».
Cependant, Kefa Nibizi ne veut pas que ce rassemblement politique soit créé pour ramasser seulement des voix en vue de se positionner politiquement, mais qu’elle soit une véritable alternative de changement. « Ça serait nécessaire si cette coalition en gestation venait pour faire en sorte que tous les réfugiés burundais, y compris ceux qui sont sous mandats d’arrêt internationaux puissent rentrer librement ; pour trouver des solutions aux problèmes d’inflation, de dépréciation de la monnaie burundaise, de la flambée des prix, des sentiments de peur qui gangrènent la population burundaise ».
Concernant la problématique de fraudes électorales, le président du Codebu mise lui aussi sur la détermination de la population burundaise à tout mettre en œuvre afin de barrer la route à toute tentative de hold-up électoral. Car, doute-t-il, des gens mal intentionnés pourraient faire le bourrage des urnes pour pouvoir accéder au pouvoir ou s’y maintenir.
Sur ce, Kefa Nibizi pense à un bon encadrement des mandataires communs s’il advenait que la coalition soit créée.
Aloys Baricako « Ce n’est qu’un show politique »
« Le contexte actuel est trop inquiétant bien sûr. Mais, ce n’est pas à la veille des élections qu’on se réveille. Les élections se préparent longtemps avant. Le cycle électoral le montre bien. C’est une montre qui ne s’arrête jamais. Il faut réorganiser les formations politiques juste après les élections. Le problème que la classe politique rencontre peut être lié à la paupérisation de la population. Alors, parler d’une coalition en gestion, pour moi je pense que c’est un show politique », réagit Aloys Baricako, président du parti Ranac.
Il trouve que les coalitions au Burundi se forment d’une façon émotionnelle. Et cela pour diverses raisons. D’abord, c’est une manière de chercher à expliquer son échec comme l’illustre le cas de l’ADC-Ikibiri.
Ensuite, c’est pour renverser un système sans que l’on puisse chercher des réponses réelles aux problèmes existentiels. C’est le cas du Cenared. Enfin, ce sont des coalitions qui n’ont ni base idéologique ni vision politique.
Cet ancien président de la coalition Kira Burundi (créée dans le cadre des élections générales de 2020) montre que les coalitions se forment entre les partis politiques qui sont de la même obédience politique. « Soit on est tous de gauche ou de droite. La tendance idéologique est une condition sine qua non pour former une alliance politique ».
Or, fait-il remarquer, au Burundi, la plupart des partis politiques ne vous diront s’ils sont de gauche ou de droite. Ils ne vous diront non plus s’ils sont communistes, socialistes, écologistes, socio-démocrates ou libéraux. « Historiquement, ce sont des partis créés pour des circonstances du moment. Quand la situation pour laquelle ils sont nés change, ces partis se retrouvent dans l’incapacité d’exister. C’est la raison pour laquelle nous avions un plus grand nombre de partis en état de moribond ou de léthargie », se désole-t-il.
Par ailleurs, une coalition doit avoir d’abord un memorandum d’attente, une plate-forme politique, un programme commun.
Or, critique M. Baricako, bien que les membres de cette coalition en gestation ne soient pas encore connus du grand public, le problème qui risque de se poser est qu’il ne s’agira pas, présage-t-il, d’une vraie coalition mais d’un conglomérat de partis sans idéologie et assise nationale en association avec des politiciens qui ont perdu les pédales et qui n’ont plus de repère idéologique. Car, tous les anciens partis, y compris le Frodebu, ont tous plus de trente ans.
Or, un projet de société vieillit souvent après trente ou quarante ans. « A ma connaissance, je peux me tromper, aucun de ces partis n’a tenu un congrès pour revoir son projet de société », confie Aloys Baricako.
Il va loin et montre que le recours à la formation des alliances électorales est un signe éloquent de faiblesse dans les partis politiques en question. « Pour une alternance, ce n’est pas toujours nécessaire de passer par une coalition si on s’estime fort. D’ailleurs, la Ceni a déjà demandé des insignes aux partis et aux candidats. Pourra-t-elle accorder un délai de grâce aux coalitions ? »
Quant à la fraude électorale évoquée, Aloys Baricako dit qu’elle peut être psychologique ou un argument pour justifier son échec. Ça peut être aussi un alibi. « Pour y faire face, il faudrait que tout parti, toute coalition ou tout indépendant aient tous des mandataires dans tous les bureaux de vote à raison de plus au moins 30 000 mandataires chacun. Si on dispose de tous les procès-verbaux, on peut produire une contre-expertise par rapport aux résultats proclamés par la Ceni ».
