Le projet de révision de la Constitution soumis au référendum de mai 2018 redéfinit un indépendant lors d’un processus électoral. La coalition Amizero y’Abarundi dénonce une stratégie visant leur exclusion.
« Est considéré comme indépendant, le candidat qui ne se réclame d’aucun parti politique depuis au moins une année et affirme son indépendance par rapport aux clivages politiques habituels en proposant un projet de société personnel », stipule l’article 99, §2 de ce projet de révision.
Sa campagne d’explication a été déjà lancée par le président de la République, à Bugendana, province Gitega, il y a plus de deux semaines.
Dans ce même article, §3, il est précisé qu’ « un membre d’un organe dirigeant d’un parti politique ne peut se porter candidat à une élection au titre indépendant qu’après l’expiration d’un délai de deux ans depuis son éviction ou sa démission de son parti d’origine. »
Or, la Constitution actuelle définit un indépendant comme « toute personne qui, lors de la présentation des listes, ne figure sur aucune liste d’un parti. »
Réactions
« Vers une compétition sans compétiteurs »
« L’article 99 du projet de révision de la Constitution ne cache pas les visées du parti au pouvoir d’organiser des élections sans compétiteurs », réagit Tatien Sibomana, de la coalition Amizero y’Abarundi.
Par ailleurs, il rappelle que le dialogue n’est pas encore conclu. M.Sibomana trouve que la hantise actuelle du pouvoir est relative aux indépendants. « Ils veulent s’assurer qu’en 2020, aucun indépendant ne sera éligible. »
Malgré la division de leurs partis en plusieurs ailes, il signale qu’en 2015, ils avaient pu contourner cet obstacle. « Nous avons été obligés de nous présenter au titre d’indépendants. Même en 2020, si le dialogue ne tranche pas sur cette question, on allait rééditer cela.»
Et de trancher que cette révision constitutionnelle vient permettre au seul parti au pouvoir de participer dans une compétition sans compétiteurs.
« Un recul de la démocratie »
Agathon Rwasa, président de la Coalition Amizero y’Abarundi dit que cette révision ne vise pas seulement les indépendants. « C’est toute voix discordante, toute opposition à l’idée du parti au pouvoir qui est dans sa ligne de mire. »
Le 1er vice-président de l’Assemblée Nationale recommande aux membres du parti présidentiel, aux autres Burundais, qu’avant de dire un mot sur ce projet de révision, de penser à l’intérêt supérieur du pays. « C’est un projet de révision qui constitue un recul de la démocratie, accentue l’exclusion de toute idée divergente.»
« A lutta continua »
Malgré cet article ‘’exclusif’’, la Coalition Amizero y’Abarundi ne se décourage pas. « La lutta continua politiquement. Parce que le dialogue n’a pas encore été conclu », confie M. Sibomana.
Le politicien trouve que les hommes et femmes de droit ou de lois devraient être conséquents. « Nous nous sommes présentés en 2015 comme la coalition des indépendants Amizero y’Abarundi. Supposons que la situation reste à l’état, et qu’on se repositionne en 2020 comme indépendants. Quelle est cette personnalité juridique ou politique qui va nous opposer l’appartenance à un quelconque parti politique ? »
Le gouvernement tranquillise
« A la veille des élections, il apparaît toujours des jeux d’intérêts qui divisent certains partis politiques. Chacun voulant occuper une position utile sur la liste », analyse Térence Ntahiraja, assistant et porte-parole du ministère de l’Intérieur et de la formation patriotique.
Avec l’article 99 de ce projet de révision de la Constitution, il assure que le législateur a voulu éclaircir le statut des indépendants. « Et de surcroît, renforcer le fonctionnement des partis politiques et mettre fin aux jeux d’intérêts et pratiques mesquines ».
Il donne l’exemple des partis Cndd-Fdd, Fnl, Frodebu et Uprona. « Ils ont été touchés dans le passé par ces jeux d’intérêts. » Il évoque également le problème qui est survenu au lendemain des élections de 2015 lors de la formation du gouvernement. « La loi était muette sur la coalition des indépendants. Et le président de la République a dû saisir la Cour constitutionnelle pour interprétation ».
Pour lui, le législateur a voulu éviter à l’avenir un vide juridique.
Par ailleurs, il précise que la disposition va inspirer le législateur pour réviser le code électoral et la loi sur le fonctionnement des partis politiques.
