Lors de la séance de moralisation qui s’est tenue à Cankuzo, chef-lieu de la nouvelle province de Buhumuza, le 19 septembre 2024, le président Ndayishimiye a décrit la situation actuelle au Burundi comme une période de « stabilité », soulignant une accalmie dans le pays alors que les élections ne sont prévues que dans cinq mois. Cependant, en dépit de cette perception de stabilité, certains politiciens interprètent cette période comme un signe de résignation face à l’intolérance politique persistante.
« Vous croyez qu’il reste combien de mois avant la tenue des élections ? Est-ce que vous ne voyez pas que les gens ne savent même pas qu’il y aura sous peu les élections ? Est-ce que cela n’est pas significatif ? En situation pareille, l’expérience nous a montré que les partis politiques seraient déjà surchauffés, en pleine campagne électorale. Mais pourquoi y a-t-il cette accalmie ? » s’est interrogé le chef de l’Etat.
Et de poursuivre que le fait qu’il y a accalmie alors qu’il ne reste que cinq mois avant la tenue des élections signifie beaucoup de choses dans la vie d’un pays. « Cela montre qu’il y a une certaine stabilité. C’est l’un des signes de développement. Cela veut dire qu’au lieu du désœuvrement, qui n’engendre que des fauteurs de troubles, chaque citoyen pense à son épanouissement ».
Selon le président Ndayishimiye, quand il y a déjà le recensement électoral, c’est que le processus est déjà entamé. Il demande ainsi à la Commission électorale nationale indépendante, Ceni, à ne pas jouer les trouble-fêtes. « Nous prodiguons toujours des conseils à la Ceni : il ne faudrait pas qu’elle vienne jouer les trouble-fêtes. Nous l’appelons à mener à bon port ce processus. Qu’elle fasse des consultations avec les partis en lice afin que les défauts ou les manquements présumés relevés soient vérifiés pour en établir la vérité ou écarter les fausses allégations. C’est ce qui fait que les élections se déroulent dans un climat apaisé ».
Après cette sortie du chef de l’Etat, quelques interrogations fusent de partout : « Qu’en est-il de la réalité de terrain ? Est-ce que l’espace politique est ouvert à tout le monde ? »
Des militants des partis arrêtés et « torturés »
En date du 15 septembre 2024, quatre militants du parti CDP, le Conseil des patriotes ont été arrêtés et conduits au cachot du Service national de renseignement, SNR, à Cibitoke. Ces militants racontent la situation qu’ils ont vécue au cachot du SNR. « On était dans un bar en train de partager un verre, un bar situé dans la province de Cibitoke, précisément sur la maison jaune. Tout à coup, le chef des Imbonerakure, un certain Elias est arrivé. Il s’est pointé devant nous et il a commencé à nous appeler. Tous ignorants, nous sommes restés tranquilles dans notre coin. Au bout d’un moment, le commissaire est venu. Il nous a interpellés sous les ordres du chef des Imbnerakure. Ils nous ont demandé ce qu’on faisait, et on a répondu que c’est un bar, qu’on est en train d’étancher la soif ».
Ces militants indiquent qu’ils étaient d’ailleurs avec d’autres personnes dans ce bar, mais que ce sont les quatre seulement qui ont été arrêtés. « On nous a accusés de tenir une réunion illégale visant à perturber l’ordre public. On leur a demandé qui était en train d’animer cette réunion, mais ils n’ont pas voulu nous écouter. Ils nous ont conduits immédiatement au cachot du SNR à Cibitoke ».
Arrivés là-bas, poursuivent-ils, ils ont commencé à nous tabasser, à nous torturer pour « avouer que nous étions dans une réunion ». Et de raconter combien cette nuit a été horrible pour eux. « Quand le chef est parti, on est resté avec sa garde. Cette dernière nous a dit que leur chef a ordonné qu’on doit transpirer. Ils ont alors commencé à nous tabasser à l’aide de barres de fer jusqu’à 1 heure du matin. Le matin, ils ont arrêté de nous torturer, peut-être qu’ils ont été alertés ».
Ces militants du CDP font savoir que c’est grâce à l’intervention du gouverneur de la province Cibitoke qu’ils ont été relâchés. « Arrivés devant lui, il a commencé lui aussi à nous incriminer d’avoir tenu une réunion illégale ». Ils s’indignent contre ces actes de torture. « Même si c’était une réunion d’un parti, il y avait d’autres mesures à prendre que d’aller nous torturer au SNR. Ce qui s’est passé est vraiment illégal ».
