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Politique

Elections de 2020 : la Commission d’enquête recommande la vigilance

05/07/2019 Commentaires fermés sur Elections de 2020 : la Commission d’enquête recommande la vigilance
Elections de 2020 : la Commission d’enquête recommande la vigilance
Selon les experts onusiens, les violations graves des droits de l’Homme continuent, depuis mai 2018.

Devant le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, mardi 2 juillet à Genève, les experts onusiens de la Commission Diène n’ont pas mâché leurs mots. Ils demandent à la communauté internationale d’être vigilante à l’approche des élections de 2020. Bujumbura parle d’alertes fallacieuses et tendancieuses.

« Il ne peut y avoir d’élections justes lorsque l’intolérance politique est manifeste, et se concrétise dans de multiples violations des droits fondamentaux des membres des partis d’opposition», martèle Doudou Diène, le président de la Commission d’enquête sur le Burundi. Et de poursuivre : «Il ne peut y avoir d’élections libres et crédibles lorsque seul le parti au pouvoir est en mesure d’opérer et tend à se confondre avec les institutions étatiques.» De plus, selon Doudou Diène, il ne peut y avoir d’élections transparentes lorsque «les libertés politiques, publiques ne sont plus que théoriques et que les témoins et les observateurs indépendants comme la presse, les organisations non gouvernementales, sont progressivement neutralisés, exclus ou interdits». D’après la commission, la fermeture du Bureau du Haut-commissaire aux droits de l’Homme atteste éloquemment cette situation.

Les experts onusiens font également savoir que les violations graves des droits de l’Homme continuent, depuis mai 2018. Il s’agit d’exécutions sommaires, de disparitions, d’arrestations et détentions arbitraires, ainsi que des cas de torture, de mauvais traitements et de violence sexuelle, et des restrictions des libertés publiques.

Et Bujumbura voit rouge

«Le 1er et le 2e rapports dévoilent enfin le vrai mandat de cette commission et offrent une réalité apocalyptique d’un plan de déstabilisation du Burundi dès la veille des élections de 2020», réagit le représentant permanent à Genève, Rénovat Tabu. Selon lui, la commission s’est écartée de l’essence de son expertise et «est tombée dans les considérations politiciennes». Cette commission, poursuit-il, consacre son temps sur la préparation des prochaines élections générales, «usant d’un sophisme fin pour faire croire aux âmes sensibles l’imminence d’une tragédie électorale qui requiert une action urgente de la communauté internationale».

Rénovat Tabu : «Le peuple burundais est fatigué de ces rapports mensongers, divisionnistes, provoquants et distrayants.»

Pour Rénovat Tabu, ce sont des alertes fallacieuses et tendancieuses. Il fait savoir que le Burundi est stable et que la paix et la sécurité règnent sur tout le territoire national. «Le peuple burundais est fatigué de ces rapports mensongers, divisionnistes, provoquants et distrayants». Concernant la coopération avec le Haut-commissariat aux droits de l’Homme, il assure qu’un dialogue franc entre les parties est en cours pour trouver une nouvelle voie dans la poursuite de la coopération.

La société civile divisée

Lambert Nigarura, activiste des droits humains, salue le travail de la commission d’enquête : «L’appel lancé à la communauté internationale est compréhensible car il y a risque que la situation dégénère vis à vis de la tension et surtout le harcèlement des membres du CNL.» Selon M. Nigarura, tous les signaux clignotent au rouge. «A mon avis, la vigilance n’est pas suffisante, il faudrait plutôt prendre des dispositions nécessaires pour remettre sur le droit chemin les Imbonerakure qui, visiblement, sont au-dessus de la loi». Ensuite, conseille-t-il, organiser un dialogue d’urgence en dehors du pays pour se convenir sur les modalités et conditions préalables qui peuvent permettre l’organisation des élections libres. Quand Bujumbura parle d’un complot, souligne l’activiste, c’est son slogan car les faits sont là et parlent d’eux-mêmes.

Selon Lambert Nigarura, la commission va rendre son rapport définitif en septembre. «On espère que le Conseil des droits de l’Homme pourra l’utiliser pour pousser les autres organes des Nations unies à agir en conséquence pour sauver ce qu’il y aura encore à sauver. On espère aussi que la CPI va saisir la balle au bond et lancer les premiers mandats des présumés auteurs des crimes».

«Cette chanson de ces chercheurs est démodée. Non seulement elle discrédite les auteurs, mais aussi elle n’inquiète personne car ils ont déjà été démasqués», réagit Venant Hamza Burikukiye, président de l’Association CAPES+. D’après lui, tous les Burundais et les politiciens burundais sont unis en toute sérénité dans les préparatifs des  élections de 2020. «En témoignent la feuille de route entre politiciens, les contributions massives et volontaires des Burundais pour ces élections, le retour massif et volontaire des Burundais en exil, la mise en place du code électoral et le calendrier des élections, etc.» Pour M. Burikukiye, ces experts sont manipulés par les détracteurs de la paix qui règne et les jaloux de l’avancée spectaculaire du pays. «Quant à la communauté internationale, elle devrait plutôt encourager le Burundi à avancer dans cette voie de réconciliation, de stabilité politique et du renforcement de la démocratie. Le contraire nous surprendrait».

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