Déjà, conclut le président du Ranac, les élections de 2025, ce sont des législatives et communales. Ainsi, chaque parti devrait mesurer sa force pour qu’il puisse prétendre à la présidentielle de 2027. « Et c’est là où les coalitions sont concevables pour moi ».
CNL 3.0?
Mon petit doigt me dit que le FRODEBU tente, par une porte dérobée, de récupérer les partisans de Rwasa. Le jeu se voit depuis qu’ils essaient de prendre la place de l’ancien CNL de Rwasa comme les nouvelles prétendues victimes du CNDD-FDD.
Solution très simple : Rwasa, adhère au plus vite au FRODEBU et deviens leur leader « historique et charistmatique! »… Automatiquement!… Et aucunes discussions ou remises en question ne seront tolérées!
On parie qu’ils vont se laisser faire?
Ils font rire ces politiciens!
Je suis déçu, très déçu par le point de vue d’Aloys Baricako.
Pour lui, « Soit on est tous de gauche ou de droite. La tendance idéologique est une condition sine qua non pour former une alliance politique ». L’extrême droite de Marie le Pen et l’extrême gauche de Melenchon viennent de faire sauter le gouvernement Barnier en France. Je croyais que les politiques burundais s’inspirent au mieux de ce qui se passe ailleurs. Mais je ne peux dire plus, ne sachant pas si son Ranac est de gauche ou de droite ; bien sûr les deux ont un sens au Burundi.
Pour lui, les législatives et les communales de 2005 ne nécessitent pas de coalition, ce qui vaut la peine pour la seule la présidentielle de 2007, car «c’est là où les coalitions sont concevables pour moi ». J’ai une question à lui poser : qu’adviendrait-il du CNDD-FDD s’il ne disposait que de 50% par exemple au Parlement ? (je prie le journal Iwacu de lui passer cette question). Je crois au contraire que l’opposition doit travailler à conquérir plus de siège au Parlement et plus de conseils communaux. JE SAIS QUE JE REVE.
De grâce, Patrick Nkurunziza, ne laisse pas l’autre Nkurunziza (Olivier) en dehors de ta coalition. PARDON POUR CE DEUXIEME REVE.
@Matthieu
Le vote conjoint en faveur d’une motion de censure contre le gouvernement Barnier en France ne signifie pas (mais alors pas du tout)une nouvelle convergence des luttes entre le Nouveau front populaire(à gauche) et le Rassemblement national(extrême droite). Il signifie tout simplement une convergence d’intérêts tout à fait circonstanciels, tout à fait momentanés, qui n’a qu’une seule cible dans le viseur: le président français Emmanuel Macron, dont les deux camps cherchent la destitution, d’abord parce qu’ils le considèrent comme le seul responsable du chaos politique actuel en France, et ensuite parce que les deux camps ne rêvent que d’une chose: une élection présidentielle anticipée. Dès lors, Invoquer le cas français pour donner un fondement même minimal à l’hypothèse d’une coalition des oppositions au Burundi en vue des prochaines élections législatives revient à conférer encore plus de pertinence aux trois raisons invoquées par Aloys Baricako comme étant à la base de la formation des coalitions politiques au Burundi.
Habituellement(et monsieur Baricako a tout à fait raison de le dire), les coalitions se forment sur base d’une plateforme politique négociée et convenue entre tous les membres de celles-ci(le Nouveau front populaire en France a pu rassembler les forces de gauche et les écologistes autour d’un programme commun). Au Burundi, seule la »volonté de faire quelque chose » ou de »changer les choses » d’une part, et la »lutte la lutte contre une fraude électorale » fantasmée d’autre part, sont manifestement les seuls moteurs de la création d’une coalition des oppositions au Burundi. Advenant une victoire éventuelle de cette coalition aux prochaines élections, j’imagine mal les deux éléments constituer politiquement un horizon raisonnable pour l’ensemble de la nation burundaise.
Avant de s’épuiser à ratisser large, le président du Frodebu serait bien inspiré de revisiter certains classiques du patrimoine culturel mondial qui recèlent des leçons absolument intemporels. Car en effet, ce qu’il risque de ramener dans sa barque ne sera rien d’autre qu’une coalition baroque, un inventaire à la Prévert, bref, une vraie cour des miracles politiques. J’ai beau me dire que le Frodebu est certes habitué à avaler des couleuvres depuis la mort de son fondateur le 21 octobre 1993, il est difficile d’imaginer une alliance contre nature de ce parti avec l’Uprona( même au nom du dégagisme envers le Cndd-Fdd). Ce qui me fait penser aux fables de Jean de la Fontaine, notamment celle mettant en scène l’alliance de la carpe et du lapin, et surtout celle relative à l’alliance de l’aveugle et du paralytique: »tu seras mes yeux, je serai tes jambes ». Ils ne sont pas allés très loin!