Des drapeaux du Frodebu volés à Mabayi
« Ce sont trois drapeaux volés dans trois localités de la Zone Buhoro, en commune Mabayi dans la province de Cibitoke. Les drapeaux volés se trouvaient aux centres Muhingo, Ruyanzari et Rumvya. C’était dans la nuit du 27 au 28 septembre 2024 », raconte Cyriaque Niyizobimenya, représentant du Frodebu à Mabayi.
Il indique que les auteurs de ce vol des drapeaux ne sont pas encore identifiés, mais qu’il a déjà soumis la question au niveau de l’administration. « Elle nous a promis d’organiser, incessamment, une réunion des représentants des partis pour nous prodiguer des conseils quant au comportement à adopter en cette période préélectorale », éclaire-t-il.
Phenias Nigaba, vice-président du parti Sahwanya Frodebu rappelle que son parti est légalement reconnu au Burundi. À ce titre, le Frodebu a le droit d’implanter n’importe où ses drapeaux.
En cette période préélectorale, M.Nigaba appelle au respect mutuel entre les partis politiques, surtout à respecter les insignes d’un autre parti. Et si de tels actes se manifestent, le vice-président du parti Frodebu demande à ce qu’il y ait des enquêtes neutres visant à identifier les auteurs de ce genre de forfait.
Sur son compte X (twiter), Patrick Nkurunziza, président du parti Sahwanya Frodebu dénonce l’intolérance politique dirigée contre son parti. Il dit avoir reçu des informations que ce sont des Imbonerakure, jeunes du parti au pouvoir, qui seraient les auteurs de ce vol. Ce dernier signale d’ailleurs que suite à sa réaction sur la nouvelle hausse du prix du sucre, il a été retiré du groupe de ses collègues de travail. « On m’a chassé du groupe WhatsApp. On s’attend à la suite… ».
Le gouverneur de Cibitoke s’explique
« Ils étaient dans une réunion à plus de quinze personnes. Mais, ce sont les quatre qui ont été arrêtés, les autres ont échappé aux forces de l’ordre. Vous vous rendez compte qu’en fuyant, ils s’accusaient », explique Carême Bizoza à propos du cas des militants du CDP.
Il réfute que ces membres du CDP aient été battus, encore moins torturés. « J’ai pu m’entretenir avec eux. Ils ne m’ont pas dit qu’ils ont été tabassés, encore moins torturés. Par ailleurs, aucun représentant du CDP ne m’a appelé pour m’alerter sur cette soi-disant torture ».
Le gouverneur de la province Cibitoke fait savoir que la vigilance est très renforcée dans sa circonscription étant donné que cette dernière est frontalière avec la RDC et le Rwanda avec lequel les relations sont brouillées.
« Aucun parti politique ne doit être empêché de tenir une réunion. Néanmoins, il est impératif qu’il informe préalablement l’administration en précisant le lieu de cette réunion. Par conséquent, lorsque des rassemblements ont lieu, l’administration est en droit de s’assurer du respect des procédures légales. Nous ne tolérons pas les réunions qui se tiennent en violation des règles établies. »
À propos du vol des drapeaux du parti Frodebu à Mabayi, Carême Bizoza tranche : « Les gens doivent garder à l’esprit que nous approchons de la période électorale. Sans attraper une personne en flagrant délit de vol des drapeaux, il est difficile de blâmer une personne en particulier. Le gouverneur de Cibitoke persiste et signe : « personne ne peut voler le drapeau d’un parti politique sous prétexte qu’il a été dépêché par un autre parti. D’ailleurs, vu que nous sommes déjà dans un processus électoral, est-ce que quelqu’un ne peut pas cacher le drapeau de son propre parti pour ensuite accuser les membres des autres partis politiques de l’avoir volé ? Comme il y a plusieurs partis politiques à Cibitoke, comment identifier celui qui a volé le drapeau d’un autre parti ? ».
Carême Bizoza minimise ce cas qui, pour lui, ne peut pas entraîner des échauffourées entre les membres des partis politiques. « Jusqu’à maintenant, il n’y a pas encore eu d’échauffourées entre les membres des partis politiques ».
