Ce lundi 10 septembre, les députés, convoqués par le président de la République dans une session extraordinaire, ont terminé la journée en queue de poissons. Ils devaient approuver ou pas les noms des membres de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), pour les élections de 2015.
<doc5147|right>A l’hémicycle de Kigobe, depuis 9 h, les députés du parti présidentiel Cndd-Fdd s’activent pour convaincre ceux du parti du « Prince Louis Rwagasore », l’Uprona, de s’entendre sur la composition de cette nouvelle équipe de la CENI. D’intenses consultations ont duré toute la matinée mais la montagne a accouché d’une souris.
Vers 13h, à l’exception de Bonaventure Niyoyankana, président de l’Uprona, tous les Upronistes vident les lieux. Il est contesté par quelques membres de ce parti réunis au sein de ce qu’ils ont appelé « Mouvement de réhabilitation du parti Uprona. »
Les députés du parti Uprona auraient été révoltés par la présence de deux noms sur la liste de cette nouvelle équipe de la CENI: celui de Pierre Claver Ndayicariye et Prosper Ntahorwamiye respectivement président et porte-parole de la CENI 2010. D’autres noms sur cette liste sont par contre nouveaux : il s’agit de l’avocat Fabien Segatwa présenté par le Sahwanya Frodebu, Illuminée Ndabahagamye, Térence Mbonabuca (Directeur Général au Ministère de l’Intérieur) et Spès Caritas Ndihoreye.
Au siège du sénat, dix sénateurs s’étaient présentés pour le même objectif. Mais lorsqu’ils ont appris que rien n’allait à Kigobe, ils ont préféré regagner leurs domiciles, l’un après l’autre.
« Une escroquerie politique autour du processus électoral »
L’Alliance des Démocrates pour le Changement au Burundi (ADC-Ikibiri) qualifie ces ‘’tactiques’’ du parti au pouvoir, d’escroquerie politique. Léonce Ngendakumana, président de l’ADC-Ikibiri, dans un point de presse animé, ce lundi même, signale que la convocation de cette session extraordinaire du parlement vient de mettre un coup de frein à une dynamique de concertation qui était en cours.
Elle visait à créer, précise-t-il, une bonne atmosphère politique de préparation des élections de 2015 et devait aboutir à un procès verbal. Ces concertations, indique-t-il, réunissaient les partis qui sont dans les institutions et l’ADC-Ikibiri. Et le procès verbal allait être signé par les présidents des deux Chambres, ceux du Cndd-Fdd, de l’ADC-Ikibiri et celui de l’Uprona : « Il s’agit, ni moins ni plus, de l’étouffement du processus électoral à travers une escroquerie politique orchestrée par le pouvoir Cndd-Fdd », dénonce-t-il.
M. Ngendakumana, tout en affirmant que sans l’ADC-Ikibiri, les élections de 2015 deviennent utopiques, met en garde le parlement : « S’il s’engage sur cette voie non concertée, il sera responsable des conséquences fâcheuses qui découleront de ce coup de force. »
La colère gronde également au parti FNL, dirigé par Emmanuel Miburo. Selon Jacques Bigirimana, son secrétaire, « c’est un signe de mépris total et sans nom ». Pour lui, c’est très honteux d’entendre que son parti n’ait pas été associé dans ce processus électoral alors qu’il est la 2ème force politique dans le pays. Il précise que dans ces conditions, « continuer les actions politiques équivaut à la mise aux enchères des membres du parti FNL ».
Par conséquent, martèle-t-il, son parti porte à la connaissance de la communauté nationale et internationale, qu’il se retire temporairement du Forum des partis politiques. Il ajoute aussi que si son parti n’est pas consulté pour la mise en place de la CENI, « il ne prendra pas part aux élections de 2015 ».
A l’UPRONA, on se garde de tout commentaire tout en promettant que des consultations continuent.