M. Ntahiraja encourage d’ailleurs les partis politiques à faire des coalitions à la veille des élections. Et de rassurer : «Les gens qui pensent que la disposition vise tel ou tel parti politique, c’est une pensée erronée. C’est dans le but de mettre fin au flou juridique qui entoure le statut des indépendants. »
Jeu de mots chers amis ! Si vous voulez une démocratie à la burundaise taillée sur mesure allons -y. Dans ce cas, nous ne sommes pas dans une démocratie de valeurs universelles mais de valeurs personnelles.
À bon entendeur!… Si le référendum sur la constitution est votée et promulgué, cela veut dire que les Rwasa et Amizero y’abarundi, qui n’ont pas de parti(s) reconnu(s), n’auront pas le droit de se présenter s’ils ne créent pas un parti politique.
Puisqu’ils sont de toute façon coalisés, qu’ils créent leur parti ou leurs partis pour pouvoir se coaliser pendant les élections. Et puis, il faut voir le bon côté de cette disposition. Aucun membre d’un parti, aussi influant qu’il soit, ne pourra plus jouer aux capricieux en se retirant de son parti et créer son aile pour pouvoir participer aux élections.
Avant les élections de 2020 il ne rester qu’à peu près 29 mois. Ce qui veut dire que toute personne qui veut ou qui sent qu’il devrait se présenter aux élections comme indépendant, n’a que moins de 5 mois (29 mois – 24 mois) pour déguerpir du parti qu’il veut quitter. Faut être prévoyant. 🙂
@gacece
On est prévoyant ne vous en faites pas , mais tirez vos plans , nous tirerons les notres
@kabingo dora
Alors « agatíma ari ko ». Bonne chance!
la coalition des indépendants sera rejetté dans la nouvelle constitution ? c’est du polemique car être un politicier sans parti quand vous êtes au nombre de 2 au plus ils ont droit de designer qui peut les representer impossible que c’est lui seul à faire meeting oubien qu’on interdise tout indépendant aulieu de la coalition.
Il ne faudrait pas parler de textes de loi au Burund. Il n’y a pas de loi et on va tout droit aux desodres et desobeissance. Umwera uva I bwami ugakwira igihugu cose.
Qand on est indépendant, on se présente seul aux élections. C’est seulement après avoir gagné que l’indépendant (ayant perdu) peut suggérer (inviter), à ceux qui ont voté pour lui, de soutenir un autre candidat à un hypothétique second tour.
Sinon, l’indépendant-coalisé ne peut prétendre à de l’indépendance que dans ses desideratas ou dans le seul but de susciter et de provoquer des tensions et des crises.
@gacece
Toujours une compréhension de la réalité du terrain . « Indépendant » veut dire « sans être lié à un parti politique ayant une existence juridique » . Ca ne veut nullement dire « seul »
@kabingo dora
Donc selon vous, plusieurs individus, sans formation ni entité politiques peuvent se mettre ensemble et s’appeler une coalition d’indépendants? Je crois que vous avez une compréhension tronquée du mot « indépendant » ou que vous faites exprès de l’interpréter de la sorte.
Un indépendant doit d’abord être un individu qui se porte candidat « seul », mais cela ne veut nullement dire qu’il est seul puisqu’il compte sur des électeurs qui vont voter pour lui. Mais à partir du moment où il s’agit de « plus d’un candidat» qui se mettent ensemble, on ne peut plus les appeler des indépendants. L’un dépend de l’autre.
@ Gacece
Je pense qu’il faudrait cesser de prendre des gens pour des ignorants. On peut bien discuter comme des intellectuels. C’est archifaux ce que vous dites , il ne faut pas tenter de brouiller les pistes en ajoutant dans le débat le terme « électeur » . On parle ici de candidat aux élections présidentielles et législatives . Les électeurs appartiennent à tous par définition. Pour une élection présidentielle il est évident qu’on est seul , ca ne pourrait en être autrement .Ceci n’exclut pas la mise en place des synergies avec quelques soutiens en vue de gagner la confiance des électeurs – j’ai évité de parler coalitions- Ainsi plusieurs candidats indépendants peuvent décider de travailler ensemble les élections présidentielles et surtout après . Lorsqu’on passe aux élections législatives on ne parle plus d’un seul candidat mais d’une liste de candidats derrière un groupe de personnes . Plusieurs candidats indépendants peuvent ainsi confectionner des listes communes ou pas en leur donnant un nom ou continuer à travailler sous leur propre labels politiques. Ils restent des indépendants
@kabingo dora
À votre avis, où est la notion d’indépendance dans ce cas? Je ne prends personne pour ignorant. Il est paradoxal de se prétendre indépendant d’un programme politique qu’on partage avec d’autres candidats. Si vous le dites comme tel, une fois élus, les indépendats vont donc se séparer et appliquer leurs programmes respectifs chacun de son côté? Sans aucune logique!