Toutefois, M. Bizoza souligne qu’appartenir à tel ou tel parti politique ne constitue pas un crime. Il rappelle que chaque individu a le droit de s’affilier à la formation politique de son choix. C’est pourquoi, selon lui, les membres des partis politiques ne devraient pas se considérer comme des ennemis. « Lorsque le drapeau d’un parti est volé, il est important d’en informer l’administration, qui pourra aider à le retrouver ou en obtenir un autre », conclut-il.
Contacté, Elias Bigirimana, représentant des Imbonerakure dans la nouvelle Commune de Cibitoke n’a pas voulu s’exprimer.
Des réunions des partis interdites ou perturbées
Le dernier cas en date est celui survenu le samedi 28 septembre 2024 à Vugizo dans la province de Makamba. Le parti CDP, qui a vu la tenue de sa réunion empêchée, dénonce une intolérance politique qu’il est en train de subir dans cette localité depuis un certain temps.
« Alors que le représentant du parti CDP en commune Vugizo avait déposé à temps une lettre d’information de tenue de réunion à Vugizo, l’administrateur communal, Diomède Dusengimana a refusé sa tenue et a demandé de déposer d’abord tous les noms des membres des comités collinaires. Notre représentant communal s’est exécuté et déposé tous les noms », raconte Anicet Niyonkuru, président du Conseil des patriotes.
Il indique que ce jour-là, c’était comme un jeu de cache-cache. Après, relate toujours M. Niyonkuru, l’administrateur a trouvé un autre prétexte : « envoie-moi les numéros de téléphone de toutes ces personnes ».
À ce moment, poursuit-il, des questionnements nous ont taraudés : « d’abord tous les Burundais ne possèdent pas de téléphone, ensuite, qu’est-ce que l’administrateur veut faire avec les contacts de nos membres ? Veut-il les intimider ? »
Le parti CDP signale qu’après avoir contacté l’administrateur de Vugizo par son porte-parole, ce premier a réagi qu’il faut, ipso facto, remplacer le représentant communal du CDP par quelqu’un d’autre « qui fait ce qu’il veut ». Et ainsi d’ajouter : « La réunion est refusée. Il n’y aura plus de réunion du parti CDP à Vugizo ».
Anicet Niyonkuru rappelle que ça fait la troisième fois que cet administrateur perturbe les activités de ce parti en commune Vugizo. « Au mois de juin dernier, les drapeaux du CDP ont été arrachés et déchirés, les réunions perturbées ».
Le Parti CDP demande au ministère ayant la gestion des partis politiques dans ses attributions d’instruire ces administratifs locaux « ignorants et nocifs à la démocratie ».
Interview avec Anicet Niyonkuru : « Actuellement au Burundi, c’est le grogner, mais marcher qui fonctionne »
Perturbations ou interdictions de tenir des réunions, arrestations de vos militants…comment interprétez-vous ces récurrentes « menaces » envers votre parti ?
Les menaces récurrentes à l’égard de notre parti sont perçues comme une tentative délibérée d’entraver la progression des autres formations politiques et de limiter leur présence sur le terrain.
Le parti au pouvoir semble se comporter comme un parti unique de facto, cherchant à empêcher l’émergence de toute opposition. Cette attitude traduit une volonté manifeste de maintenir un statu quo politique, au détriment du changement nécessaire pour que le pays retrouve son identité et sa stabilité socio-économique. Je dirais donc que mon parti, le CDP, incarne cet élan d’émergence.
Comment ?
Bien que relativement méconnu du grand public en raison de l’absence prolongée à l’étranger de ses dirigeants, le parti CDP s’efforce désormais de se faire connaître, en promouvant son idéologie, son projet de société et ses programmes politiques, en vue des élections de 2025 et 2027. Son émergence est également notable dans sa capacité à mobiliser les masses, en misant sur l’explication de ses programmes politiques à la population.
Concrètement, cette émergence se manifeste par un nombre croissant de personnes qui, autrefois peu familières avec le parti et ses idées, commencent à lui témoigner leur adhésion.
Que pouvez-vous nous dire à propos de vos militants arrêtés à Cibitoke le 15 septembre 2024 ?
En effet, quatre de nos militants, dont le représentant du CDP dans la nouvelle province de Bujumbura, ont été arrêtés.
Ils ont été accusés d’avoir organisé une réunion perturbant l’ordre public, alors qu’en réalité, ils se trouvaient simplement dans un bar en compagnie d’amis, discutant autour d’un verre. Les forces de l’ordre ont ciblé uniquement ces quatre individus parmi tous les clients présents dans l’établissement.
