Le manque de flexibilité de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pour les élections des conseillers communaux, qui contribue à l’absence de compétition électorale à ce niveau, ainsi que la question de l’affichage des listes des candidats avant les élections, ont été longuement débattus lors d’une rencontre entre la CENI et les partenaires électoraux, ce vendredi 17 janvier.
Objectif de la CENI : faire le point sur l’état d’avancement du processus électoral en vue des élections de 2025 et discuter avec ses partenaires électoraux des prochaines étapes. Plusieurs responsables des partis politiques et de la société civile conviés n’ont pas manqué de souligner des irrégularités dans le processus.
Pour les élections des conseils communaux, trois partis dominent le paysage politique : le parti au pouvoir, le CNDD-FDD, l’UPRONA et le CNL de Nestor Girukwishaka, tombeur d’Agathon Rwasa.
Ces formations politiques se distinguent parmi les 25 partis enregistrés, une seule coalition, 14 candidats indépendants et 17 associations issues de la communauté des Batwa.
Cependant, la domination du parti au pouvoir reste manifeste. Dans certaines communes, comme Gisuru, située dans la nouvelle province de Buhumuza, seul le ’’parti de l’Aigle’’ sera représenté.
Plusieurs représentants de partis politiques ont exprimé leur indignation face à cette situation. « Comment une liste entière peut-elle être rejetée parce qu’une seule personne sur 49 candidats n’est pas éligible ? », s’est indigné Olivier Nkurunziza, le président du parti de Rwagasore.
Il a déploré que plusieurs partis aient vu leurs chances s’envoler en raison des irrégularités constatées dans les listes. Ces irrégularités concernaient les candidats qui ne remplissaient pas les critères requis, que ce soit pour des questions d’âge ou d’origine ethnique.
« Il n’y a pas de compétition dans les élections communales à cause d’une seule personne qui affecte les autres candidats restants. Si vous retirez tous les candidats à cause d’une seule personne, vous tuez la démocratie… La CENI n’a pas voulu coopérer là-dessus. Il n’y a pas de compétition à ce niveau. Nous plaidons pour que vous reveniez sur votre décision afin de garantir la transparence des élections. Le développement commence au niveau des communes », a insisté le président du parti Uprona.
Le CNL, deuxième force politique du pays aux élections de 2020, a également émis des griefs. Léopold Hakizimana, député de ce parti, a expliqué que grâce à ces rejets de listes, le CNL s’est retrouvé désarmé et a été obligé de se retirer dans plusieurs communes :« Notre parti a été contraint d’abandonner nos candidatures dans 10 communes en suivant le nouveau découpage territorial. Si nous nous référons à l’ancien découpage, nous avons perdu au total 30 communes. Chère CENI, vous êtes un arbitre, laissez les joueurs jouer », s’est lamenté ce député.
Du côté du Conseil des patriotes (CDP), son président, Anicet Niyonkuru, a souligné le manque de flexibilité de la CENI : « Vous n’avez pas accordé le temps nécessaire pour corriger les irrégularités observées dans les dossiers présentés. Il y a un manque total de flexibilité », a-t-il fustigé.
En réponse à ces critiques, le président de la CENI, Prosper Ntahorwamiye, a déclaré qu’il faut plutôt chercher du côté de la lenteur dans le dépôt des dossiers des candidats : « Ce sont les partis politiques qui n’ont pas déposé leurs dossiers à temps. Vous n’avez pas respecté les 15 jours prévus. Les dossiers sont arrivés à la dernière minute ».
Quid de la sécurité et de la protection des candidats ?
Un autre débat a porté sur la sécurité des candidats et des mandataires inscrits sur les listes des partis politiques. Plusieurs représentants ont exprimé leurs préoccupations face aux actes d’intimidation subis pendant la période électorale.
Certains ont demandé que les listes des candidats ne soient pas publiées avant les élections. À l’issue des discussions, la CENI a décidé que les listes seront bientôt affichées.
« La justice et la police seront sollicitées pour arrêter toute personne responsable de semer la terreur. Il faut approcher la justice si les mandataires sont menacés », a répondu le président de la CENI.
Parmi les autres préoccupations soulevées figuraient la sensibilisation à l’éducation civique électorale afin de réduire les tensions. À cet égard, il a également été question de chansons des partis politiques, qui ont incité à la haine et ont semé la discorde lors des précédentes élections.
Par exemple, au CNDD-FDD, des chansons comme ’’Bashiririze’’, qui peut sous-entendre pour certains ’’brûler’’ ou ’’griller’’, ont été évoquées. Du côté du CNL, des termes tels que ’’abanyonyezi’’, désignant pilleurs des deniers publics, ont été utilisés.
Les acteurs pour les prochaines élections ont montré qu’il est essentiel d’éviter ce type de chansons ou de slogans en vérifiant leur contenu, leur portée avant leur diffusion.
Le président de la CENI a promis une large sensibilisation pour l’éducation civique électorale, appelant ainsi les politiciens à éduquer leurs partisans afin d’éviter la violence.
Un autre point soulevé concerne quelques cas d’arrestation arbitraire et de détention illégale. Sur cette inquiétude, certains membres de la société civile ont appelé la CENI à intervenir dans les cas d’injustices qui pourraient survenir pendant cette période électorale.
Les participants ont également abordé la question de la protection des biens de l’État pendant les élections, soulignant que certaines autorités utilisent les véhicules officiels pour des meetings politiques.
Ils ont aussi évoqué la gestion de la distribution équitable du carburant dans un contexte de pénurie, en particulier pour les acteurs en compétition.
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