Des jeunes battent campagne pour prendre en main le destin de quartiers/collines. Des postes jadis occupés par des aînés. Quelles motivations ?
«Les plus âgés sont supposés peu enclins à modifier la structure de la société, mais à la pérenniser telle qu’ils l’ont connue. Les jeunes générations sont plus sensibles aux changements qui affectent les différentes sphères de la vie sociale », font savoir des jeunes candidats aux collinaires, rencontrés ce lundi 3 août, au deuxième jour de la campagne
Pour eux, la période de considérer la jeunesse comme le Burundi de demain est révolue. Yves Niyomwungere, 32 ans, lauréat de l’Université depuis 3 ans, est candidat pour le quartier Kinanira II en zone Musaga de la commune Muha. « Les élections collinaires sont plus transparentes, plus démocratiques. Pas de listes bloquées, le candidat ne subit aucune pression et peut servir la localité en toute indépendance », avance-t-il, soulignant que « servir les habitants de mon quartier dans le combat de l’injustice et la corruption est ma seule motivation ».
Parmi ses principaux projets de société, il insiste sur la gestion de la salubrité et la sensibilisation des jeunes pour l’auto-développement. Le pays a besoin du sang nouveau pour un décollage économique et la stabilité, soutient pour sa part, Jean Claude Ndayizeye, 32 ans, lauréat de l’Université Lumière de Bujumbura. Il est candidat dans le quartier Kinanira I. « Les jeunes sont porteurs et acteurs du changement. Nous avons la force et le courage pour être des serviteurs de la population. Il faut accéder à des postes de responsabilités ».
Manque de moyens pour battre campagne
Ce candidat tire sa motivation des formations en leadership qu’il a bénéficiées de certaines ONG. L’éclairage public dans son quartier et la sensibilisation des jeunes pour adopter de bonnes mœurs sont entre autres les projets qui le tiennent à cœur.
Kelly Ntegereze, 26 ans, encore étudiant, est un autre candidat. Il est en compétition avec 10 autres candidats pour la direction du quartier III en zone Bwiza. A ses yeux, se représenter au niveau collinaire est un tremplin pour embrasser d’autres postes de responsabilité. « J’ai décidé de commencer au bas niveau pour acquérir de l’expérience dans la gestion de la collectivité locale avant d’aspirer au niveau supérieur. Mais aussi les moyens exigent.»
Les moyens limités pour organiser des meetings, des messages de découragement de la part de certains de leurs proches et les critiques de la société dont ils font objet constituent des défis majeurs dans leur campagne de ces jeunes. «Certaines personnes considèrent qu’avec mon jeune âge, je ne peux pas les diriger. D’autres estiment que le poste de chef collinaire ou de quartier ne convient pas à un lauréat d’université. D’autres encore nous demandent de leur acheter de la bière pour qu’ils puissent voter pour nous».
Les élections pour les conseillers collinaires sont prévues pour le 24 août 2020.