Ils ont ensuite été emmenés au poste du Service national de renseignement à Cibitoke, où ils ont subi des violences horribles : ils ont été battus avec des barres de fer sur les jambes et les fesses durant toute la nuit.
Je suis perplexe face à la raison de ces actes de torture envers de simples citoyens en pleine conversation. Même en supposant qu’ils aient effectivement tenu une réunion, cela justifie-t-il de tels traitements inhumains ? Est-ce que cette punition est proportionnée à l’accusation ? Est-il vraiment nécessaire d’obtenir une autorisation pour être quatre personnes discutant d’un sujet précis ?
Justement, l’opinion ne comprend pas pourquoi un parti de la mouvance présidentielle est aussi victime de « l’intolérance politique ».
Moi aussi je ne comprends pas. Parce qu’en 2020, le parti CDP a cédé ses voix à l’actuel président. Mais, très récemment, il y a cinq ou six mois, le parti CDP a pris une position disant que quand le président a été élu, c’est-à-dire au début de sa législature, les discours qu’ils prononçait étaient rassurants.
Mais, au fil du temps, ses discours ne concordaient pas avec les actions. Cela veut dire qu’il y a un écart entre ce qui est dit et ce qui se fait.
Je dirais également que maintenant tout est au rouge : que ça soit dans les secteurs agricoles et élevages, dans le secteur de l’énergie. Seulement l’essence est disponible et là les bus ne circulent pas parce qu’il n’y a pas de mazout.
Cela n’a pas donc plu au parti CDP qui a fait ses déclarations annonçant qu’il va désormais agir de manière indépendante. Nous sommes donc prêts à participer aux prochaines élections comme un parti indépendant sans nous coller à qui ce soit. Sans être trop indiscret, il y a des partis politiques qui sont considérés comme les amis du parti au pouvoir. Mais, le parti CDP n’est plus dedans.
Mais le mot « indépendant » porte à confusion. Concrètement ?
Nous sommes un parti socio-libéral si on utilise la terminologie occidentale. Vous savez, j’ai évolué à l’étranger où on ne parle pas d’opposition ou de parti au pouvoir. Parce que deux partis peuvent ne pas émettre sur les mêmes longueurs d’onde et être au pouvoir.
À ceux qui sont habitués aux terminologies opposition/parti au pouvoir, il faut leur dire que le CDP est un parti de l’opposition par rapport à ce qui se fait.
Pensez-vous que ces « menaces » envers le CDP sont la conséquence de cette nouvelle position ?
Dès que nous avons pris cette décision, voilà que les conséquences sont là. Mais nous avons choisi de faire la politique, nous ne pouvons plus reculer.
Quelles sont vos appréhensions par rapport aux objections du président à Buhumuza ?
En tant que dirigeant, c’est cela qu’on devrait dire parce qu’il y a un peuple qui souffre, mais, il n’y a pas de marches et manifestations.
C’est une résignation pure et simple. Ce n’est pas parce que ce peuple est content. Mais, c’est parce 2015 a montré qu’il peut y avoir l’usage de la force par le pouvoir avec de pertes en vies humaines.
Alors, revenir dans la rue pour perdre sa vie ou être emprisonné pendant longtemps, c’est mieux de rester à la maison et grogner dans son cœur. Le général de Gaulle prenait des décisions hostiles à ces troupes et il savait qu’ils ne sont pas contents, mais il leur disait : grogner, mais marcher. Maintenant au Burundi, c’est le « grogner, mais marcher » qui marche.
Quid des conséquences de ce « silence de cimetière » ?
Ce silence a de graves problèmes. Nous sommes à l’approche des élections, quand vous allez à l’intérieur du pays, certains disent qu’ils ne vont plus aller voter. Ils pensent que le CNDD-FDD, c’est l’unique parti qui va se faire élire.
En guise d’exemple, dans une zone de chez moi à Rutana, les citoyens ont appelé l’administrateur pour lui dire que « pour avoir nous empêché de continuer à cultiver dans les marais ; pour avoir dénigré la valeur d’un peuple qui vote, nous n’allons plus aller aux élections. Il faut oublier ça ». Ça, c’est l’expression d’un peuple mécontent. Et s’il n’y aura pas de tricheries, les retombés de ce silence vont se manifester aux urnes.
Etes-vous rassurés ?
Est-ce qu’on peut avoir de l’espoir en Afrique ? Les tricheries doivent y en avoir. Mais nous en tant que le parti CDP, nous allons essayer de les minimiser. C’est tout. Sinon il n’y a pas d’élections en Afrique sans tricheries. La carte d’identité biométrique qu’on nous avait promise, elle est où ? C’est l’un des indicateurs.
Que dire du rapport du Rapporteur spécial des droits humains au Burundi présenté à Genève le 23 septembre 2024, mais rejeté par Gitega ?
Ce que dit ce rapport est vrai. Qu’est-ce que vous voulez qu’on dise encore ? Il dit ce qui se passe. Le processus de mise en place du Code électoral, on n’y a pas participé.
On nous a mis devant un fait accompli. On peut parler également de la mise en place de la Commission électorale nationale indépendantes et de ses démembrements. Que le parti au pouvoir soit majoritaire, avoir presque tous les membres dans ces organes est une manifestation de l’exclusion.
Bien sûr que quand tu es au pouvoir tu ne peux l’accepter, d’autant plus que ce rapport a sa valeur auprès des Nations Unis, mais ce que dit le Rapporteur spécial est vrai. Ça serait plutôt mieux de corriger.
Vous êtes ancien secrétaire exécutif du Cenared. Consécutivement à ce qui se passe à votre formation politique, certains observateurs estiment que vous seriez devenu aujourd’hui « le dindon de la farce ». Qu’en pensez-vous ?
Je suis toujours cohérent par rapport à moi-même. Quand j’étais au Cenared, la position que j’avais vis-à-vis du pouvoir restera la même.
Etes-vous vraiment sûr ?
Vous savez, lorsque je suis retourné au Burundi, je suis venu au nom de cette plateforme, le Cenared, en vue de négocier le retour des politiciens en exil. Malheureusement, beaucoup ne m’ont pas cru, les frondeurs par exemple. Certains n’ont pas voulu retourner. Mais, ceux qui sont rentrés, quelques années plus tard, ont été accueilli comme moi.
Cela est une bonne chose pour ces derniers, pour moi-même et pour le parti CDP. Puisque j’estime qu’un parti qui ne participe pas aux élections ne vaut pas la peine d’exister. Il doit animer l’espace public, faire connaître ses idées auprès de la population.
Que ça soit ici au Burundi ou lorsque j’étais à l’étranger, je suis resté cohérent. Mais, les gens interprètent en leur guise le fait d’avoir donné nos voix au président actuel. Nous avons fait notre choix. Et maintenant nous avons un autre choix dans la même cohérence politique. Je n’ai jamais changé de discours au niveau de l’idéologie, au niveau du projet de société, depuis que le parti CDP est né. Seulement il y a des positions momentanées et qui disparaissent avec le temps.
Revenons sur l’objectif initialement annoncé de votre retour au pays. Ces négociations se poursuivent-elles ? Où en sont-elles actuellement ?
Je suis rentré au Burundi en octobre 2019. Entre 2018 et 2019, des négociations ont effectivement eu lieu. Pendant cette période, j’ai effectué deux visites au Burundi sous le mandat du Cenared, à l’invitation de l’actuel président de la République, qui était à l’époque secrétaire général du CNDD-FDD. Il m’a assuré de ma sécurité.
Lorsque le CDP a décidé de lui apporter son soutien, c’était en signe de reconnaissance pour cet accueil. Depuis mon retour, en 2019, au nom du CDP et après avoir quitté le Cenared, il n’y a donc plus eu de négociations.
Récemment, vous vous êtes rendu en Tanzanie accompagné de certains responsables politiques burundais. Quel était l’objectif de ce déplacement ?
Effectivement, le mois dernier, nous avons été invités en Tanzanie pour une rencontre qui rassemblait des personnalités politiques burundaises à vocation internationale ainsi que des représentants de partis politiques provenant de sept pays africains, dont la Tanzanie, l’Ouganda, la Zambie et le Mozambique.
Cette rencontre avait pour but de discuter de l’évolution de plusieurs démocraties africaines, en abordant des sujets tels que les modifications constitutionnelles, l’instabilité étatique et institutionnelle, entre autres.
Moi perso, les élections au Burundi, ça m’en touche une sans faire bouger l’autre ( dixit Chirac)